29 janvier 2015 - 00:00
La réussite scolaire vue par un raccrocheur
Par: Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier
Après avoir lâché l’école à 15 ans, Frédéric Fortin est retourné aux études afin de devenir propriétaire d’une librairie à Beloeil.  Photo courtoisie

Après avoir lâché l’école à 15 ans, Frédéric Fortin est retourné aux études afin de devenir propriétaire d’une librairie à Beloeil. Photo courtoisie

Après avoir lâché l’école à 15 ans, Frédéric Fortin est retourné aux études afin de devenir propriétaire d’une librairie à Beloeil.  Photo courtoisie

Après avoir lâché l’école à 15 ans, Frédéric Fortin est retourné aux études afin de devenir propriétaire d’une librairie à Beloeil. Photo courtoisie

Sa mère a toujours dit : « Toi, tu as décroché de l’école en maternelle! » À 35 ans, Frédéric Fortin est maintenant propriétaire d’une librairie à Beloeil et surtout, il a en poche un diplôme du Cégep de Saint-Hyacinthe. Ayant atteint ses objectifs de carrière, ce raccrocheur espère motiver d’autres jeunes à retourner sur les bancs d’école en partageant sa recette de la réussite scolaire.

Natif de Saint-Valérien, M. Fortin s’est inspiré de son propre parcours souvent parsemé d’embûches pour élaborer 10 conseils pour les décrocheurs de tous âges.

D’abord, prendre la décision de vouloir améliorer sa vie. Ce qu’il faut, c’est de « se décider et de se lancer ». Pour Frédéric, il n’est jamais trop tard pour entreprendre un retour aux études.

Une fois la décision prise, M. Fortin suggère d’apprendre à se connaître et à bâtir sa confiance. L’une des bonnes façons d’y arriver est de participer à un processus d’orientation, lequel s’est déroulé au Carrefour jeunesse-emploi de Saint-Hyacinthe dans son cas.

Le quatrième conseil est de se trouver un but. « Le but qu’on se fixe vient du travail qu’on a fait sur soi. Au début de mon retour aux études, je n’avais pas de but, mais par la suite, je visais la gestion d’un commerce. Ça aide à s’accrocher. »

Ensuite, il faut passer à l’action. « Notre rêve doit devenir la réalité et il faut se motiver à l’acheminer », encourage celui qui a trouvé le courage de rejoindre ses objectifs de carrière.

Pour éviter de quitter les bancs d’école à nouveau, il est primordial de s’impliquer au sein de sa communauté étudiante et même sa communauté citoyenne. « J’essayais d’être partout, ça me permettait de bâtir ma confiance davantage. C’est important de faire quelque chose pour donner au suivant. »

Une petite tape fait toujours le plus grand bien et M. Fortin propose de se récompenser lorsqu’une nouvelle étape est franchie. Il souligne également qu’il faut « accepter d’apprendre tout au long de sa vie. Ma meilleure éducation, elle est autodidacte. Elle m’a été offerte par les livres », affirme ce propriétaire d’une bouquinerie.

Finalement, son dernier conseil est sans doute le plus difficile : mettre une bonne dose de persévérance. « Le résultat final sera la réussite, mais chacune des étapes risque de ne pas être parfaite. C’est à ce moment qu’il faudra se remémorer nos buts et ne pas lâcher! »

De décrocheur à entrepreneur

La route a été longue pour Frédéric Fortin jusqu’à l’obtention de son attestation d’études collégiales (AEC) en gestion de commerce au Cégep de Saint-Hyacinthe.

Déjà tout jeune, il « haïssait l’école pour mourir » et à 15 ans, il est devenu un décrocheur scolaire.

« Je me disais que je n’avais pas besoin d’un diplôme pour travailler. Mais, je me suis rendu compte que j’avais de mauvaises conditions de travail, pas d’argent et aucune connaissance précise », relate M. Fortin.

Dans la vingtaine, il a entrepris de terminer ses études secondaires, mais un défi de taille l’attendait : il a été reclassé en alphabétisation. « Ça semblait une montagne pour moi. »

Accumulant un retour aux études par les soirs et un emploi en usine à 50 heures par semaine, Frédéric a fini par perdre pied. « J’ai fait une grosse dépression. Je voulais en finir avec la vie. Heureusement, j’ai réussi à me reprendre en main. »

Après un long travail de réflexion sur lui-même et des cours d’orientation au Carrefour jeunesse-emploi de Saint-Hyacinthe, Frédéric a désormais un objectif de carrière; opérer un commerce. « Plus jeune, j’avais déjà de l’intérêt à monter une petite entreprise de coupes de gazon », se souvient-il.

S’en est suivi un passage au Centre de formation des Maskoutains pour décrocher son diplôme d’études secondaires et une inscription à l’AEC en gestion de commerce au Cégep de Saint-Hyacinthe.

« J’ai terminé le cégep avec une moyenne de 93 %, la 2e meilleure note de toute la formation », s’exclame avec fierté Frédéric.

Après avoir surmonté ses lacunes en Anglais et survécu à un accident vasculaire-cérébral, le Maskoutain a enfin pu toucher à son rêve. À 30 ans, il est devenu propriétaire de librairie de livres usagés Les Trésors du Futur, à Beloeil.

« Je souhaite promouvoir la lecture, car ça a changé ma vie et je sais que ça peut certainement changer celle des autres. Il faut que les jeunes prennent conscience de leurs talents et qu’ils aient envie de s’instruire », conclut Frédéric Fortin.

10 trucs pour la réussite scolaire
Prendre la décision de vouloir améliorer sa vie
Se connaître et bâtir sa confiance en soi
Participer à un processus d’orientation
Se trouver un but
S’impliquer dans la vie étudiante
Faire du bénévolat
Apprendre tout au long de sa vie
Se récompenser à la réussite d’une étape
Passer à l’action
Persévérer
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