27 décembre 2018 - 10:38
Un nouveau service sur pied
L’Alcôve à l’heure de la cyberdépendance
Par: Benoit Lapierre
Manon Desrosiers, directrice générale de la Maison l’Alcôve et Nathalie Lacasse, intervenante, attendent les inscriptions dans le cadre du nouveau programme de lutte à la cyberdépendance. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Manon Desrosiers, directrice générale de la Maison l’Alcôve et Nathalie Lacasse, intervenante, attendent les inscriptions dans le cadre du nouveau programme de lutte à la cyberdépendance. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La Maison l’Alcôve a ajouté une corde à son arc dans le traitement des dépendances en accueillant dans son équipe Nathalie Lacasse, une éducatrice spécialisée en cyberdépendance, ce nouveau fléau qui fait des ravages parmi les internautes de tout âge.

« Les statistiques sont assez effarantes. Selon la Société canadienne de pédiatrie, par exemple, les enfants de 10 ans et plus passent en moyenne 7,48 heures par jour devant la télé à jouer à un jeu vidéo, ou devant l’ordinateur. C’est presque quatre fois le temps recommandé par les pédiatres. Le risque de perte de contrôle du temps d’utilisation est très grand », explique Nathalie Lacasse.

Comme il s’agit d’un domaine nouveau pour lequel il n’existe pas encore de formation offerte aux intervenants, elle a monté de toute pièce un programme d’intervention en cyberdépendance avec l’équipe de l’Alcôve. « Nous avons appliqué des principes de base qui font déjà leur preuve. C’est un programme unique et, à notre connaissance, c’est une première au Québec. Nous n’allons pas jouer dans les plates-bandes des groupes de prévention : nous intervenons en traitement. »

Les cyberrelations (sites de rencontre, réseautage social, clavardage, textes sur messagerie mobile, courriels), le cybersexe (échange, visionnement, téléchargement de matériel pornographique, actes sexuels durant la connexion, recherche de partenaires en ligne, clavardage, communication webcam) et les jeux en ligne (jeux vidéo, jeux de hasard et les transactions en ligne) constituent les principaux champs d’intervention en cyberdépendance.

L’Alcôve propose des rencontres individuelles ou des interventions de groupe pour les 8 à 12 ans, les 13 à 17 ans et les adultes, de même que des interventions pour toute la famille et du soutien aux proches.

Mme Lacasse traite aussi les personnes atteintes de nomophobie, c’est-à-dire celles qui vivent dans la peur d’être séparées de leur téléphone mobile. « Chez certaines personnes, la crainte d’être éloignée de l’appareil en question est constamment dans leurs pensées. C’est une réelle dépendance, une dépendance comportementale », poursuit l’intervenante.

Le nouveau service mis en place à la Maison l’Alcôve est offert gratuitement, même s’il n’est pas encore subventionné. « Nous travaillons très fort pour obtenir du financement d’une quelconque façon », mentionne la directrice générale de la Maison, Manon Desrosiers.

Au Québec, ajoute Nathalie Lacasse, on estime qu’une personne sur cinq utilise de façon problématique l’ordinateur, la tablette ou le téléphone intelligent. « La cyberdépendance, c’est une réalité bien vivante dont souffrent beaucoup d’enfants et de parents démunis face au phénomène. Il y a de l’éducation à faire sur le danger parce que la tablette, c’est le crack électronique, c’est comme un gramme de cocaïne. Mais il y a de l’espoir parce que c’est possible de reprendre le contrôle sur tous ces médias, de se réapproprier une utilisation saine de l’écran. Comme société, c’est normal qu’on ait à s’ajuster à tout ça, mais il ne faut pas jouer à l’autruche », conclut l’intervenante.

On peut la joindre au 450 773-7333 ou à l’adresse cyber@maisonlalcove.com.

image