20 juin 2013 - 00:00
Finances précaires au Diocèse
La Fondation à la rescousse
Par: Le Courrier
Si l’on n’attribue pas de miracle à l’ancien évêque Albert Sanschagrin, on lui connaît à tout le moins une vision qui sauva son diocèse du gouffre financier. Sans la Fondation qu’il créa en 1977, le Diocèse ne serait plus en mesure aujourd’hui d’acquitter ses obligations.

De fait, la situation financière du Diocèse de Saint-Hyacinthe n’est pas plus reluisante que celle du Diocèse de Saint-Jean-Longueuil, où les administrateurs ont récemment dû se résoudre à vendre les résidences de l’évêque et de l’évêque auxiliaire en plus de congédier une partie du personnel.

« Souvent, on parle des placements à longs termes des organisations religieuses en terme de millions de dollars. Bien sûr, ce sont des chiffres impressionnants, mais on omet de présenter les obligations et parfois même les dettes qui y sont rattachées. Lorsqu’on regarde le bilan global du Diocèse de Saint-Hyacinthe, on constate que c’est la Fondation du diocèse qui vient sauver les meubles », explique le procureur diocésain Denis Charpentier.

Trois organismes

Le Diocèse de Saint-Hyacinthe est constitué de deux corporations et d’une fondation. Les trois organisations ont chacune leur conseil d’administration. Si elles sont juridiquement distinctes, elles fonctionnent comme des filiales qui seraient associées à une maison mère. Ainsi, les différentes dépenses sont affectées à l’un ou l’autre des budgets, selon leur nature. « Ce sont trois organisations sous une seule tête », précise M. Charpentier.

En premier lieu, la Corporation épiscopale de Saint-Hyacinthe se consacre à la gestion des opérations quotidiennes et au travail pastoral. On compte notamment parmi ses dépenses les salaires des employés et les frais liés à leur formation. La Corporation épiscopale possédait des placements de 4,2 M$ au 30 juin 2012. Or, en y soustrayant les engagements financiers qui sont rattachés à cette somme, son coffre en banque ne s’élève réellement qu’à un mince 933 000 $. « Par exemple, on retrouve près de 1 M$ versé pour l’entretien du cimetière de la Cathédrale à long terme. C’est comptabilisé dans le 4,2 M$, mais ce sont réellement des dépenses à venir. Cet argent est déjà engagé et on ne peut l’utiliser autrement. »De son côté, la Corporation de l’Évêque catholique romain de Saint-Hyacinthe assure la sécurité à long terme du diocèse, notamment en maintenant ses édifices et en administrant ses biens. Si elle affichait 11,4 M$ en placements à long terme au 30 juin 2012, elle possède uniquement 4,9 M$ d’« avoirs propres », soutient le procureur diocésain. « Ce n’est même pas 50 % du montant en placements qui est réellement un actif. Le reste est lié à des dettes, des emprunts et des obligations que nous devons respecter », signale M. Charpentier.

Un bas de laine

C’est la Fondation du diocèse qui vient sauver la mise.

« C’est notre bas de laine. Sur ses 12,7 M$ en placements à long terme, on compte à peine 1M$ de passif. En créant la Fondation en 1977, Mgr Sanschagrin a été visionnaire. Il a vu venir les problèmes liés à la survie de l’Église et il a pris les moyens nécessaires pour soutenir les affaires courantes du Diocèse », analyse M. Charpentier.Grâce aux intérêts obtenus sur ses placements et à l’argent amassé pendant ses campagnes annuelles, la Fondation finance à elle seule plus de 20 % du budget d’opération du diocèse, qui s’élève à près de 2 M$ annuellement – soit quelque 400 000 $. Elle vient aussi en aide aux paroisses de manière occasionnelle lorsque des dépenses imprévues surviennent. « Lorsqu’une paroisse fait face à une dépense qu’elle ne peut défrayer, par exemple une réparation ou une rénovation de son église, la Fondation peut offrir de l’aide en accordant un prêt. Toutefois, le jour s’en vient où ce ne sera plus des prêts, ce sera carrément une injection d’argent dans les paroisses, puisqu’elles n’auront plus la capacité de rembourser », fait remarquer M. Charpentier. « Bref, on est loin d’être riches, ajoute-t-il. En fait, sans la Fondation, on serait dans le pétrin. »En mai, un classement des organismes religieux selon la valeur de leurs placements à long terme, publié par le journal Les Affaires, plaçait la Fondation du diocèse et l’Évêque catholique romain de Saint-Hyacinthe respectivement au 16e et 20e rang au Québec.

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