20 février 2014 - 00:00
La grande déprime
Par: Martin Bourassa

Pas facile de rester optimiste à la lecture de notre récent reportage sur la frénésie qui s’est emparée de la région de Drummondville depuis la fermeture de l’Hôtel des Seigneurs de Saint-Hyacinthe. Le dicton voulant que le malheur des uns fasse le bonheur des autres prend ici tout son sens.

Au cas où cela vous aurait échappé, le tourisme d’affaires a le vent dans les voiles à Drummondville. Un vent essentiellement maskoutain.La construction d’un centre de foires de 30 M$ bat son plein et les réservations se multiplient en vue d’une ouverture en janvier 2015. Au lieu des 20 salons anticipés, on aurait déjà franchi le cap de la quarantaine pour la première année.Dans bien des cas, les promoteurs se sont engagés pour 10 ans!Cette frénésie, jumelée avec la fermeture de l’Hôtel des Seigneurs, a même accéléré la construction d’un hôtel flambant neuf de 15 M$ comptant 140 chambres, voisin du centre de foires. La capacité hôtelière bondira à 770 à Drummondville, qui jouit d’une situation géographique enviable, entre Montréal et Québec. Et les promoteurs drummondvillois ne se cachent même pas pour dire que cet essor fulgurant, ils le doivent en grande partie aux Maskoutains qui ont aligné les astres pour eux!La fermeture de l’Hôtel des Seigneurs et du centre des congrès ont ouvert toute grande la porte à la concurrence qui n’allait pas rater si belle occasion. Bref, nous avons été les artisans de notre propre malheur. Nous, ou plutôt les syndiqués de l’Hôtel des Seigneurs et SilverBirch. On savait déjà que la pente à remonter serait abrupte, force est de constater qu’elle sera encore plus raide. Rouvrir notre hôtel et notre centre de congrès est une chose, ramener les clients et se frotter à une concurrence qui misera sur des infrastructures neuves et l’attrait de la nouveauté sera doublement plus complexe. Ce constat n’est en rien alarmiste, n’en déplaise aux syndiqués de la CSN qui semblent complètement déconnectés de la réalité. La centrale syndicale a même sorti récemment une étude niant l’existence d’une crise dans l’industrie hôtelière, malgré la fermeture de 66 établissements en 2013. Des hôtels qui en majorité, selon la CSN, n’ont pas fermé leurs portes en raison d’un problème de rentabilité. Ils l’auraient fait pour saisir des opportunités d’affaires et vendre à profit, au lieu de réinvestir dans la formation des employés et la rénovation de leurs actifs. Bien hâte de voir à qui SilverBirch pourra revendre ses installations maskoutaines à profit.Dans mes rêves les plus fous, j’aimerais bien qu’elle cède le tout à la CSN et que ce syndicat tombe aux commandes de notre hôtel et de notre centre de congrès.J’aimerais bien qu’elle profite du fait qu’il n’y a pas de crise dans l’industrie pour faire rouler à fond de train nos installations et ainsi faire la leçon à tous ces gestionnaires incompétents et incapables de rentabiliser leurs hôtels.La CSN aurait alors beau jeu d’offrir de grasses augmentations salariales à ses employés, tout en engrangeant de faramineux profits.Mais au lieu d’investir dans cette voie, la CSN préfèrera sans doute regarder du côté de Drummondville où il y a quantité de salariés à embrigader.

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