29 octobre 2015 - 00:00
La météo, le climat et votre voisin sceptique…
Par: Le Courrier
Le glacier islandais Myrdalsjokull

Le glacier islandais Myrdalsjokull

Le glacier islandais Myrdalsjokull

Le glacier islandais Myrdalsjokull


On a tous déjà entendu ce genre de ­commentaire de la part d’un voisin qui se targue d’être un sceptique : « Ouen ça ­réchauffe pas vite leur affaire. As-tu vu les deux semaines de vacances que j’ai eues cet été! ». Ou dans la même veine : « Comment ça ils peuvent prédire la ­température future, ils sont même pas capables de prédire la météo de la fin de semaine prochaine! » Cette erreur ­classique n’est en fait qu’une incompréhension de ce que sont la météo et le ­climat. Tentons d’éclairer un tant soit peu votre voisin climato-sceptique.

La météo est le reflet du comportement de l’atmosphère dans un court laps de temps. L’objectif premier de la météo est d’illustrer les effets des changements ­atmosphériques locaux sur les activités humaines. Par exemple, il va pleuvoir ­demain, je serais mieux d’apporter mon parapluie au travail ou la semaine sera très chaude donc il serait avisé de ne pas commencer à ranger la piscine. De son côté, le climat est la description à long terme des variations atmosphériques sur un territoire donné. Grossièrement, le ­climat est une moyenne de la météo sur une longue période de temps. Alors un hiver doux avec peu de précipitations est un exemple d’évènement climatique et une journée chaude avec des orages est un exemple de météo.

La météo à long terme est peu fiable, car la nature chaotique des interactions ­atmosphériques peut provoquer des ­effets soudains et imprévisibles. Une ­accumulation rapide d’humidité peut par exemple mener à la formation d’une ­tornade. Le climat lui, est plutôt façonné par des forces qui font varier l’énergie ­disponible dans l’atmosphère comme l’activité solaire, les concentrations de gaz à effet de serre ou l’inclinaison de la terre. De manière générale, ces forces sont lentes et assez constantes, ce qui fait qu’il est possible d’en tirer des moyennes et de les comparer entre elles. Par exemple, on peut dire qu’une année a été plus pluvieuse ou plus chaude qu’une autre en comparant les précipitations annuelles et les moyennes de température globale. C’est grâce à ce genre de données que les scientifiques peuvent déjà affirmer que l’année 2015 sera probablement parmi les plus chaudes jamais enregistrées.

Qu’en est-il maintenant du prétendu scepticisme de votre voisin? Par définition, les scientifiques se doivent d’être sceptiques. C’est par la démarche scientifique (observer, poser des hypothèses et les vérifier) que les connaissances s’accumulent et que notre compréhension du monde ne cesse de se préciser. Le doute et la rigueur sont essentiels en science, car tous les protocoles expérimentaux doivent être reproduits avant d’être ­acceptés par la communauté scientifique. Il était de bon aloi d’être sceptique devant les modèles climatiques dans les années 80. Par contre, aujourd’hui devant toutes les données climatiques qui vont dans le même sens, toute la récupération sceptique commanditée par l’industrie pétrolière devient un exercice de ­mauvaise foi qui devrait mettre mal à l’aise tout esprit critique. Quand on fait fi de 30 années de données, on n’est pas sceptique, on est fermé. Les termes « climato-négationniste » ou « climato-obscurantiste » deviennent alors ­beaucoup plus appropriés. Il est clair qu’une petite partie de la ­population n’a pas intérêt à voir les choses changer. Les changements ­climatiques sont pour eux une menace au « business as usual ». Pour eux, il n’y a pas d’avantages à vivre dans un monde plus vert, plus démocratique et plus juste. C’est ce que vous pourrez ­répondre à votre voisin la prochaine fois qu’il veut se faire le portevoix des empires économiques du statu quo.

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