14 mars 2013 - 00:00
Carte postale de Jasmine Bélanger-Gulick
Le grand air de Waterloo
Par: Le Courrier

Des dizaines de kilomètres de sentiers pour le plein air, le plus grand Oktoberfest en Amérique du Nord, le siège social de Research in Motion (RIM) : qui a dit qu’il ne se passait rien au sud de l’Ontario? À Waterloo, la vie est paisible, mais jamais ennuyante.

C’est ce qu’a découvert Jasmine Bélanger-Gulick depuis l’automne dernier. La jeune femme, qui a complété son diplôme d’études secondaires au Collège Saint-Maurice, habite aujourd’hui le campus de l’Université de Waterloo, tout au sud de l’Ontario.

Elle y complète une maîtrise en sciences politiques et s’intéresse particulièrement aux politiques agricoles canadiennes. « La position canadienne sur la scène internationale en matière de politiques agricoles, c’est de défendre la libéralisation du commerce tout en protégeant le système de la gestion de l’offre, qui est un système protectionniste. C’est une position assez contradictoire. Je cherche à comprendre pourquoi le Canada défend une telle position, notamment en examinant la dynamique entre les acteurs du secteur agricole », explique-t-elle, depuis son appartement universitaire.Son choix d’étudier à l’Université de Waterloo s’est imposé par lui-même, car peu de professeurs de sciences politiques ont développé une expertise dans ce domaine pointu. « Au début, quand j’ai choisi l’Université de Waterloo, tout le monde me disait que j’allais aimer l’Université, mais que la ville était plate. Finalement, après quelques mois, je peux dire qu’il y a vraiment de quoi s’occuper et profiter de la région! »

De la carriole au BlackBerry

La Ville de Waterloo compte un peu moins de 100 000 habitants, sans compter les 20 000 étudiants qui s’y donnent rendez-vous chaque automne.

Depuis son arrivée, en août, Jasmine a surtout profité des activités de plein air, qui sont nombreuses dans la région. Des dizaines de kilomètres de sentiers ont été aménagés à l’intérieur et tout autour de Waterloo, contournant les lacs et traversant les parcs de plusieurs acres qui font la fierté de la Ville. « C’est parfait pour la marche et le ski de fond. Même dans la ville et sur le campus, les espaces verts sont omniprésents. J’ai l’impression d’habiter dans un immense parc », raconte-t-elle.À vélo, Jasmine a aussi visité les villages qui ceinturent Waterloo. « Les villages sont très près de la ville. Après cinq minutes de vélo, on est déjà à la campagne. Les paysages sont vallonnés. Ça ressemble un peu aux Cantons-de-l’Est. »Mais les escapades dans la campagne de Waterloo prennent aussi des airs de voyage dans le temps. Le territoire est largement habité par les mennonites, membres d’une communauté religieuse conservatrice qui vit de façon traditionnelle, sans électricité et sans voiture. Ce sont les mennonites qui, en 1804, ont fondé Waterloo. Aujourd’hui, ils sont encore bien présents à la campagne, si bien qu’au paysage pittoresque, il faut ajouter les carrioles tirées par les chevaux, arrêtées devant le magasin général du village. « Ça donne une couleur particulière aux excursions à vélo, surtout quand on ne s’y attend pas, comme moi la première fois! On dirait vraiment une autre époque. »L’image est d’autant plus étonnante que Waterloo est aussi le lieu de naissance et de résidence de Research in Motion, la compagnie canadienne derrière le téléphone intelligent BlackBerry, qui donne dans un mode de vie un peu moins traditionnel!Toujours à la campagne, Jasmine propose un détour par le Marché St. Jacobs, un marché à vocation alimentaire, comme celui de Saint-Hyacinthe.« Du printemps à l’automne, tous les agriculteurs de la région viennent vendre leurs produits, en plus des magasins intérieurs qui sont là à l’année. Il y a de tout et tout est local, même la viande. Comme c’est en bordure de la ville, les mennonites viennent aussi, en carriole, pour offrir leurs produits. »On trouve également au marché les populaires Apple Fritters, un petit plaisir gourmand à ne pas manquer. « Ce sont des pommes frites dans une pâte sucrée. C’est tellement bon. En fait, c’est la meilleure chose que j’ai mangée à Waterloo! »Mais au-delà de la vie agricole, Waterloo, c’est aussi la vie étudiante. Avec deux campus universitaires à proximité, la rue King, l’artère principale de Waterloo, est toujours animée. « Il y a plein de cafés et beaucoup de petits pubs, qui sont surtout visités par les étudiants. Plusieurs d’entre eux brassent leur propre bière. La plupart sont un peu vieillots et tout en bois. Ce sont vraiment des endroits agréables pour relaxer avec des amis », explique Jasmine.Plusieurs de ces établissements licenciés portent des noms allemands, vestige du 19e siècle, alors que Waterloo était une destination populaire chez les colons allemands. Une partie de ce qui est aujourd’hui Kitchener, la ville adjacente à Waterloo, a d’ailleurs porté le nom de Berlin pendant plusieurs années.Pas surprenant, dans les circonstances, que Waterloo et Kitchener tiennent conjointement chaque année leur Oktoberfest, rapidement devenu la plus grande célébration bavaroise du genre en Amérique du Nord. Côté culture, deux salles de cinéma ont pignon sur la rue King. « On y présente les films populaires, mais aussi beaucoup de films de répertoire et des documentaires. Ils y tiennent aussi de petits festivals pour découvrir, par exemple, les longs métrages d’un pays ou d’un réalisateur. » Bref, on ne s’ennuie pas à Waterloo. Sauf peut-être de la poutine. « Les restaurants et les cantines qui servent des frites essayent tous de faire de la poutine, mais ce n’est pas vraiment réussi. En même temps, c’est rassurant de savoir que la poutine n’est pas meilleure à Waterloo qu’au Québec! »

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