24 avril 2014 - 00:00
La lutte vue de l’intérieur
Par: Maxime Prévost Durand

« Au début des années 1900, la lutte, ce n'était pas arrangé », raconte Jesse Champagne, un lutteur qui parcourt le Québec grâce au sport. Le but était de faire le plus mal à son adversaire pour remporter le combat. « Mais quelqu'un a compris un jour qu'il y avait de l'argent à faire là et s'est dit : Et si on se faisait un peu moins mal, on pourrait lutter plus longtemps. »

Peu à peu, le sport a pris une tendance axée davantage sur le divertissement, où on détermine le gagnant à l’avance et où les athlètes font paraître chaque coup plus dur à encaisser l’un que l’autre. Il y a la portion théâtrale, qui donne parfois mauvaise réputation à la lutte ou, du moins, qui attire des commentaires qui ne rendent pas justice à l’effort fourni par les athlètes. D’une autre part, certains trouvent le sport trop violent.

« J’ai eu trois vertèbres désalignées », se rappelle Jesse Champagne à propos d’un combat qu’il a livré. « Parmi les blessures les plus fréquentes, il y a des commotions cérébrales, des doigts cassés et des dents brisées. » Oui, la lutte est un sport de divertissement. Mais une fois dans l’arène, la douleur peut être bien réelle.Nous avons tenté l’expérience avec Michel Bienvenue, responsable de la plate-forme lecourrierzoneweb.com. Celui-ci s’est prêté au jeu et a eu droit à une petite clinique de lutte avec Jesse Champagne tout juste avant un gala de la GEW présenté au Dooly’s à Saint-Hyacinthe.Quelques prises de base ont été présentées, passant des clés de bras au « Sharpshooter », une prise de soumission pour affaiblir le dos de l’adversaire, en y allant également de certaines prises au sol, des prises plus traditionnelles de la lutte grécoromaine. « La lutte qu’on fait, ça part de là », rappelle le lutteur de 28 ans. Il n’y a pas eu de projections au sol ou de sauts du troisième cable, des prises à plus haut risque.Bien peu de prises ont réellement fait souffrir notre cobaye, sauf la clé de bras qui lui a donné quelques raideurs. Le cardio est toutefois sollicité. Conclusion : il faut avoir bonne forme pour suivre le rythme. L’athlète rencontré met en garde les amateurs de lutte, à la recherche de bons combats, par rapport aux petits shows improvisés, qui n’aident pas, selon lui, à offrir une image moins négative à la discipline. « Les gens regardent la lutte à la télévision et tentent par la suite de le reproduire dans leur cour arrière, sans entraînement, juste pour le plaisir. Parfois, ils se ramassent même dans un sous-sol d’église pour faire un show qui n’offre pas une très grande qualité. »Une fois dans le ring, les « vrais » lutteurs se donnent littéralement corps et âme. Ces athlètes répètent leurs combats, un peu à la façon d’un spectacle, mais le risque demeure toujours bien présent, comme en témoignent les blessures énumérées plus haut.

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