18 février 2021 - 07:00
Le bon samaritain de la Yamaska
Par: Rémi Léonard
Patrick Lacasse a pris l’initiative de tracer un sentier de marche sur la rivière Yamaska cet hiver et il est le premier surpris de voir autant de gens l’utiliser. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Patrick Lacasse a pris l’initiative de tracer un sentier de marche sur la rivière Yamaska cet hiver et il est le premier surpris de voir autant de gens l’utiliser. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Alors que le besoin pour des activités hivernales extérieures n’a jamais été aussi grand, un sentier aménagé a fait son apparition dernièrement sur la rivière Yamaska, au grand bonheur de bien des marcheurs.

S’il est devenu rapidement populaire en raison des conditions propices des dernières semaines, son origine a tout de même piqué la curiosité de bien des gens. Au cas où vous ne le sauriez pas encore, son instigateur est Patrick Lacasse, un résident de la rue Saint-Pierre Ouest.

Il ne tenait pas particulièrement à faire connaître son geste, mais il a tout de même accepté de rencontrer LE COURRIER devant l’intérêt grandissant de la population pour ce parcours hivernal. Situé en amont du barrage de la Penman’s, le sentier fait environ 1,8 kilomètre et passe notamment devant la Porte des anciens maires. « Au début, je voulais simplement faire un petit sentier pour moi et ma douce. Je n’aurais jamais pensé que ça puisse prendre cette ampleur-là », s’étonne encore Patrick Lacasse.

« Tant mieux si les gens l’apprécient », rajoute-t-il simplement. On le reconnaît d’ailleurs de plus en plus sur la rivière, qu’il soit en train de déneiger son sentier avec Billy, le chien de sa fille, à ses côtés ou simplement lors d’une promenade. « Je reçois des mercis gros de même! », rapporte le sympathique gaillard. « En faisant ça, je n’attendais rien, mais là, je suis déjà payé », lance-t-il en parlant de ces encouragements.

Popularité croissante

Tracé pour la première fois il y a environ trois semaines, le sentier a même été élargi par la suite devant l’intérêt grandissant. Ayant la rivière dans sa cour arrière, Patrick Lacasse est bien placé pour constater l’engouement exceptionnel qui s’est manifesté dimanche dernier, le jour de la Saint-Valentin. Alors que les conditions étaient particulièrement agréables, il évalue qu’au moins 500 personnes ont dû passer au cours de la journée.

Heureux d’offrir une option de plus à ceux qui ont envie de bouger, il trouve d’ailleurs qu’il est particulièrement plaisant de se balader sur la rivière. Comparativement aux rues plus passantes de la ville, on peut profiter du calme de l’endroit en plus d’ouvrir une autre perspective sur le paysage maskoutain, observe Patrick Lacasse. Heureusement, il dit aussi constater un « beau respect » sur le sentier. La plupart des propriétaires de chiens ramassent derrière eux et les marcheurs gardent naturellement une certaine distanciation, constate-t-il.

Quels moyens?

L’équipement qu’il utilise pour aménager ce sentier est relativement simple : un quatre-roues avec une pelle devant. Lorsque LE COURRIER l’a rencontré mardi, peu après la bordée de neige qui est tombée sur la région, Patrick Lacasse commençait d’ailleurs à voir les limites de son véhicule. Même s’il a réussi sans trop de peine cette fois-ci, une bordée plus importante pourrait compliquer les choses, mais il songe déjà à des solutions pour pouvoir mieux se débrouiller. « C’est sûr qu’à voir l’intérêt des gens, ça me motive à continuer », lance-t-il.

En attendant, il doit plutôt augmenter sa vitesse pour pousser la neige plus loin, ce qui est loin de déplaire à cet ancien coureur automobile. Patrick Lacasse est aussi connu dans la région pour avoir œuvré dans l’industrie du meuble à Saint-Pie, d’où il est originaire, jusqu’en 2015. Aujourd’hui en semi-retraite, il garde encore un pied dans le monde des affaires en étant aux commandes de Délices Lacasse, entreprise qui se spécialise dans la production de bouchées de pâte de noix aromatisées.

Pas de retour à la tradition

Des Maskoutains se souviennent peut-être d’un sentier glacé aménagé par la Ville il y a plusieurs années. Certains ont donc pensé que cette récente initiative pourrait être l’œuvre de la Ville, mais il n’en est rien, a confirmé Brigitte Massé, directrice aux communications. La Ville a cessé cette pratique principalement en raison des enjeux de sécurité ainsi qu’en constatant le nombre décevant de journées dans l’hiver où le sentier était accessible, a-t-elle expliqué.

Le froid des dernières semaines et l’absence de dégel significatif cette année ont offert de belles journées pour la marche sur la rivière jusqu’ici, mais il faudra évidemment demeurer vigilants en fonction de l’évolution de la météo.

Contrairement à la Ville, qui faisait des tests quotidiens à plusieurs points de contrôle pour s’assurer de l’épaisseur de la glace, un simple citoyen ne peut être tenu responsable de déterminer si la rivière est accessible ou non. Patrick Lacasse invite d’ailleurs les utilisateurs à ne pas vouloir allonger de manière démesurée la période où ils profitent des activités sur la rivière. « Soyez attentifs aux signes, et surtout, soyez raisonnables », affirme-t-il.

À titre indicatif, la Croix-Rouge canadienne informe que la glace doit être d’une épaisseur d’au moins 15 centimètres (un peu moins de six pouces) pour la marche ou le patinage individuel et d’au moins 30 centimètres (un peu moins de 12 pouces) pour la motoneige. La couleur de la glace peut également donner une indication, une surface bleu pâle témoigne d’une glace solide, tandis qu’une glace grise est jugée dangereuse puisqu’elle indique la présence d’eau.

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