25 juillet 2013 - 00:00
Le chien de garde
Par: Martin Bourassa

Avant de m’éclipser pour un petit congé que j’estime bien mérité, je m’en voudrais de ne pas revenir sur la visite récente de l’Unité permanente anticollusion, la fameuse UPAC, à Saint-Hyacinthe.

D’abord, vous noterez que nous avons traité cette nouvelle avec retenue et sans artifices inutiles. Pour l’instant et jusqu’à preuve du contraire, il aurait été quelque peu précipité de partir en peur avec ça.Cette visite, qui remonte au mois d’août 2012, avait toutes les allures d’une visite de courtoisie, selon le récit détaillé que nous en a fait, à notre demande, la directrice générale adjointe de la Ville de Saint-Hyacinthe, Chantal Frigon.On comprend que les inspecteurs de l’UPAC se sont intéressés à la Vile de Saint-Hyacinthe comme ils l’ont fait ailleurs, du moins dans des municipalités similaires, question de vérifier nos façons de faire en matière d’octroi de contrats.Rien ne permet de croire à cette étape que cette visite faisait suite à des allégations de financement illégal ou de magouilles dans l’organisation de campagnes électorales à Saint-Hyacinthe. Et rien ne permet de croire non plus qu’ils ont trouvé matière à scandale et qu’ils reviendront un jour ou l’autre à l’hôtel de ville.Ils ont demandé la liste de tous les contrats de 25 000 $ et plus qui ont été octroyés depuis 1995. Ils ont obtenu cette liste sur CD et sont repartis avec leur petit bonheur.Fin de l’histoire telle que racontée par Mme Frigon. Et c’est sensiblement le même récit qui a été fait de cette visite aux conseillers de la Ville de Saint-Hyacinthe.Le conseiller Bernard Barré s’est fait un plaisir de le confirmer.Et fidèle à son habitude, il en a rajouté une couche, en lançant des fleurs en direction du maire. « S’il y a quelqu’un d’extrêmement honnête en qui on peut avoir confiance, c’est bien Claude Bernier. Il passe ses journées à l’hôtel de ville, toujours collé sur la direction générale : c’est notre chien de garde. »Permettez-moi quelques observations. D’abord, ce commentaire est un peu vexant pour la direction générale. Est-ce que Louis Bilodeau et Chantal Frigon ont besoin de l’omniprésence d’un chien de garde? Faut-il douter de leurs compétences, de leur intégrité, de leur capacité à bien gérer la Ville et à appliquer les orientations dictées par le conseil? C’est en tout cas ce que suggère Bernard Barré.Ensuite, je m’interroge sur le degré de vigilance du chien de garde en question.Je ne sais pas à quel point il est efficace dans son rôle de chien de garde à la Ville, mais pour ce que j’ai été à même de vérifier au CLD et à la Cité de la biotechnologie, deux organismes que préside le maire Bernier, le gentil toutou n’a pas beaucoup de mordant. Surtout quand il est temps d’approuver les comptes de dépenses du directeur général. Dans mon livre, un bon chien de garde ne lui laisserait pas autant de corde.Il se ferait un devoir de vérifier tous ses comptes de dépenses. Il n’en aurait pas laissé passer, sans les signer, 30 % entre la fin 2010 et la fin 2012. Et quand il les signe comme ce fut le cas en 2012, il n’en signerait pas un paquet en fin d’année, en donnant l’impression qu’il s’adonne au rubber stamp. Un bon chien de garde aurait exigé la mise en place de mécanismes rigoureux de reddition de comptes et aurait cherché à resserrer sur-le-champ la gouvernance des deux corporations qu’il préside.Enfin, un bon chien de garde n’aurait surtout pas eu la chienne de répondre aux questions embêtantes du COURRIER dans ce dossier.Tiens, pour en finir avec la visite de l’UPAC à Saint-Hyacinthe. Il n’aurait peut-être pas été superflu pour les enquêteurs de faire un détour par les bureaux de la Cité. Quand je les vois s’intéresser de près à des contrats de 25 000 $ et plus accordés par la Ville, je me dis qu’ils auraient pu avoir une ou deux questions à poser à la Cité au sujet de l’octroi, sans appel d’offres public, du contrat de 14,6 M$ pour la construction du centre de développement pharmaceutique et sur cet autre contrat au montant de 4 M$ qui sera donné, selon la même procédure, pour la construction des locaux de la société Zénith Lab à Saint-Hyacinthe. Je n’en démords pas voyez vous.

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