5 décembre 2013 - 00:00
Le bien commun en péril (suite)
Par: Le Courrier

La semaine dernière, j’ai assisté à une conférence de Dominic Champagne, auteur et metteur en scène québécois. À travers son histoire, il est venu nous entretenir du cas de l’Île-d’Anticosti. Je vous rappelle qu’on est présentement en train de faire de l’exploration pour éventuellement extraire du pétrole de schiste de ce joyau québécois. Cette conférence m’a fait réfléchir sur cette question et sur la mobilisation. Dans ce texte, je vous présente mes conclusions.

Premièrement, c’est dommage que la majorité de la population vive sur le pilote automatique. Cette insouciance peut avoir un prix. Par exemple, l’an dernier, le gouvernement fédéral a réformé l’assurance emploi. Un mouvement de contestation s’est organisé. J’ai essayé de mobiliser mes collègues enseignants pour que l’on démontre à Stephen Harper que c’était inadmissible. Évidemment, il n’y a pas beaucoup de monde qui a répondu présent. Par contre, plusieurs sont revenus au travail en septembre en devant rembourser les prestations qu’ils ont reçues durant l’été. Qui sait, si nous avions eu une mobilisation incroyable, le Parti conservateur du Canada (PCC) aurait peut-être reculé. Le mouvement citoyen contre les gaz de schiste est un beau modèle de mobilisation. L’industrie visait la vallée du St-Laurent, là où la majeure partie de la population québécoise habite. Beaucoup de monde était touché et en plus, c’était du concret. S’il y a un claim sous notre maison, nous pourrions devoir déménager. Dans ce dossier, toutes les conditions « maximales » étaient réunies pour que la mobilisation soit ce qu’elle a été. On peut dire la même chose pour ce qui est du printemps étudiant. La cause touchait une bonne partie de la population (qui sont aux études ou qui ont des enfants qui y sont ou vont y aller) et ça faisait une différence directement dans nos poches. Malheureusement, dans le cas d’Anticosti, je ne crois pas qu’il sera possible de faire changer la décision du gouvernement en manifestant ou en faisant une pétition. Il y a peu d’habitants dans cette région et l’industrie investit dans cette économie nécessiteuse. Cette situation me désole totalement. En tant que citoyen québécois, je n’ai pas envie que l’on bousille l’écosystème de l’Île-d’Anticosti ou des Îles-de-la-Madeleine pour obtenir une quantité négligeable de pétrole. De plus, je ne veux pas que l’on commence à raffiner du pétrole venant des sables bitumineux de l’Ouest canadien. J’aimerais bien que l’on fasse comme certains pays scandinaves et que l’on se dote d’un plan sérieux de sortie du pétrole comme M. Champagne le suggérait dans sa conférence. On est tous coupables, tout le monde consomme du pétrole. Par contre, on pourrait en consommer moins. Que faire alors? Mon idée est simple. Nous n’utilisons pas assez l’influence que nous pouvons avoir en tant qu’électeurs sur notre député de circonscription. J’entendais un exemple de ce qu’un groupe écologiste a fait aux États-Unis. Au lieu de faire des pétitions ou des marches, ce groupe a tenté d’influencer directement des décideurs. Il ne faisait pas de lobbyisme, il sensibilisait des électeurs. Par la suite, ces derniers entraient en communication avec leurs représentants et ils expliquaient leur position. Le résultat : des représentants qui étaient contre des mesures environnementales ont changé leur fusil d’épaule. Toujours selon cet exemple, il semblerait que l’appel d’une dizaine d’électeurs a suffi pour que le représentant change d’idée! Il serait intéressant d’essayer cette méthode. On pourrait peut-être influencer quelques péquistes!

Jean-Simon CarrierEnseignant à Saint-Hyacinthe

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