4 juin 2020 - 14:48
Le faux dilemme de la piétonnisation de la Cascades
Par: Le Courrier
Considéré comme le poumon commercial de la ville de Saint-Hyacinthe il n’y a pas si longtemps, le centre-ville maskoutain s’est nécrosé peu à peu avec des décisions douteuses de l’administration municipale lors des deux dernières décennies.

Le surdéveloppement immobilier près de l’autoroute 20 combiné à l’imposition des parcomètres payants dans le bas de la ville a donné le coup de grâce à l’un des secteurs économiques les plus imposants de la Montérégie. […]

Même si la plupart du temps, j’écris pour dénoncer les positions de l’administration municipale, vous serez sans doute surpris d’apprendre que ce ne sera pas le cas aujourd’hui. Je vous exposerai les principales raisons pour lesquelles la rue piétonnière sur la rue des Cascades est une avenue qui mérite un projet pilote de 12 semaines durant l’été.

Les arguments déferlent depuis maintenant quelques jours contre le projet annoncé par l’administration Corbeil. L’argument qui revient sans doute le plus souvent demeure celui de l’accessibilité à cette artère commerciale importante pour le centre-ville. Le plus ironique dans cette affirmation, c’est qu’après une vérification exhaustive, le secteur visé par le projet sur la rue des Cascades représente 39 places de stationnement. Une fois les terrasses ajoutées, cela chute à 32 cases de stationnement.

Le camp du non martèle que la fermeture de l’accès aux voitures pour en faire une rue piétonnière viendrait créer un problème d’accessibilité aux commerçants sur la rue Cascades. Pourtant, je me rends sur une base hebdomadaire dans ce quartier et je n’ai jamais manqué de place pour me stationner dans les cases disponibles autour de ces rues, et ce, même les soirs où le Centre Juliette-Lassonde accueille une célébrité québécoise.

Il y a probablement plus de 900 cases de stationnement dans le centre-ville autour du marché central ou encore dans celui du Centre des arts, et que dire du stationnement derrière la Pharmacie Jean-Coutu. En plus, le terminus d’autobus de la Ville de Saint-Hyacinthe débarque à moins de 100 mètres de la zone visée.

Certes, il y a des personnes qui ne peuvent se déplacer en raison d’une mobilité réduite, mais je suis certain que la Municipalité trouvera un moyen de les inclure dans ce projet pilote. L’accessibilité en voiture autant que par le transport en commun n’est pas un problème. Si une seule personne me prouve qu’elle a été forcée de rebrousser chemin lors de sa venue au centre-ville parce qu’elle n’a pas trouvé une place de stationnement, filmez le tout. Je n’y crois tout simplement pas!

L’autre argument que j’entends souvent, c’est que les commerçants de la rue des Cascades vont perdre en achalandage. Pourtant, plusieurs artères hautement achalandées dans les grandes villes du globe ont pris ce genre de décisions il y a plusieurs années. C’est notamment le cas de Londres et d’Amsterdam en Europe, et plus près de nous, certains arrondissements de Montréal. […]

Plusieurs critiqueront l’accessibilité du site en raison de la fermeture de cette artère principale qu’est la rue des Cascades. Pourtant, la vente trottoir du centre-ville qui se tient chaque été a réussi à mobiliser des milliers de résidents maskoutains. Je ne parle pas ici des résidents des autres villes et villages de la MRC et des régions avoisinantes. Il s’agit de la période phare de nos commerces durant la saison estivale.

Pourquoi ne pas tenter un projet pilote de 12 semaines cet été? Est-ce que le statu quo est vraiment une option? La précarité financière des commerçants sur la rue des Cascades est visible depuis plus d’une décennie. Le déclin de cette artère névralgique pour le développement économique de notre municipalité mérite qu’on lui offre une chance de briller. Il serait peut-être venu le temps de changer notre approche. […]

Malheureusement, la pandémie liée à la COVID-19 entraîne un défi supplémentaire pour nos commerçants. […] La Ville aurait dû faire une consultation publique sur le plan d’une rue piétonnière. Bien que l’idée soit séduisante, pouvons-nous repousser l’initiative à 2021?

Carl Vaillancourt, Saint-Hyacinthe

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