24 septembre 2020 - 14:21
La pandémie crée des remous dans les fondations des hôpitaux
Par: Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier
La Fondation Aline-Letendre souffre d’un manque à gagner d’environ 100 000 $ en raison de la pandémie, se désole la directrice générale, Christine Poirier. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La Fondation Aline-Letendre souffre d’un manque à gagner d’environ 100 000 $ en raison de la pandémie, se désole la directrice générale, Christine Poirier. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Événements-bénéfice annulés et arrêt forcé de la sollicitation des donateurs; la pandémie de la COVID-19 entraîne dans son sillage la stabilité financière des fondations hospitalières de Saint-Hyacinthe. Dans certains cas, des pertes de revenus importantes sont à prévoir pour la prochaine année.

Les impacts de la crise sanitaire se font largement ressentir sur la mission philanthropique de la Fondation Aline-Letendre, laquelle œuvre au bien-être des résidents de l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe. Depuis le début de la crise, trois employés de la fondation ont dû être mis à pied et toutes les activités de financement ont été annulées. Les éditions 2020 du Défi Spinning pour les aînés et du spectacle Rock N’ Time sont donc reportées à l’an prochain. Bon an mal an, ces deux événements-bénéfice rapportaient au-delà de 60 000 $ dans les coffres de la Fondation.

L’organisme de bienfaisance a également mis sur pause la collecte de fonds auprès de ses donateurs depuis le début de la crise. « Aucune lettre de sollicitation n’a été envoyée. Notre conseil d’administration ne jugeait pas cela opportun », affirme la directrice générale de la Fondation Aline-Letendre, Christine Poirier. Son président, Daniel Paul-Hus, estime que les temps sont « insécurisants pour tous, y compris pour ceux qui nous soutiennent ».

Selon Mme Poirier, les contrecoups de la pandémie entraîneront un retard de plus de 100 000 $ net dans les finances de la Fondation Aline-Letendre. « Il est fort probable que nous devions revoir les budgets à la baisse pour l’an prochain », se désole la directrice générale. M. Paul-Hus envisage même que son organisation « pourrait être obligée de mettre un frein aux projets majeurs à l’avenir ». La reprise des activités de sollicitation n’aura lieu qu’une fois la crise terminée.

La Fondation affirme toutefois que les engagements pris pour cette année envers le centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) Hôtel-Dieu-de-Saint-Hyacinthe seront respectés. En temps de crise, elle a offert, entre autres, plusieurs iPad et radios aux résidents du CHSLD afin d’améliorer leur qualité de vie malgré le confinement. Elle a également engagé les sommes nécessaires à l’aménagement extérieur du centre d’hébergement pour cet été.

Honoré-Mercier évite le pire

Malgré l’annulation de tous ses événements caritatifs, la Fondation Honoré-Mercier parvient à garder le cap financièrement. L’organisme, qui amasse des fonds pour l’Hôpital Honoré-Mercier, le centre Andrée-Perrault et le CLSC des Maskoutains, était en pleine campagne de sollicitation lorsque la pandémie s’est déclarée.

Contrairement à la Fondation Aline-Letendre, il a choisi de poursuivre ses activités de collecte de fonds, une décision qui s’est révélée payante. « Notre cause étant la santé, nos donateurs sont devenus très généreux depuis le début de la crise. La Fondation existe depuis 38 ans, donc nous avons une base de donateurs des plus fidèles », exprime la directrice générale de la Fondation, Isabelle Doyon.

L’élan de générosité s’est également fait ressentir du côté des événements habituellement tenus par la Fondation. Une initiative spontanée lancée par le milieu corporatif a permis de ressusciter le Tour de la Montagne, annulé en raison de la crise, sous l’appellation DÉFI 2020 du Tour de la Montagne. Les participants sont invités à faire le tour de la montagne de façon individuelle et à remettre le montant de leur inscription à la Fondation Honoré-Mercier. « Nous avons fait du chemin devant cet heureux hasard. Le Tour de la Montagne nous rapporte 100 000 $ net annuellement et nous avons déjà atteint la moitié de l’objectif grâce au DÉFI 2020 », confirme Mme Doyon.

La Fondation Honoré-Mercier peut aussi compter sur les revenus commerciaux générés par le café situé à l’entrée du centre hospitalier homonyme pour assurer sa pérennité financière en cette période de crise. « Nous avons travaillé fort depuis les dernières années pour consolider les assises de la Fondation, ce qui fait que nous serons en mesure de nous acquitter de tous nos engagements envers l’hôpital », soutient Mme Doyon.

La directrice générale demeure toutefois réaliste malgré la générosité des donateurs et son modèle d’affaires avantageux. « Nous sommes conscients que nous n’engendrerons pas les mêmes revenus cette année. C’est pourquoi il faut garder à l’esprit l’importance de continuer à donner. »

Son président, Michel Gagné, abonde dans le même sens. « Nous avons un bon bas de laine, mais il ne faudrait pas que la situation perdure trop longtemps. »

Proactive, l’équipe de la Fondation envisage d’ailleurs de hisser la sollicitation au premier rang de ses activités de financement, devant les événements-bénéfice.

À l’heure actuelle, l’organisme de bienfaisance se prépare à remettre en branle les projets prévus pour 2020 tels que la réfection de la salle des familles à l’unité des soins intensifs.

Les Fondations Honoré-Mercier et Aline-Letendre ont chacune généré des revenus de 1,2 million de dollars en 2019.

Capital sympathie

Autant du côté de la Fondation Honoré-Mercier qu’Aline-Letendre, on note que la crise sanitaire a stimulé la fibre charitable de la population envers le milieu de la santé. « Les professionnels de la santé ont largement gagné en notoriété et en reconnaissance aux yeux du public », souligne Isabelle Doyon. Sa fondation a d’ailleurs recueilli, de la part des entreprises maskoutaines, de nombreux dons de masques et de visières pour le personnel médical.

Pour sa part, Christine Poirier croit que les aînés du Québec « sortiront gagnants » de cette crise et que les soins qu’on leur accorde « redeviendront importants » dans les années à venir.

« Notre cause n’est pas la plus glamour, mais nous croyons que les gens se souviendront qu’il y a une fondation qui supportent nos aînés et qu’ils peuvent y contribuer directement s’ils le souhaitent », conclut-elle.

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