31 mars 2016 - 00:00
La valeur d’une petite maison rurale ou l’apologie du patrimoine vernaculaire
Par: Le Courrier
Photo Robert Mayrand, 2016

Photo Robert Mayrand, 2016

Photo Robert Mayrand, 2016

Photo Robert Mayrand, 2016

Le patrimoine est une notion vaste, ­généralement associée à ces immeubles et objets anciens légués entre les générations. Lorsqu’on parle de patrimoine bâti, on a tendance à imaginer ces grands bâtiments victoriens de la rue Girouard, ou encore les édifices publics célèbres comme l’hôtel de ville ou encore le ­marché public. Pourtant, le patrimoine bâti c’est bien plus que cela, c’est

Si les maisons bourgeoises de la rue ­Girouard illustrent admirablement le mode de vie du notable de la fin du XIXe siècle, la petite maison typique de ­l’agriculteur de la même époque est tout aussi riche en signification.

Chaque municipalité, chaque rang, ­possède son patrimoine. Ce patrimoine s’illustre par le type de bâtiments qu’on y trouve, la façon dont ceux-ci sont ­positionnés par rapport à la rue, la forme des ­chemins et l’organisation du village ­autour de l’église paroissiale. Il s’agit de l’illustration d’une organisation de l’époque, parfaitement adaptée au mode de vie, à la topographie et à notre climat; un savoir-faire historique répondant aux ­besoins des citoyens. Même si nos modes de vie et nos besoins changent, et que le ­village évolue, il est important de comprendre l’équilibre fragile entre ces différents ­éléments afin que l’évolution se fasse en continuité logique avec l’ordre existant.

S’il est facile, même pour un visiteur, de comprendre la structure d’un village lorsqu’il aperçoit l’église avec l’ancien ­magasin général à proximité, ainsi que le bureau de poste un peu plus loin, il en est tout autrement si on fait disparaître l’un de ces éléments, comme l’église. La perte de ce point de repère obscurcit les sens. Le village perd de son harmonie, son charme et sa signification. Il en est de même pour un quartier ouvrier où on aurait détruit l’ancienne usine, ne laissant que le bâti résidentiel. Historiquement, ces éléments sont interreliés et forment un tout cohérent qui nous aide à comprendre l’histoire du lieu et la raison d’être de chacun de ces éléments. 

À plus petite échelle, l’effet est le même sur la petite maison rurale parfois recouverte de vinyle ou dont la galerie a été ­changée pour un petit perron en fibre de verre, ou encore, dont la porte avant a été condamnée et les marches pourries qui y menaient, retirées. Chaque geste n’est pas néfaste en soi, mais ensemble, ils dénaturent progressivement la maison, au point où on ne reconnaît plus son style et où on finit par croire qu’elle n’a plus aucune ­valeur patrimoniale. Chaque geste vient banaliser cette architecture simple qui pourtant est riche de sens. ­Heureusement, ces gestes sont réversibles dans la plupart des cas et sous ses artifices modernes, un oeil averti pourra découvrir un petit patrimoine d’une grande richesse, qu’il pourra facilement mettre en valeur.

Les prochaines chroniques tenteront ­d’illustrer les principales erreurs à éviter et donneront quelques trucs simples pour mettre en valeur ce patrimoine singulier. 

« Le patrimoine est une richesse collective rare et non renouvelable […] dont nous ne sommes pas les propriétaires, mais uniquement les transitaires ». 

Déclaration de Deschambault, 1982

image