6 octobre 2011 - 00:00
La Ville se défile
Par: Le Courrier


En 2010, la Ville avait pourtant confirmé son appui au projet de musée régional tout en s’engageant à participer financièrement à la réalisation d’une étude de faisabilité. Au départ, il était prévu que la facture de 70 000 $ soit partagée entre la Ville et le ministère de la Culture. L’organisme gouvernemental était d’ailleurs si enthousiaste qu’il avait qualifié le projet de « musée d’envergure nationale ».

En cours de route, toutefois, le Ministère a retiré sa participation financière à l’étude, tout en réduisant son coût à 50 000 $. « Essentiellement, le Ministère nous a dit qu’il ne souhaitait pas financer une étude sur le béton à utiliser, mais plutôt investir dans la réalisation du projet », a illustré Jean-Marie Pelletier, porte-parole du comité, lors d’un point de presse très émotif tenu vendredi.Le comité du musée régional s’est donc présenté en séance plénière du conseil, à la mi-septembre, afin de formuler sa demande. « Ça semblait être une formalité malgré l’augmentation de la facture. La rencontre s’est si bien déroulée qu’on croyait que c’était dans la poche. La discussion avec les élus a davantage porté sur le choix du site et les étapes suivantes que sur l’étude de faisabilité », a raconté M. Pelletier.Or, à peine 48 h plus tard, le conseil faisait volte-face. Non seulement refusait-il désormais d’investir 50 000 $ dans l’étude, mais il retirait même les 35 000 $ promis. « Le conseil nous a dit qu’il y avait trop de projets sur la table et qu’il faudrait attendre quatre ou cinq ans. Mais selon notre document préliminaire, le projet coûterait 7,7 M$, soit en deçà des 10 M$ projetés au départ », a laissé tomber M. Pelletier, la mine basse.Autour de la table, les visages des directeurs du centre Expression et du Centre d’histoire, Marcel Blouin et Luc Cordeau, en disaient long. Pour l’un, le report d’un musée régional vient couper les ailes à une expansion qu’il estime nécessaire. Pour l’autre, le délai reporte d’autant l’aménagement de voûtes de conservation à l’épreuve de l’eau et du feu. « C’est simple, si un malheur devait se produire au Séminaire, toute la collection du Centre d’histoire y passerait. C’est inacceptable et hors normes », a dénoncé M. Pelletier.La décision du conseil municipal a même fait sortir de ses gonds l’ancien député provincial Léandre Dion, qui siège lui aussi sur le comité du musée. Selon lui, le rapport coûts-bénéfices de ce projet culturel n’est pas évalué à sa juste valeur. « À Saint-Hyacinthe, le tourisme ne peut pas compter sur une montagne ou un fleuve. Ce qui fait notre réputation à l’extérieur, c’est notre patrimoine, notre histoire exceptionnelle, les personnages qui ont construit la région, la province et le pays. Notre musée régional est le seul projet culturel qui se travaille actuellement en Montérégie. Le bon moment, c’est maintenant! Que se passe-t-il à l’Hôtel de Ville? Qu’est-ce qu’on attend? Pourquoi défendre le patrimoine un jour et le saborder le lendemain? », s’est-il exclamé.Marcel Blouin y est pour sa part allé d’un poème qui résumait à lui seul toute l’ambiguïté d’un conseil municipal qui semble défendre le patrimoine « à temps partiel ».« Un peu comme une personne malade du foie, ou des poumons, Saint-Hyacinthe est malade de son patrimoine. Nous, on veut soigner le malade, mais le malade… il hésite, il délire. Un jour il veut se faire soigner, l’autre jour il ne veut pas en entendre parler, puis il veut remettre ça à plus tard. Nous, la famille du malade, notre tâche est de le raisonner, de raisonner le malade. La culture, les arts, le patrimoine, c’est indispensable à la santé d’une personne, d’une ville, d’une MRC, d’une région, d’une nation. Dans ce contexte, le Musée régional de Saint-Hyacinthe, c’est un excellent remède. »

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