13 septembre 2012 - 00:00
Grâce aux nouveaux arrivants du Burundi
Le basketball en bonne santé à Saint-Hyacinthe
Par: Maxime Desroches
De nouveaux arrivants du Burundi ont relancé la popularité du basketball chez les garçons à Saint-Hyacinthe.

De nouveaux arrivants du Burundi ont relancé la popularité du basketball chez les garçons à Saint-Hyacinthe.

De nouveaux arrivants du Burundi ont relancé la popularité du basketball chez les garçons à Saint-Hyacinthe.

De nouveaux arrivants du Burundi ont relancé la popularité du basketball chez les garçons à Saint-Hyacinthe.

À la rentrée scolaire l’an dernier, l’enseignant en éducation spécialisée Jean-Philippe Loignon s’est vu confier le mandat de former l’équipe masculine de basketball juvénile à la Polyvalente Hyacinthe-Delorme. Avec un bassin d’étudiants avoisinant les 2 200, la tâche aurait pu sembler facile à remplir. C’est pourtant après maints efforts qu’il a réussi à rassembler une dizaine de garçons afin de représenter le Drakkar à travers la région.

Bien que personne n’en ait parlé explicitement, M. Loignon est d’avis que la tragédie ayant entraîné la mort de trois jeunes membres de l’équipe alors qu’ils se rendaient en voiture à un match à Granby, en décembre 2010, en a démotivé plusieurs, autant parmi le personnel de l’école que parmi les élèves.

« J’ai l’impression que plusieurs ont cru qu’un mauvais aura planerait au-dessus du basketball après que ces tristes événements se soient produits. Au retour en classe l’année suivante, plus personne ne voulait s’impliquer, alors que l’équipe féminine était tout aussi populaire qu’auparavant. Il y avait un besoin criant, et j’ai décidé d’investir temps et énergie afin de monter un club », raconte M. Loignon.À la suite d’une décision administrative de l’école, le transport pour les rencontres à l’extérieur se fait exclusivement par autobus pour tous depuis la rentrée en 2011, mais il en fallait plus pour redonner la cote à ce sport auprès des garçons de la PHD.« Pour plusieurs, c’était un sujet toujours douloureux à ce moment. D’ailleurs, ce l’est encore aujourd’hui. Mais j’aurais trouvé dommage que le basketball disparaisse complètement de la map à la PHD, car le sport en milieu scolaire demeure l’une des meilleures sources de motivation à poursuivre ses études. »C’est finalement en recrutant quelques jeunes immigrants du Burundi fraîchement arrivés à Saint-Hyacinthe que Jean-Philippe Loignon a pu donner un second souffle au Drakkar. La plupart de ces garçons étaient en classe d’aide à la francisation et vivaient une période d’adaptation au plan culturel.« La majorité présente des difficultés d’apprentissage importantes. Le basketball s’est tout de suite avéré un levier intéressant afin d’encourager leur persévérance scolaire. Pour arriver à défrayer leurs frais d’inscription, plusieurs doivent oeuvrer comme marqueurs lors des matchs de l’équipe féminine de basketball, la fin de semaine », image-t-il. Cela donne une idée des sacrifices qu’ils sont prêts à consentir au quotidien pour pratiquer le sport qui les passionne. »Aussi entraîneur de basketball dans la région maskoutaine, notamment avec le club civil des V-Kings du Richelieu, Patrick Kervin constate le même phénomène depuis deux ans. Non seulement ces nouveaux arrivants sont-ils mordus de basketball, mais plusieurs d’entre eux ont aussi des capacités athlétiques hors du commun.« Dans nos équipes d’âge mini et cadet, plus du trois quart des membres de l’équipe sont des Burundais. Parmi eux, plusieurs sont des athlètes dominants parmi les joueurs de leur groupe d’âge. C’est notamment le cas d’Obed Binoska, qui a fait écarquiller bien des yeux en classe cadet AAA », affirme-t-il.Il devient très difficile de les sortir du terrain tellement ils en mangent. L’essentiel demeure de faire un bon suivi académique de manière à ce que le basketball ne prenne pas toute la place », concède-t-il.

Des résultats surprenants

Malgré un groupe de joueurs peu expérimentés, le Drakkar de la PHD s’est rapidement mis à surprendre l’un après l’autre ses rivaux de la région montérégienne en division 3. Il a terminé la saison 2011-2012 avec une fiche de huit gains et deux revers. Plusieurs victoires se sont conclues avec d’importants écarts de différence au tableau de pointage.

Un an plus tard, l’entraîneur Loignon misera sur le retour de quelques-uns de ses joueurs, et sur l’arrivée de quelques autres étudiants burundais afin de faire le saut en division 2, en compagnie de plusieurs écoles privées aux moyens financiers avantageux.« Nos infrastructures et nos équipements ne sont peut-être pas de taille avec ces collèges, mais j’ai bon espoir qu’au niveau talent, nous leur tiendrons tête. À la PHD, nous avons l’avantage du bassin d’élèves. Les membres des équipes adverses sont souvent étonnés de voir Saint-Hyacinthe débarquer avec un club formé à 50 % de joueurs d’origine africaine. Nous n’étions pas reconnus comme une puissance, mais avec les succès obtenus l’an dernier, le Drakkar se fera tranquillement une réputation », affirme-t-il avec confiance, ajoutant que l’équipe pourra désormais compter sur les services de Jérôme Desrosiers, membre de l’équipe Québec U15, qui ne pouvait s’aligner avec les juvéniles en 2011 étant donné son âge.En terminant, M. Loignon souligne que la ligue de basketball maskoutaine pour les plus jeunes – la Maskaball – assurera une relève à la PHD pour les équipes de classe benjamin et cadet.

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