11 septembre 2014 - 00:00
La fin d’une amanchure
Par: Martin Bourassa

Elle ne pouvait rester.

Je parle bien entendu de Nathalie Laberge, fidèle employée de longue date du CLD Les Maskoutains et de la Cité de la biotechnologie.

D’abord une parenthèse. Je ne connais personne qui n’aime pas Nathalie Laberge. Et j’en connais du monde. C’est une personne agréable à côtoyer, intelligente, articulée, sympathique et empathique, avec de belles qualités humaines.

Sur le plan professionnel, elle a toujours dégagé l’assurance tranquille d’une travailleuse acharnée et dévouée, dans l’ombre d’un patron et conjoint qui prenait beaucoup de place et faisait de bons shows de boucane, en l’occurrence Mario De Tilly. Ensemble, ils ont formé un redoutable duo pour donner des ailes à la Technopole, la mettre sur la carte et faire prospérer la région de Saint-Hyacinthe durant 20 ans.

Mais ils ont aussi construit de toutes pièces une amanchure naviguant entre deux entités fondamentalement disparates, l’une étant du domaine public (le CLD) et l’autre du privé (la Cité) avec chacune leur propre mission et leur CA.

Ces deux conseils ont longtemps été dirigés par l’ex-maire Claude Bernier, lui qui donnait l’impression d’être plus préoccupé par les résultats que par le pourquoi, le comment, la reddition de comptes et la bonne gouvernance. Cet aveuglement volontaire a aussi semblé être la marque de commerce de certains administrateurs du CLD, sans doute trop heureux de faire partie de la cour du charismatique Mario de Tilly.

Quand des questions pointues ont commencé à surgir sur le fonctionnement de la technopole et sur sa gouvernance, de nombreuses failles sont rapidement apparues.

Et c’est en bonne partie des années et des années de laisser-faire et de laisser-aller qui ont fini par entraîner le départ de M. de Tilly et de Mme Laberge.

Tout comme l’incapacité de conseils d’administration à remettre de l’ordre et de la bonne gouvernance dans la cabane depuis 18 mois. Soit par méconnaissance de leur rôle fondamental en tant qu’administrateur, soit par manque d’information ou tout simplement par complaisance ou par copinage. Difficile de les blâmer, car même les grands experts de Raymond Chabot Grant Thornton ont été incapables de démêler les ficelles et de bien comprendre les subtilités du CLD et de ses corporations apparentées.

Tout comme l’incapacité de conseils d’administration à remettre de l’ordre et de la bonne gouvernance dans la cabane depuis 18 mois. Soit par méconnaissance de leur rôle fondamental en tant qu’administrateur, soit par manque d’information ou tout simplement par complaisance ou par copinage. Difficile de les blâmer, car même les grands experts de Raymond Chabot Grant Thornton ont été incapables de démêler les ficelles et de bien comprendre les subtilités du CLD et de ses corporations apparentées.

Fin de la trop longue parenthèse. Ainsi donc Mme Laberge quitte à son tour les deux organisations dont elle assurait l’intérim depuis le printemps. Elle est partie en coup de vent au détour de l’été, sans même mériter la diffusion d’un communiqué officiel. Pathétique. Mais pour un paquet de bonnes raisons, Mme Laberge a fait le bon choix.

En restant en poste, elle aurait été en concurrence directe avec son conjoint et ancien patron, lui qui dirige maintenant les destinées de Développement économique Longueuil, voisin de la Technopole maskoutaine. Les succès de l’un auraient été les échecs de l’autre. En restant à ces postes stratégiques, Mme Laberge aurait aussi eu constamment à gérer l’héritage de son conjoint, à soutenir les comparaisons et surtout à expliquer certaines décisions prises par l’ancienne direction.

Contrairement à celui ou celle qui lui succédera, elle n’aurait pu plaider l’ignorance.

À la fin septembre, le CLD et LE COURRIER ont d’ailleurs rendez-vous devant la commission d’accès à l’information pour débattre des comptes de dépenses, des relevés de cartes de crédit et des contrats de travail de M. de Tilly et de Mme Laberge.

Pas certain qu’elle piaffait d’impatience à l’idée d’expliquer pourquoi des dizaines et des dizaines de transactions ont été caviardées des relevés de cartes de crédit des employés du CLD ces dernières années. En passant, le CLD doit-il encore engager des dépenses folles en frais juridiques pour empêcher la diffusion de dépenses et d’informations publiques? Pour protéger qui ou quoi maintenant?

Le successeur de Mme Laberge aura pour sa part tout un défi sur les bras. Il lui faudra comprendre une réalité qui échappe à plusieurs, soit le fonctionnement du CLD et de ses corporations apparentées, puis faire un bon ménage.

Dans un monde idéal, il devra essayer de changer la culture profonde du CLD. Cette culture du silence, de la complaisance malsaine et de la non-transparence.

Je doute fort qu’on ose lui donner ce mandat. Quand on a été habitués pendant des années aux gros shows de boucane comme l’ont été les administrateurs du CLD Les Maskoutains, on en vient à apprécier la brume et l’obscurité.

image