18 juillet 2013 - 00:00
La MMA opère toujours ses voies ferrées à Saint-Hyacinthe
Par: Le Courrier

Si la compagnie de chemin de fer Montréal, Maine et Atlantique (MMA) souhaite se départir du tronçon de son réseau qui relie Farnham à Saint-Hyacinthe, elle entend continuer à opérer ses voies ferrées qui circulent à travers la ville.

C’est ce qu’ont confirmé les entreprises Bunge et Bell-Gaz, qui ont recours aux services de la MMA pour permettre à leurs convois de rejoindre le réseau du Canadien National (CN). De fait, le tronçon mis en vente en août 2012 s’arrête avant de rejoindre le quartier La Providence, à l’extérieur du centre urbain de Saint-Hyacinthe.

« Notre entreprise, comme Bunge, se trouve à être captive, aux extrémités du réseau de la MMA », a expliqué Dominic Belleville, directeur de la compagnie Bell-Gaz, qui assure la vente et la livraison de gaz propane. Au sud de la route 116, la MMA transporte une fois par mois des wagons-citernes de la compagnie vers les rails du CN en longeant le Boisé-des-Douze.La MMA dessert aussi la compagnie Bunge, à Sainte-Rosalie, qui transporte chaque semaine quelques wagons de grain et de tourteau de grain, des marchandises qui sont elles aussi transbordées sur les voies du CN. « C’est certain que c’est une compagnie qui connaît des difficultés au niveau de son service à la clientèle, poursuit M. Belleville. Ce n’est pas parce qu’on les appelle pour quelque chose qu’ils sont là pour répondre au besoin. Mais en même temps, on n’est pas un gros client. On ne transporte pas de volume important. » Selon lui, les demandes de son entreprise n’ont pas plus de poids que celles formulées par les citoyens lorsqu’il est question de réclamer plus d’entretien.M. Belleville assure toutefois que la sécurité des voies ferrées ne fait l’objet d’aucun compromis. Avant d’entreprendre le transport de gaz propane sur le réseau de la MMA, en 2011, le circuit a été inspecté et approuvé par Transport Canada. La compagnie Bell-Gaz a elle-même investi « des sommes importantes » à la mise à niveau des voies afin qu’elles soient conformes aux normes en matière de transport de marchandises dangereuses.L’entreprise a aussi engagé son propre inspecteur pour produire un rapport concernant la structure d’un pont de bois qui longe le Boisé-des-Douze et sur lequel transite le gaz propane. « On avait certaines préoccupations quant à son état. On voulait vérifier que tout était solide et dans les normes avant d’acheminer le gaz. Il ne faut pas oublier qu’en plus de vouloir assurer la sécurité des citoyens, on veut s’assurer que notre marchandise se rende à destination. Aucune compagnie ne veut perdre son produit et sa réputation dans un accident. »

Des questions

Parmi les citoyens qui habitent aux abords de la voie ferrée, le Maskoutain Jean Sylvestre est un fin observateur du milieu ferroviaire.

Au cours des derniers mois, il a colligé des photographies qui mettent en évidence un manque d’entretien des rails de la MMA. En premier lieu ce pont de bois, qui longe le Boisé-des-Douze et dont la structure semble en bien piteux état. Mais aussi ce système d’aiguillage, près de la rue Brouillette, laissé en position ouverte alors que le train ne peut plus opérer de changement de voie à cet endroit depuis belle lurette. « Ce ne sont pas des dangers imminents, mais ce sont des risques inutiles, a noté M. Sylvestre. Ce ne serait pas compliqué de refermer le mécanisme d’aiguillage et de le cadenasser. Ce sont des exemples qui témoignent d’un certain laisser-aller. »Bien sûr, la MMA ne peut se comparer aux grandes compagnies de chemins de fer, qui ont des ressources et des moyens plus importants, fait remarquer M. Sylvestre. « Je pense que MMA dans notre ville fait « relativement » bien les choses présentement », dit-il en tenant compte des circonstances.Plutôt que de pointer du doigt uniquement la MMA, « une compagnie affaiblie », M. Sylvestre souhaiterait voir la réflexion collective qui s’opère présentement se déplacer vers la vocation publique des chemins de fer. « Nos routes sont utilisées par des camions gratuitement. Les chemins de fer, s’ils étaient correctement financés, pourraient libérer beaucoup de circulations lourdes sur nos routes. On n’hésite pas à financer des voies de contournements pour les routes et les autoroutes. Pourquoi ne pas faire la même chose pour les voies ferrées? Je me pose la question. »

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