25 juin 2015 - 00:00
Veau de lait
L’abolition de l’ASRA inquiète l’industrie
Par: Jean-Luc Lorry
L’industrie du veau de lait au Québec devra se passer du programme d’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) en 2016.  Photothèque | Le Courrier ©

L’industrie du veau de lait au Québec devra se passer du programme d’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) en 2016. Photothèque | Le Courrier ©

L’industrie du veau de lait au Québec devra se passer du programme d’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) en 2016.  Photothèque | Le Courrier ©

L’industrie du veau de lait au Québec devra se passer du programme d’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) en 2016. Photothèque | Le Courrier ©

L'abolition en 2016 du programme d'Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) dans le secteur du veau de lait, une compensation financière que reçoit l'éleveur lorsque le prix de vente moyen est inférieur au coût de production,

Fin janvier, nous révélions que devant l’impossibilité d’établir un coût de production représentatif de l’industrie du veau de lait, la Financière agricole du Québec avait appliqué une série de mesures entraînant une réduction significative des montants octroyés via le programme ASRA.

En complément, un comité de travail composé de représentants de la Fédération des producteurs de Bovins du Québec, de la Financière agricole et du ministère de l’Agriculture avait été mis sur pied afin que le milieu démontre sa capacité à répondre aux normes et aux règles régissant le programme ASRA.

Comme les travaux du comité se sont retrouvés dans une impasse, le conseil d’administration de la Financière agricole a décidé le 12 juin de mettre fin à ce programme dès le 1er janvier 2016.

Intégrateurs inquiets

L’abolition de l’ASRA aura un impact significatif sur Délimax et Écolait, deux entreprises basés à Saint-Hyacinthe qui contrôlent 90 % de l’industrie du veau de lait au Québec et gèrent l’ensemble des étapes de production, de l’alimentation à l’abatage.

« La fin de l’ASRA représente pour nous le retrait d’un filet de sécurité. Nous avons rencontré les producteurs avec qui nous faisons affaire et ils sont très inquiets », indique en entrevue au COURRIER, Fabien Fontaine, président-directeur général de Délimax.

« Je pense que la Financière agricole a pris une décision trop rapide et n’a pas évaluée les conséquences comme une possible chute de la production », poursuit-il.

Ce dirigeant craint que l’arrivée en 2016 de la concurrence européenne sur les tablettes des épiceries à un prix inférieur ébranle l’industrie du veau de lait au Québec.

Chez Écolait, on se dit déçu et inquiet, mais pas surpris outre mesure. « Nous allons voir avec nos producteurs à ce que l’élevage se poursuive dans les meilleures conditions possibles et allons assurer que toutes les mesures seront prises auprès de diverses instances pour tenter de renverser cette décision de la Financière », a indiqué par voie de communiqué, Mario Maillet, président-directeur général d’Écolait.

André Lussier, un éleveur de veau de lait indépendant installé à Saint-Dominique, considère que la fin de l’ASRA aura davantage de conséquences pour sa petite entreprise que pour Délimax et Écolait.

« Le but de l’ASRA était de protéger les petits éleveurs indépendants comme nous face aux intégrateurs qui ont pris le contrôle du marché du veau de lait, déplore M. Lussier. Les éleveurs indépendants auront deux choix: soit fermer leurs portes ou se mettre à forfait avec un intégrateur. »

Selon lui, cette décision aura également un impact sur les finances de l’Union des producteurs agricoles (UPA). « La Fédération des producteurs Bovins du Québec qui dépend de l’UPA ne pourra plus prélever entre 8 et 10 $ par veau », observe M. Lussier.

Programmes Agri

À défaut de ne plus avoir accès à l’ASRA, les entreprises oeuvrant dans le secteur du veau de lait seront désormais admissibles aux programmes Agri-Québec et Agri-Québec Plus qui pourront être jumelés à ceux d’Agri-stabilité et d’Agri-investissement.

« Ces programmes sont offerts sur une base individuelle et n’offrent pas, à la différence de l’ASRA, une assurance collective. Bien qu’il s’agisse d’estimation, nous avons calculé que les producteurs indépendants devraient être avantageusement couverts par ces programmes », mentionne Louis-Pierre Ducharme, porte-parole de la Financière agricole.

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