18 juillet 2019 - 14:22
Plafonnier urbain
Le bon goût plafonne
Par: Le Courrier

Bienvenue dans la première municipalité au Québec dont le centre-ville passe soudainement du statut de « l’un des plus beaux au Canada » à celui de « plaza championne du mauvais goût »…

Le réveil est brutal. Quel coup d’œil unique et aussi quelle fierté c’était pour les Maskoutains que de pénétrer dans leur centre-ville via le pont T.-D.-Bouchard un soir d’été par temps clair, le regard caressé par la parfaite symétrie des lampadaires aux lueurs si chaudes et si accueillantes. Quelle géniale trouvaille que d’éliminer les poteaux électriques de l’environnement il y a plus de trente ans, quel sens esthétique dans l’alignement et l’homogénéité des façades, culminant devant ce Vieux Marché si unique au pays, un joyau historique dont la restauration s’achève bientôt…

C’était trop beau pour durer. Il faut toujours que l’on gâche ce que l’on a de meilleur. Voilà que l’on apprend que les poteaux électriques renaissent en quelque sorte de leurs cendres et font place à ces espèces de « poteaux de cordes à linge » destinés à servir de supports à ce que l’on désigne euphémiquement comme le « plafonnier urbain », c’est-à-dire une envolée de décorations festives modulées selon les saisons. Wow.

Ne disposait-on pas de moyens et d’artifices décoratifs dans le temps des Fêtes et au moment des festivités d’été avant 2019? Il me semble que nos décorations, celles des Fêtes en particulier, étaient de fort bon goût. Et nous avions en prime le plaisir de voir notre environnement reprendre sa simplicité si sereine et si magique en temps ordinaire. Imaginez un arbre artificiel en permanence dans votre salon, en attente toute l’année de recevoir différentes décorations au gré des saisons – et gâchant tout le décor entre-temps!

Paraît-il, selon Laurie Breault, directrice de la SDC, que « les réactions sont extrêmement positives » jusqu’à maintenant. Quelle est l’étendue de l’échantillonnage permettant d’en arriver à une telle conclusion? Dépenser 50 000 $ annuellement, dont 20 000 $ au frais de la SDC, et tout cela pour ruiner irrémédiablement le coup d’œil en transformant le centre-ville en un immense parc à cordes à linge m’apparaît une erreur monumentale, une faute de goût impardonnable. Empruntez la rue des Cascades en soirée à partir du pont et regardez seulement devant vous avant de décider ce que l’on doit en penser…

Claude Borduas, Saint-Hyacinthe

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