27 juin 2013 - 00:00
Sainte-Rosalie
La Ville condamne une maison de 1869
Par: Le Courrier

La jugeant en trop mauvais état pour être réparée, la Ville de Saint-Hyacinthe vient d'ordonner la démolition d'une maison ancienne de la rue des Seigneurs Est, à Sainte-Rosalie.

Il s’agit sans contredit d’un des monuments architecturaux de l’ex-municipalité devenue un quartier de Saint-Hyacinthe. La maison du 5600-5610, des Seigneurs Est a conservé beaucoup de ses éléments originaux, dont sa fenestration et son revêtement en clin de bois, délavé, mais authentique. Selon la propriétaire, Maria Bérubé, cette demeure est âgée d’au moins 144 ans.

« D’après ce qu’on trouve dans les actes, elle a été construite en 1869 par les grands-oncles de Gérard Tanguay, qui était le sacristain de la paroisse de Sainte-Rosalie », a raconté Mme Bérubé lorsque jointe par LE COURRIER.À sa séance publique du 3 juin, le conseil municipal a décidé d’entreprendre des procédures judiciaires en Cour supérieure en vertu de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme pour que soit ordonné à Mme Bérubé de démolir sa maison de la rue des Seigneurs Est, ou qu’à défaut, la Ville soit autorisée à le faire à sa place.« Le seul remède utile dans les circonstances est la démolition du bâtiment », dit la résolution qui a été adoptée par le conseil. La Ville s’en était remise une première fois à la Cour supérieure en octobre 2012 pour obliger Mme Bérubé à entreprendre des travaux de réparation. Comme elle estime que cette démarche n’a pas donné de résultats satisfaisants, elle a décidé de prendre les grands moyens pour régler le problème. Elle s’est appuyée cette fois sur les conclusions d’un expert qui a procédé à une inspection visuelle des lieux le 20 mars 2013. Cet inspecteur du Groupe Bâtimex, de Granby, en a conclu que le bâtiment se trouve dans un état de désuétude avancé pouvant mettre les occupants en danger. Selon l’évaluateur agréé que la Ville a consulté dans ce dossier, il en coûterait plus cher de rénover la maison de la rue des Seigneurs Est que de la remplacer.Mme Bérubé, qui aura 73 ans le mois prochain, ne nie pas que sa maison soit en mauvais état. Mais elle y vit depuis plus de 46 ans et s’y est toujours trouvée très bien. « Tout ça me fait de la peine. La maison est vieille, mais c’est une maison paysanne avec son toit d’origine, ses fenêtres à dix carreaux et ses moulures qui sont de toute beauté. Ce serait dommage de mettre la hache dans tout ça », estime-t-elle.Cette dame qui a travaillé durant 40 ans à l’hôpital comme aide aux laboratoires avoue qu’il lui aurait fallu plus d’argent qu’elle n’en gagnait pour bien entretenir cette maison où elle a, entre autres, pris soin de son père et de sa mère. Elle y vit aujourd’hui avec son fils, momentanément sans travail, qui occupe l’un des deux logements. Son rêve a toujours été de pouvoir remettre sa résidence en bon état, mais elle n’y est jamais parvenue, faute de moyens. « Les gens critiquent, mais s’ils savaient. S’imaginent-ils que je ne sais pas que la maison est défraîchie? Mais si elle était si dangereuse que ça, elle se serait écroulée, avec tous les camions qui passent ici et qui la font vibrer. Vous connaissez ce dossier. » Mme Bérubé ne perd pas espoir de pouvoir sauver la maison, même si on lui a donné rendez-vous à la cour le 25 juillet. Il y a quelques jours, quelqu’un qui s’intéresse à la valeur patrimoniale de la maison s’est arrêté chez elle pour lui faire une proposition qu’elle va considérer. « Il y a de très belles choses dans cette maison-là », insiste-t-elle.

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