29 août 2013 - 00:00
Le CAG fait ses derniers devoirs
Par: Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier
Pas d'effervescence dans les corridors, pas de cloche annonçant le début des classes et surtout, pas de nouveaux élèves à accueillir. Au Collège Antoine-Girouard, la rentrée scolaire n'a pas eu lieu, mettant un terme à 201 ans d'enseignement. Pour le directeur général de l'établissement, c'est en silence et dans la déception que s'est déroulé ce dernier retour à l'école.

« Cette rentrée me fait le même effet qu’un processus de deuil, un peu comme le premier Noël passé sans une personne chère. C’est ma première rentrée sans les élèves, ce qui laisse place à une ambiance un peu funèbre », exprime d’entrée de jeu Dominique Lestage, directeur général du CAG.

« Professionnellement, je fais ce qu’il faut, mais la motivation n’est pas la même. Les questions juridiques et légales, ce n’est pas ça la vie d’une école. »M. Lestage et deux autres employés sont les seules âmes qui vivent dans l’établissement. D’ici novembre, ils comptent bien avoir complété la fermeture du collège. Plutôt que d’organiser les premières journées de cours, le directeur général s’affaire à terminer la liquidation des biens du collège. Un peu moins de 10 % du matériel à vendre de l’établissement jonche encore le sol de l’aire commune du CAG.« C’est un peu comme une vente-débarras, mais au niveau scolaire. Nous souhaitions que les autres écoles bénéficient de nos biens et pour cette raison, elles ont pu l’obtenir à des prix dérisoires », explique M. Lestage. Par la suite, l’administrateur et son équipe procèderont à l’archivage de tous les dossiers ainsi qu’aux règlements financiers nécessaires. « Nous avons encore beaucoup d’éléments juridiques à régler, surtout que nous avons choisi de gérer la fermeture à l’interne seulement », souligne celui qui a entamé sa 25 e et dernière année de service au CAG. Lorsque questionné sur son avenir, le directeur général avoue vivre une période de « relocalisation et d’exploration ». Sans avoir un plan de carrière défini, il souhaite poursuivre en gestion dans le monde de l’éducation.

« L’école n’aura pas de dettes »

Bien que les difficultés financières de l’école soient à l’origine de sa fermeture, le CAG sera en mesure d’honorer tous ses engagements monétaires, tant au niveau des fournisseurs que du personnel.

« L’école n’aura pas de dettes. Lors de l’annonce publique de la fermeture du CAG, nous avons pris une décision difficile, mais raisonnable. Nous savions qu’en terminant nos activités cette année, notre bas de laine nous permettrait d’avoir les fonds nécessaires à la fermeture », avance M. Lestage. Selon lui, la facture reliée à la cessation des activités du CAG devrait s’élever à plus ou moins 200 000 $. Certains montants, tels que les revenus engendrés par la liquidation, n’ont pas encore été comptabilisés. Les employés, quant à eux, recevront leurs indemnités de départ et autres sommes dues à la mi-septembre. Les modalités n’ont pas été dévoilées, le directeur de l’établissement alléguant qu’il n’avait pas été « un mauvais employeur, sans pour autant tomber dans la générosité démesurée. Cela représente les économies que le collège avait, mais qui ne garantissaient pas sa survie à long terme ». Il ajoute que les sommes restantes à la fin de l’exercice financier seront redistribuées entre les employés, s’il y a lieu. Le budget de fermeture ne prévoit pas de remise financière au Séminaire.

Et si c’était à refaire

La fin du CAG était-elle inévitable? Pour Dominique Lestage, c’était la seule issue possible.

« Il y a sûrement des choses que l’on aurait pu faire autrement. Mais au point de vue financier, nous n’aurions pas pu arriver à autre chose. »Philosophe, il ajoute : « Il y a un adage qui dit : 100 fois sur le métier, remettez votre ouvrage. Dans notre cas, c’est au moins 1 000 fois que nous avons remis l’ensemble des processus administratifs en question avant d’en arriver là », affirme M. Lestage. En plus d’une baisse constante du nombre d’inscriptions, l’administration du CAG n’était pas propriétaire de ses locaux. Ce statut de locataire l’empêchait de s’appuyer sur des actifs immobiliers afin de traverser cette période sombre, comme l’ont déjà fait certaines institutions privées. « Certains nous ont reproché de travailler en vase clos, de ne pas avoir sonné l’alarme assez rapidement », poursuit le directeur. « Mais dans notre situation, il était primordial de conserver la confiance des parents, de ne pas envoyer de signal de panique. Il ne fallait pas créer un exode de la clientèle alors que nous étions déjà en mode survie. »Malgré cette « cuisante défaite », Dominique Lestage aura fait ses devoirs jusqu’à la toute fin. « Ce n’est pas une victoire et là, il faut vider le vestiaire. Mais je repars avec le sentiment d’avoir fait les choses du mieux que j’ai pu ».

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