4 août 2016 - 00:00
Centrale hydroélectrique
Le conseil interpellé
Par: Benoit Lapierre
Depuis le déversement d’eaux usées du 28 juin qui a entraîné la mort de milliers de poissons dans la Yamaska, des regards inquiets se tournent vers la centrale hydroélectrique que la firme ontarienne Algonquin Power exploite au barrage Penman’s.

Quel est l’impact de cette minicentrale sur l’écosystème de la rivière? A-t-elle joué un rôle dans l’hécatombe de la fin juin? Des citoyens s’interrogent, et c’est notamment le cas de Diane Delisle et de sa soeur Marie-Claude, auteure d’une lettre ouverte sur la question qui paraît aujourd’hui dans LE COURRIER.

Toutes deux se sont présentées devant le conseil municipal lundi soir pour exprimer leurs préoccupations aux élus municipaux et à la direction générale. « Quelle est la vision de la Ville sur l’avenir de cette minicentrale? C’est ce que nous aimerions savoir », a lancé Diane Delisle à la période des questions.

« Votre question est très bonne, on en discutait justement avant la réunion. On trouve que le niveau de la rivière est très bas », lui a d’abord répondu le maire Claude Corbeil.

Le directeur général, Louis Bilodeau, est alors intervenu pour expliquer que le rôle du barrage Penman’s était d’abord d’assurer la protection de la prise d’eau de la Ville, en amont. « Je ne vous parle pas du barrage, je vous parle de la centrale », a réagi Mme Delisle.

Au sujet de la centrale, M. Bilodeau a rappelé que la Ville possédait une entente avec l’exploitant concernant un arrêt de turbinage durant une partie de l’été. « Quand l’entente avec Algonquin prendra fin en septembre 2016, on va se rassoir avec eux pour rediscuter des modalités (…). On est très préoccupé par cette question-là (le débit d’eau de la rivière), même si on en parle peu », a-t-il souligné.

Bernard Barré est le seul membre du conseil actuel à avoir assisté comme élu à la construction de la centrale et à son démarrage en 1994, au terme d’un appel de proposition du gouvernement du Québec pour des projets privés de minicentrales.

Il a rappelé que c’est le Maskoutain André Benoit – le frère de Robert Benoit, alors député libéral d’Orford -, qui était parvenu à vendre le projet de centrale à la Ville. Elle avait accepté de louer aux promoteurs une partie du barrage durant 20 ans, en vertu d’un bail renouvelable pour 20 autres années, détail qui n’avait pas été communiqué à la population à la séance d’information du 10 août 1993. « André Benoit, c’était quelqu’un d’important à Saint-Hyacinthe, quelqu’un de la famille. On avait confiance (…). Mais au bout d’un an, peut-être deux, il a tout vendu, il n’était plus là », a poursuivi M. Barré.

André Benoit était actionnaire d’Hydro-Maska, l’une des deux composantes juridiques d’Hydraska, la société qui, officiellement, a réalisé le projet de Saint-Hyacinthe initié par Boralex. C’est en 1999 qu’Algonquin Power a fait l’acquisition d’Hydraska et de la centrale de Saint-Hyacinthe.

Après sa mise en route en 1994, le bras de rivière longeant la centrale et son canal d’évacuation a commencé à souffrir de dramatiques baisses de débit avec moralité de poissons, jusqu’à ce que la Ville obtienne un premier arrêt de turbinage à l’été 2001, en acceptant de ne toucher aucune redevance sur les ventes d’électricité à Hydro-Québec, cette année-là. Depuis, la Ville consent à des pénalités pour qu’il y ait réduction du turbinage au milieu de l’été. « On n’était pas supposé avoir de retombées négatives. Là, il est un peu tard, il aurait fallu que vous veniez il y a 22 ans », a ajouté le conseiller Barré, en s’adressant à ses interlocutrices.

Il a rappelé qu’à l’époque, Saint-Hyacinthe, qui traînait une dette de 78 millions $, avait pu réparer le barrage Penman’s tout en épargnant. De fait, le projet de la centrale avait rendu inutiles des travaux de 275 000 $ sur une facture totale estimée, au départ, à 697 000 $.

Enfin, s’appuyant sur un article de Vianney Théberge dont il a brandi la coupure, M. Barré a affirmé, dans son franc-parler, que LE COURRIER avait appuyé le projet de la centrale à l’époque. « Depuis ce temps-là, ce sont des coups de pied dans le c… qu’ils nous donnent! »

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