11 octobre 2012 - 00:00
La Guerre de 1812 et le Bas-Canada (3)
Par: Le Courrier
Bataille de Châteauguay, 1813 par Henri Julien. Le Journal de Dimanche. 24 juin 1884.

Bataille de Châteauguay, 1813 par Henri Julien. Le Journal de Dimanche. 24 juin 1884.

Bataille de Châteauguay, 1813 par Henri Julien. Le Journal de Dimanche. 24 juin 1884.

Bataille de Châteauguay, 1813 par Henri Julien. Le Journal de Dimanche. 24 juin 1884.

Les Britanniques étaient les plus vulnérables sur le tronçon du fleuve Saint-Laurent qui constituait la frontière entre le Haut-Canada et les États-Unis.

Les Britanniques étaient les plus vulnérables sur le tronçon du fleuve Saint-Laurent qui constituait la frontière entre le Haut-Canada et les États-Unis.

Au début de la guerre, il y avait beaucoup de commerce illicite qui traversait le fleuve, mais au cours de l’hiver 1812-1813, les Américains commencèrent à lancer une série de raids depuis la ville d’Ogdensburg, compromettant l’approvisionnement britannique le long de la rivière. Le 21 février, sir George Prévost traversa le fleuve avec des renforts pour le Haut-Canada. Le lendemain, les Britanniques prenaient aux Américains la ville d’Ogdensburg. Le reste de l’année, Ogdensburg n’eut pas de garnison et de nombreux résidents reprirent leurs visites et échanges commerciaux avec Prescott. Cette victoire britannique permit d’éliminer les dernières troupes régulières américaines du Haut-Saint-Laurent et d’assurer les communications britanniques avec Montréal. À la fin de l’année 1813, après un long débat, les Américains firent deux percées contre Montréal. Le plan était que le major général Wade Hampton marcherait au nord du lac Champlain et rejoindrait les forces du général James Wilkinson. Ce dernier devait amener ses bateaux en direction de Sacketts Harbour, puis descendre le fleuve Saint-Laurent. Hampton fut finalement retardé par le mauvais état des routes, par les difficultés d’approvisionnement et par une forte aversion à l’égard de Wilkinson qui limitait son soutien à ce plan. La bataille, qui se déroule les 25 et 26 octobre 1813, le long des rives marécageuses de la rivière Châteauguay, près de Montréal, est déclenchée par le général américain Wade Hampton. Disposant d’environ 3 000 hommes, Hampton tente d’envahir le Bas-Canada dans le cadre d’une opération d’envergure visant à prendre Montréal, en collaboration avec le général James Wilkinson, qui arrive par l’ouest le long du fleuve Saint-Laurent. Le 25 octobre, ses 3 000 hommes furent défaits lors de la bataille de Châteauguay, par les troupes de Charles de Salaberry composées de 300 Voltigeurs Canadiens-français et de 22 Mohawks, qui, favorisés par des conditions météorologiques affectant la visibilité, feront croire à leurs adversaires qu’ils étaient dix fois plus nombreux. L’armée de Hampton affronte une petite force canadienne composée de Voltigeurs, de Territoriaux, de miliciens et de plusieurs guerriers kahnawakes, sous les ordres du lieutenant-colonel canadien-français Charles Michel d’Irumberry de Salaberry. Les Canadiens, postés derrière des ouvrages défensifs extrêmement bien construits, font beaucoup de bruit – cris, acclamations et coups de clairon – pour semer la confusion. Hampton a donc de la difficulté à évaluer avec précision le nombre des forces ennemies. Au départ, le plan d’attaque américain semble prometteur, bien que précaire. Voyant les défenses canadiennes coincées entre la rivière à l’est et un marécage à l’ouest, Hampton embauche des guides pour mener une brigade (sous les ordres du colonel Robert Purdy) vers le nord afin qu’elle prenne position derrière la barricade de Salaberry. Hampton, accompagné d’une deuxième brigade dirigée par le général George Izard, lance alors une attaque frontale contre les troupes canadiennes. L’escarmouche, théâtre d’intenses poussées et salves de tirs répétées de part et d’autre, dure plusieurs heures. Mais, comme les hommes de Purdy ne parviennent pas à prendre les défenses canadiennes de flanc, l’assaut contre la barricade n’est pas aussi efficace que l’espèrent Hampton et Izard. Sans vrai leadership, les hommes de Purdy se dispersent sous le feu des tireurs d’élite, et bon nombre d’entre eux abandonnent le combat. Les Américains sont d’autant plus désavantagés que leurs armes utilisent des munitions composées d’une balle et de chevrotines, célèbres pour leur imprécision. En effet, la plupart des projectiles terminent leur course dans les arbres environnants. À 15 heures, Hampton reconnaît l’échec de l’entreprise et ordonne le repli de ses hommes. Des rapports ultérieurs décrivent une retraite effectuée dans la panique et la peur. Moins sanglante que bien d’autres batailles livrées pendant cette guerre, il ne faut toutefois pas négliger les pertes de vie et les blessures subies lors de la bataille de la Châteauguay. Les pertes américaines s’élèvent à 23 morts et 33 blessés, tandis que 29 hommes sont portés disparus. Les troupes de Salaberry s’en tirent mieux, sans doute grâce à leurs solides ouvrages défensifs; elles rapportent 2 morts, 16 blessés et 4 disparus. Bien qu’elle soit l’une des escarmouches les moins sanglantes de la Guerre de 1812 du point de vue des pertes, la bataille de la Châteauguay est l’une des plus préjudiciables pour les Américains. La défaite américaine dissipe définitivement les menaces qui pèsent sur Montréal. Par le traité de Gand de 1814, ratifié en 1815 et qui mit fin au conflit, on retourna au statu quo. Mais les Américains y gagnaient sur plusieurs points : l’Angleterre mettait fin au soutien des Amérindiens du territoire américain et c’était la fin du contrôle commercial avec la France.

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