1 décembre 2016 - 00:00
Le Dragon : pas un conte de fée!
Par: Olivier Dénommée
Le Dragon : pas un conte de fée!

Le Dragon : pas un conte de fée!

Le Dragon : pas un conte de fée!

Le Dragon : pas un conte de fée!

L’intimidation et le consentement sont au cœur de cette allégorie, selon le metteur en scène Antoine Laprise. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’intimidation et le consentement sont au cœur de cette allégorie, selon le metteur en scène Antoine Laprise. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Juste avant le temps des fêtes, l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe présente sa deuxième pièce de la saison : Le Dragon, écrite par le Russe Evgueni Schwartz en 1944. Cette pièce aux allures de conte dénonçait vivement tout régime autoritariste en pleine Seconde Guerre mondiale, mais le sujet est ironiquement toujours aussi criant d’actualité, selon le metteur en scène Antoine Laprise.


« La pièce a été écrite à une période très particulière, en pleine guerre. Sous forme d’allégorie, de conte, elle dénonce tout système politique autoritaire, ce qui incluait le système russe », explique Antoine Laprise. L’histoire est celle d’un village tyrannisé depuis 400 ans par un dragon qui réclame chaque année une jeune fille en sacrifice, jusqu’à ce que le chevalier Lancelot provoque le dragon en duel pour sauver le village de la menace. Le Dragon a immédiatement été censuré dans l’Union soviétique à l’époque, mais le propos est encore d’actualité, même ici. « C’est une leçon de politique universelle qu’on reçoit. Il y est question d’intimidation, de consentement, et de la façon avec laquelle on arrache ce consentement au peuple et aux jeunes filles », affirme Antoine Laprise, qui n’avait pas encore réalisé toute la richesse du propos de la pièce au moment de la choisir.

Derrière le ton léger et humoristique que prend Le Dragon se cache une triste prise de conscience pour les finissants qui ont préparé la pièce, particulièrement avec toutes les dénonciations d’abus sexuels dans l’actualité et les résultats de la dernière élection américaine. « Le conte sert à nous immuniser contre les prédateurs, en quelque sorte », estime le metteur en scène, citant en exemple Le Petit Chaperon rouge et Le Petit poucet. « Ce sont des cours de survie en société, qui nous apprennent comment agir quand on se fait piétiner par le pouvoir, et quand on fait face au sexisme et au harcèlement. Le Dragon est un conte de fée qui vient nous dire que la vie n’est pas un conte de fée! » Il espère que les présentations auront un peu le même effet que ce que voulait vraisemblablement Evgueni Schwartz en écrivant la pièce : « brasser un peu la cage, politique et sociale, et garder le monde lucide ».

L’équipe technique a aussi eu un beau défi avec cette pièce, qui utilise des symboles communs de l’imaginaire collectif. « Avec les dragons et les chevaliers, c’est facile de tomber dans les clichés. Il a fallu les contourner pour utiliser des symboles à la place », selon Antoine Laprise, dont la troupe a aussi incorporé des marionnettes et des costumes de carton dans ce spectacle d’un peu moins de deux heures.

Les représentations de la pièce Le Dragon auront lieu à la salle Léon-Ringuet du Cégep de Saint-Hyacinthe, du vendredi 9 au jeudi 15 décembre à 20 h (à l’exception du dimanche à 16 h et de la relâche le lundi), au coût de 10 $ (5 $ sur présentation de la carte étudiante). Il est possible de réserver des billets en composant le 450 773-6800.

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