14 février 2019 - 10:35
Exposition Manœuvrer l’incontrôlable
L’autonomie automobile vue d’un œil artistique
Par: Maxime Prévost Durand
François Quévillon nous plonge dans l’univers des voitures autonomes dans le cadre de Manœuvrer l’incontrôlable, l’exposition qu’il présente à Expression jusqu’au 21 avril. Photo François Larivière | Le Courrier ©

François Quévillon nous plonge dans l’univers des voitures autonomes dans le cadre de Manœuvrer l’incontrôlable, l’exposition qu’il présente à Expression jusqu’au 21 avril. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’univers des véhicules autonomes fascine François Quévillon. Il soulève chez lui de nombreux questionnements, auxquels il n’a pas toujours les réponses. Cette technologie de demain, qui commence déjà à se faire présente dans le monde d’aujourd’hui, alimente ses recherches depuis quelques années déjà, si bien que l’artiste en arts médiatiques a choisi d’en faire le cœur de son exposition Manœuvrer l’incontrôlable, présentée depuis samedi à Expression.

Chose peu commune au Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe, toutes les œuvres qu’on y retrouve sont de l’ordre du numérique, qu’il s’agisse de séries de vidéos, de dispositifs interactifs, procéduraux ou audiovisuels. Pour l’occasion, la salle est plongée dans la pénombre, éclairée seulement par les œuvres elles-mêmes.

« Il est vrai qu’on n’a pas eu beaucoup d’expositions comme ça, mais on essaie de toucher aux différents médiums, soutient le directeur général et artistique d’Expression, Marcel Blouin. On n’est pas un centre spécialisé en arts médiatiques, mais c’est tellement présent en art contemporain! Ce n’est pas tant le médium qui nous intéresse que les questionnements sur la société qui en ressortent. »

D’une certaine façon, François Quévillon explore les impacts de l’intelligence artificielle sur nos vies à travers son travail. Il y pose un regard critique et songeur dans cette exposition, dont le commissaire est Eric Mattson.

« Pas mal tout le corpus de l’exposition est lié aux véhicules autonomes. J’ai choisi ce sujet parce que ça a des répercussions très concrètes sur notre monde. Si une auto ne comprend pas le monde qui l’entoure et tue quelqu’un, ça a une conséquence très concrète », image François Quévillon.

Comment la voiture autonome réussirait-elle à faire la différence entre la route et le trottoir après une importante chute de neige comme celle que l’on a connue cette semaine? Comment réagirait-elle en zone de construction où un signaleur indique de changer de voie pour avancer, même si au sens de la loi, il est interdit de le faire à cet endroit? « Il y a toute sorte de questionnements socioculturels qui viennent avec ça », relate l’artiste montréalais, qui possède une formation en arts visuels et médiatiques à l’UQAM.

Pour mieux comprendre son fonctionnement, François Quévillon a choisi d’utiliser des instruments semblables à ceux d’une voiture autonome. Ainsi, une caméra est installée à l’avant de sa voiture depuis deux ans, un peu comme une GoPro, ce qui lui permet de capter une foule d’informations. Grâce à un système développé par une université du Royaume-Uni, il peut ensuite traiter les données qui sont enregistrées. « Les technologies sont rendues beaucoup plus sophistiquées aujourd’hui, mais il reste que ça montre des problèmes de base », explique-t-il.

L’expérience a donné lieu à des scènes cocasses, comme on peut le constater dans l’œuvre « Manœuvres ». Dans une série de vidéos, l’une d’elles met en lumière l’algorithme de détection d’objets de la caméra et traque les insectes qui défilent devant l’objectif. « Quand on regarde la vidéo, on a l’impression que la caméra suit la bibitte, mais la bibitte est toujours en avance d’une frame. »

Au cœur de l’exposition, un dispositif interactif intitulé « Conduite algorithmique » permet également au public de mettre en relation plus de 21 dimensions, dont la vitesse, le son, la stabilité de la route et la température, pour générer sa propre vidéo à partir des images filmées par l’artiste. Ces images ont été tournées tant sur des autoroutes que des « trails », de Terre-Neuve à Saskatoon, en passant par Détroit.

« C’est drôle parce que le jour où j’arrivais à Détroit, j’ai rencontré un conseiller de la ville tout à fait par hasard et il était en train de commencer à faire circuler des véhicules autonomes dans la ville », raconte le Montréalais.

Pour Manœuvrer l’incontrôlable, François Quévillon explore également les objets connectés et la surveillance d’événements potentiellement catastrophiques. Il s’est notamment penché sur la modélisation 3D de certains espaces à travers le monde, lesquels interagissent avec la présence du public et se transforment en temps réel au gré des phénomènes météorologiques qui les touchent.

L’exposition est présentée à Expression jusqu’au 21 avril.

Concours « Place à la création »

En marge de l’exposition de François Quévillon, le concours « Place à la création » est de retour pour une 17e édition.

Avec ce concours de création littéraire et visuelle, Expression souhaite récompenser le talent de chez nous, tout en favorisant le développement de la pensée critique et créative des participants.

Après leur passage au Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe, les visiteurs sont invités à soumettre soit un texte critique portant sur l’exposition, un texte créatif (poème, récit ou nouvelle) ou une création visuelle en lien avec le travail de l’artiste. Tant le grand public de la MRC des Maskoutains, que les étudiants du collégial et les élèves du secondaire sont conviés à y participer dans les différentes catégories proposées.

La date limite pour remettre les projets est le vendredi 29 mars, à 17 h. Des prix de 100 $ et 200 $ seront remis aux gagnants, lesquels seront dévoilés en mai. Pour toute l’information, on visite le www.expression.qc.ca.

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