29 août 2013 - 00:00
Lâche pas mon Gérard
Par: Martin Bourassa

De fidèles lecteurs m’écrivent régulièrement, d’autres prennent le temps de me téléphoner. Habituellement, et cela vous surprendra peut-être, c’est pour m’encourager et pour me dire qu’ils sont en accord avec mes idées et mes propos.

Beaucoup sont frustrés par tout et par rien.Tiens, par exemple, par les cols bleus qui arrosent les plates-bandes les jours de pluie, ne riez pas celle-là revient une ou deux fois chaque été, ou encore par des décisions politiques douteuses, autant sur la scène municipale que provinciale.Cet été, un fidèle lecteur et abonné du COURRIER de « 82 ans et demi », la précision est de lui, m’a fait part de son écoeurement. Il venait de recevoir son compte de taxes scolaires, preuve qu’il est encore autonome, et il avait sursauté en prenant connaissance de son augmentation, preuve qu’il est encore lucide.Il en avait gros sur le coeur ce bon monsieur Gérard, c’est son prénom.Il pestait contre « la Pauline », ou a-t-il dit « la Marois »?Peu importe, il ruminait contre celle qui avait marché avec les étudiants pour s’opposer au dégel des frais de scolarité, mais qui ne faisait rien pour empêcher les commissions scolaires de hausser de façon grossière les taxes scolaires. Je lui ai mentionné que notre première ministre serait bien mal placée pour faire la leçon aux commissions scolaires, car c’est en bonne partie en raison des compressions imposées par Québec que les commissions scolaires ont décidé, faute de mieux, de refiler une partie de la note aux contribuables. Même la ministre de l’Éducation, Marie Malavoy, a refusé de critiquer les commissions scolaires. On se doute pourquoi.Dans la même logique cher monsieur, il faut aussi s’attendre à voir nos taxes scolaires augmenter encore un peu l’an prochain et l’autre après…Évidemment, cette explication n’a pas calmé Gérard une minute.Ces taxes, il les déteste, d’autant plus, dit-il, qu’il y a au moins 50 ans que ses propres enfants ne vont plus à l’école. « Vais-je devoir payer ces maudites taxes toute ma vie? » m’a-t-il demandé. « Pour encore un petit bout certain, je l’espère pour vous, du moins tant que vous posséderez votre maison mon bon monsieur. »En tout cas la Pauline, il l’avait de travers « là où les poules font des oeufs ».J’ai promis de faire le message et il a raccroché le coeur heureux, lui qui avait juste auparavant échoué dans sa tentative de sensibiliser à sa cause son député local.Des Gérard, j’en connais des tonnes, mais il ne descendront jamais dans la rue pour manifester. Des gens qui ont reçu leur compte de taxes scolaires avec incrudilité et perplexité, et qui vont le payer sans trop rouspéter, sachant que rien ne changera.Moi le premier. J’attendais une hausse autour de 25 % comme annoncée par les autorités de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH) avant la pause estivale. J’ai finalement reçu une augmentation de 39 %, ce qui représente une hausse de 133 $, attribuable en bonne partie à l’augmentation de valeur de ma propriété lors de l’adoption du plus récent rôle d’évaluation de la Ville. J’assume et je paie.Le plus fâchant dans ce dossier, pour rester poli, c’est que tout cet argent supplémentaire que l’on donne de notre poche ne servira pas à offrir de meilleurs services ou plus de ressources dans nos écoles pour les jeunes en difficulté.Il ne servira pas à regarnir les bibliothèques, à renouveler les dictionnaires ou à prévenir la moisissure. Il va servir à maintenir les services actuels à niveau, à empêcher des coupures plus ingrates encore compte tenu des compressions de Québec.Et malgré tout, les commissions scolaires manquent d’argent et ne ratent plus une occasion de nous refiler une facture ou deux. Comme celle toute nouvelle à la CSSH pour le transport des élèves de familles recomposées vers une seconde adresse. Et je ne parle même pas des frais pour les manuels, les activités, le matériel scolaire, les options particulières, etc. Tout compte fait, l’école publique coûte une méchante beurrée. Bonne rentrée quand même… et ne lâche surtout pas mon Gérard.

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