5 mars 2020 - 15:06
La densification inquiète des résidents de Bois-Joli
La densification inquiète des résidents de Bois-Joli
Par: Rémi Léonard
Une partie du terrain appartenant au Groupe Robin le long de l’avenue des Grandes-Orgues, l’un des derniers espaces vacants destinés à la construction résidentielle à Saint-Hyacinthe. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Une partie du terrain appartenant au Groupe Robin le long de l’avenue des Grandes-Orgues, l’un des derniers espaces vacants destinés à la construction résidentielle à Saint-Hyacinthe. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Après des mois de pourparlers entre la Ville de Saint-Hyacinthe et le Groupe Robin, le développement du Quartier M, près de l’avenue des Grandes-Orgues, avait finalement obtenu l’aval du conseil en février.

À la séance du conseil du 2 mars, les élus ont cependant décidé de reporter l’adoption des changements de zonage dans ce secteur après que des résidents soient venus exprimer leur inquiétude sur le projet. La première phase prévoit la construction de deux immeubles de quatre étages faisant 51 logements, en plus d’un autre plus petit de douze logements, le long de l’avenue des Grandes-Orgues, près de l’intersection avec la rue Girouard Est.

Deux citoyens ont pris la parole lors de l’assemblée publique portant sur le projet de règlement devant permettre la construction de ces immeubles. Ils ont évoqué plusieurs préoccupations devant le développement immobilier projeté, que ce soit par rapport à la circulation automobile, à la capacité du réseau d’égout, à l’impact sur la valeur des résidences ou aux dérangements que causeront les travaux. Au fond, c’est vraisemblablement l’envergure des constructions qui semble déranger. « On savait que ça allait arriver depuis un certain temps [le développement], mais on s’attendait à des constructions de duplex. […] On trouve que ça fait beaucoup de logements et ça risque de nuire à l’uniformité du quartier », a illustré une résidente de l’avenue des Grandes-Orgues. Un autre a suggéré l’idée d’une zone tampon où les immeubles seraient moins massifs avant d’arriver à ceux proposés.

Un conseil à l’écoute

Après quelques mots pour les rassurer, le maire Claude Corbeil a annoncé que le conseil avait déjà convenu en plénière, quelques instants plus tôt, de retirer ce point de l’ordre du jour le temps qu’une rencontre d’information sur le projet soit organisée conjointement avec le Groupe Robin. La date de cette rencontre citoyenne n’est pas encore fixée.

Après la séance, le maire Corbeil a expliqué au COURRIER le raisonnement qui a mené à ce report. « Je crois que les gens ont besoin d’en entendre plus sur ce projet. […] Plutôt que de frapper un nœud, il faut prendre le temps de se parler », a-t-il affirmé. Questionné à savoir pourquoi l’attitude du conseil s’est avérée passablement différente de celle adoptée il y a un an dans le dossier de la zone riveraine, au centre-ville, le maire a simplement répondu « qu’on a cheminé depuis ».

La conseillère du district Bois-Joli, Claire Gagné, a déclaré en début de séance qu’elle fera preuve de « toute la vigilance nécessaire pour que cette densification se fasse de façon respectueuse des résidents du quartier ». Densifier est en effet devenu un modèle de développement incontournable pour augmenter l’offre de logements disponibles tout en préservant les terres agricoles qui ceinturent Saint-Hyacinthe, a-t-elle exprimé. Ce point de vue s’inscrit aussi dans la logique du schéma d’aménagement en vigueur à la MRC des Maskoutains, a-t-elle ajouté.

Dans sa réponse aux résidents inquiets, le technicien en aménagement du territoire au service de l’urbanisme de la Ville, Danny Gignac, a également plaidé en ce sens, prévenant que le temps de l’étalement urbain est bel et bien révolu. Ainsi, il n’est plus question de « développer comme on avait l’habitude de le faire », c’est-à-dire en faible densité, dans le cas de ce nouveau développement. Avec le Quartier M, on est plutôt devant un projet qui « sort des sentiers battus », a-t-il fait valoir. Construire en hauteur et intégrer du stationnement souterrain pourra permettre de « libérer au sol des espaces gazonnés, des espaces communs, des liens de transports actifs », a-t-il donné en exemple.

Dans la même veine, Mme Gagné a parlé du projet du Groupe Robin comme un « quartier novateur, axé sur le développement durable et la mobilité active ». Loin d’une « nuisance » pour les résidents, un tel projet pourra même contribuer « à l’augmentation de leur qualité de vie », a-t-elle prédit.

En attendant la présentation

À terme, le Groupe Robin prévoit le développement de tout un quartier, qui se voudra « écoresponsable », dans ce secteur non loin de la sortie 133 (Girouard) de l’autoroute 20. Pour l’instant, on sait que ce projet comporterait une partie commerciale le long du boulevard Casavant Est et que la portion plus au sud serait dédiée à des immeubles résidentiels. Contacté par LE COURRIER, le Groupe Robin a dit plancher sur ce projet pour l’année 2020, mais ne souhaitait pas dévoiler ses plans pour le moment. Une conférence publique sur ce projet est cependant prévue le 22 mars au centre de congrès dans le cadre des portes ouvertes dans le secteur de l’immobilier organisées par la Ville de Saint-Hyacinthe.

Rappelons que le zonage dans le secteur était « gelé » depuis l’adoption d’un règlement municipal en février 2019. La Ville voulait alors prendre un temps d’arrêt pour convenir de la vision et des grandes lignes de ce projet immobilier, ce qui a visiblement porté fruit. Un an plus tard, le conseil a effectivement approuvé divers plans en lien avec le Quartier M, en plus d’amorcer les changements de zonage nécessaires et même d’annoncer la modification du plan d’urbanisme de la Ville pour confirmer l’affectation « forte densité » à cet endroit. À nouveau, une pause vient toutefois de s’imposer dans le dossier.

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