4 octobre 2018 - 00:00
Fermeture du Centre de soutien et de services aidants/adultes
L’argent n’a jamais été au rendez-vous
Par: Olivier Dénommée
Sylvie Grimard, directrice générale et fondatrice du Centre de soutien et de services aidants/adultes. Photo Facebook

Sylvie Grimard, directrice générale et fondatrice du Centre de soutien et de services aidants/adultes. Photo Facebook

Sylvie Grimard, directrice générale et fondatrice du Centre de soutien et de services aidants/adultes. Photo Facebook

Sylvie Grimard, directrice générale et fondatrice du Centre de soutien et de services aidants/adultes. Photo Facebook

Malgré des centaines de clients depuis trois ans, ses projets d’expansion et une très récente subvention de l’Appui Montérégie, le Centre de soutien et de services aidants/adultes (CSSAA) a définitivement fermé ses portes en juillet. Cette fermeture est survenue quelques mois après la fin d’un service aux aidants piloté par le Centre de Bénévolat de Saint-Hyacinthe et des coupes dans les services de la Société Alzheimer des Maskoutains-Vallée des Patriotes.


« Après 38 mois de travail acharné, d’espoir, de déception et [de] dévouement exceptionnel envers la clientèle, le Centre de soutien et de services aidants/adultes a cessé définitivement ses activités le 27 juillet », écrivait la directrice générale de l’organisme, Sylvie Grimard, dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux.

Selon elle, les problèmes financiers, qui sont apparus dès la fondation du Centre, étaient devenus trop lourds pour continuer l’aventure, même si, quelques semaines auparavant, le CSSAA avait reçu environ 40 000 $ en subvention de l’Appui Montérégie dans le cadre du projet Soutien aux proches aidants en milieu de travail. Il s’agissait du premier versement d’un octroi de 200 065 $ sur trois ans.

Mme Grimard n’est pas la seule à être amère de cette fermeture : des membres du conseil d’administration de l’organisme, des employés et des fournisseurs se sentent floués d’avoir mis autant d’énergie et, dans plusieurs cas, d’argent dans cette aventure (voir autres textes). Tout le monde a été mis devant le fait accompli et plusieurs assurent ne jamais avoir vu venir la fin subite du CSSAA.

DÈS LE JOUR 1

Sylvie Grimard affirme avoir peiné « dès le jour 1 » à obtenir du financement pour faire rouler le CSSAA, à commencer par le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC). « On a fait la demande, mais il faut être actif depuis un an pour y avoir droit. Et à l’an 2, on m’a annoncé qu’on ne pouvait pas nous l’accorder parce qu’on était en compétition avec d’autres organismes et qu’on dédoublait des services offerts par les autres », explique l’ancienne directrice générale, qui a toujours considéré que le CSSAA « passait entre les craques de ce qui n’était pas couvert par les autres ». Cette absence de subvention aurait donc privé le CSSAA de 150 000 $ par année à cause de cette interprétation différente, un trou énorme pour un organisme naissant. « Ça a été ça pendant trois ans », résume-t-elle.

Ironiquement, selon Mme Grimard, son organisme aurait été éligible au PSOC dès cet automne, mais il était malheureusement trop tard pour sauver le Centre, qui comptait un passif de près de 390 000 $ en date du 1er mars 2018, une hausse de plus de 160 000 $ en un an.

ET MAINTENANT?

Ceux qui ont gravité autour du CSSAA sont unanimes : l’organisme sans but lucratif offrait des services essentiels dans la région maskoutaine et plusieurs ont exprimé leur déception de voir que des utilisateurs n’auront plus droit à leurs services. « Le CSSAA répondait à un besoin dans la région. Maintenant les proches aidants ne savent plus où aller », s’est désolé Benoît Rainville, membre du premier CA. « J’aimais mon emploi et j’avais une très belle relation avec ma clientèle. Puis, du jour au lendemain, elle se bute à une porte fermée. Ce sont les personnes que nous aidions les véritables perdants dans l’histoire », renchérit un ancien employé du Centre. Les services offerts par l’organisme comprenaient une halte-répit, un service de transport et d’accompagnement et des ateliers de formation aux proches aidants.

« À la halte-répit, il y avait beaucoup de clientèle, et la Société Alzheimer a repris ça », précise tout de même Mme Grimard, qui a transféré le matériel de sa halte-répit (matériel de stimulation, bricolage, jeux de société, etc.) à l’autre organisme pour qu’il puisse reprendre le service dès la mi-septembre. La Société Alzheimer a même embauché du personnel qui travaillait pour le CSSAA pour poursuivre sa mission. Quant au contrat de service de transport, notamment avec les sœurs de Saint-Joseph, il a été récupéré par Services IAMD, une entreprise privée lancée en 2017 par le fils de Mme Grimard et dont cette dernière est aujourd’hui vice-présidente développement des affaires.

« Mais la formation et les groupes de soutien, il n’y en a plus. Tout ce qu’on a développé, personne n’a repris ça, déplore l’ancienne directrice générale. Ce qu’on faisait, personne d’autre ne faisait ça. On était un multicentre avec des spécialistes dans chaque domaine où on supportait vraiment les gens. »

POINTES ÉLECTORALES

Sylvie Grimard pointe sévèrement du doigt le manque de support financier du gouvernement. « On peut se poser la question, à savoir si le gouvernement est vraiment préoccupé par le soutien aux aidants. Pour ma part, la réponse fut claire, nette et précise. C’est non! », tranche-t-elle notamment dans sa lettre ouverte. « Le ministère est content d’avoir un organisme communautaire qui donne des services, mais l’argent ne suit jamais les clients qu’on nous réfère », ajoute Mme Grimard en entrevue. 

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