15 novembre 2018 - 00:00
Projet de place des spectacles
Le maire Corbeil envoie un « signal fort » en faveur du centre-ville
Par: Rémi Léonard
Voici ce à quoi pourrait ressembler l’espace derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde dans quelques années. Daoust Lestage

Voici ce à quoi pourrait ressembler l’espace derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde dans quelques années. Daoust Lestage

Voici ce à quoi pourrait ressembler l’espace derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde dans quelques années. Daoust Lestage

Voici ce à quoi pourrait ressembler l’espace derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde dans quelques années. Daoust Lestage

Le maire Claude Corbeil a dévoilé la semaine dernière ce qu’il voit comme l’élément central de son plan de revitalisation du centre-ville : une place des spectacles derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde. Cette orientation, partagée par l’ensemble du conseil, a été annoncée aux citoyens lors de la soirée de présentation de la promenade Gérard-Côté (voir autre texte).


D’après les esquisses et les explications données par l’urbaniste Réal Lestage, on peut s’attendre à des similitudes avec la Place des festivals de Montréal (autre réalisation de la firme Daoust Lestage), mais évidemment, à l’échelle maskoutaine. Le maire tient à lancer les travaux « d’ici la fin du présent mandat [en 2021] », a-t-il déclaré.

Cette place publique viendrait concrétiser la vision inachevée d’animation extérieure qui avait été prévue au moment de bâtir le Centre des arts, a expliqué le maire Corbeil plus tard en entrevue avec LE COURRIER. La scène extérieure existe déjà, mais elle est clairement sous-utilisée. L’emplacement situé au cœur du centre-ville a aussi contribué à rallier le conseil autour de cette place publique, vue comme l’élément déclencheur de la revitalisation à venir dans le secteur. La Ville ira de l’avant avec ce projet, évalué entre 2,5 M$ et 3,5 M$, « idéalement » avec un appui des gouvernements, a indiqué le maire.

Le levier tant attendu

M. Corbeil est convaincu que ce projet permettra l’essor du centre-ville à travers sa capacité à générer des investissements privés tout autour, à l’image de ce qu’a été le centre de congrès dans le secteur nord. À partir de maintenant, « c’est dans le secteur du centre-ville que ça va bouger le plus », a-t-il lancé dans son allocution. La promenade Gérard-Côté, et plus spécifiquement la place des spectacles, « c’est notre manière de lancer les choses », a-t-il complété.

Reprenant l’exemple du centre de congrès, le maire a assuré que « l’investissement municipal dans la promenade Gérard-Côté va se multiplier » à la suite de la réalisation du projet, notamment par des projets de requalification d’espaces au centre-ville. Les propos du maire se voulaient ainsi un message aux promoteurs et investisseurs potentiels, qu’il a pris soin d’inviter à la présentation. De nouvelles constructions risquent d’amener une plus grande densité dans le secteur (quatre à six étages, a donné en exemple la firme d’architectes), mais il faudra garder en tête de préserver une certaine « mixité sociale », principe important pour la population, a commenté M. Corbeil.

Parce qu’il faut bien parler de stationnement

Le conseiller du secteur, Jeannot Caron, voit lui aussi un grand potentiel dans cette place des spectacles, qu’il conçoit comme une continuité à la fois du Centre des arts et de la promenade. Cet espace public, il l’imagine animé par des manifestations culturelles, fréquenté par les familles du centre-ville grâce à des jeux d’eau et surélevé pour offrir une véritable vue sur la rivière. Cette élévation pourra aussi permettre l’aménagement d’un stationnement souterrain, propose-t-il, pour compenser la perte de l’espace actuellement utilisé à cette fin.

Du côté du maire Corbeil, il a indiqué que « si on perd des places de stationnement, il faudra en trouver d’autres ». Où? Il est trop tôt pour statuer, a-t-il indiqué, évoquant la possibilité d’un stationnement souterrain ou bien étagé à un autre endroit. De toute manière, il faudra d’abord analyser la nouvelle dynamique qui s’installera en 2019 par rapport au stationnement au centre-ville.

Le maire Corbeil a en effet inclus dans son allocution plusieurs annonces sur le sujet. Tel qu’évoqué la semaine dernière dans nos pages, une importante section des avenues Mondor et Saint-Simon, non loin du Marché public, fera place à un stationnement de 80 places d’ici cet été. Il sera aménagé selon « les meilleures pratiques environnementales » afin de lutter contre les îlots de chaleur, a-t-il promis en s’attirant des applaudissements.

En boni, le grand public aura également à sa disposition le stationnement de la Fédération des caisses Desjardins, dont l’immeuble sera libéré d’ici la fin de l’année, alors que la future bibliothèque n’ouvrira pas à court terme. Même en tenant compte des travaux, on libère ainsi une centaine de places de stationnement, d’après le maire.

Vous pensiez que c’était tout?

Un revirement encore plus marquant attendait l’assistance lorsque M. Corbeil a annoncé le retrait de dizaines d’horodateurs, récoltant encore une fois l’approbation de la foule. Dès le 1er décembre, les horodateurs disparaîtront de la rue Dessaulles et de l’avenue Sainte-Anne, en périphérie, puis une centaine d’autres places tarifées seront retirées des rues du centre-ville dans un « avenir rapproché », a déclaré le maire. La localisation des places touchées sera déterminée en concertation avec les commerçants, résidents et travailleurs du centre-ville, a-t-il aussi indiqué. Des durées maximales, à déterminer selon les emplacements, risquent de remplacer la tarification par horodateurs.

Quatre ans après leur implantation, marquée par une grogne persistante depuis, la Ville de Saint-Hyacinthe recule finalement sur ce point sensible. Qu’est-ce qui a finalement fait la différence? « Quand on a réalisé que les gens nous demandaient encore du stationnement supplémentaire alors que certaines places [contrôlées par les horodateurs] étaient très peu utilisées », a répondu Claude Corbeil, qui voit dans cette décision une preuve d’écoute et d’adaptation de la part des élus.

Toujours dans cette même allocution, le maire a aussi annoncé que le transport en commun local deviendra gratuit la fin de semaine et lors de certaines périodes hors pointe en semaine, comme les jeudis et vendredis soirs. Ce projet pilote de deux ans vise à inciter la population à utiliser le transport en commun, autant pour réduire l’afflux automobile vers le centre-ville que pour permettre aux citoyens qui ne possèdent pas de voiture de se déplacer plus facilement.

Un chantier centre-ville sera également remis sur pied, réunissant des représentants de la municipalité, des commerçants, des citoyens et d’autres organismes à vocation communautaire ou économique. Le maire a aussi rappelé divers projets à venir dans le secteur, comme l’immeuble de logements sociaux et abordables Le Concorde, le réaménagement du parc Casimir-Dessaulles et, bien sûr, le pôle culturel.

L’élan est donné

M. Corbeil a conclu en disant espérer que ces annonces donnent aux citoyens « le goût de s’impliquer » dans cette stratégie de revitalisation. Pour qu’elle soit un succès, il faudra « mobiliser notre communauté et nos deux députées pour aller chercher le financement » nécessaire, a-t-il plaidé en parlant de la promenade Gérard-Côté.

Cette pluie d’annonces est survenue près d’un an jour pour jour après l’élection d’un conseil municipal passablement renouvelé. Après avoir été occupé à régler « un cas majeur dans le haut de la ville », le maire a clairement signifié que le centre-ville est maintenant la priorité.

La soirée d’information arrivait aussi dans un contexte où plusieurs intervenants du centre-ville commençaient à montrer des signes d’impatience par rapport à la stratégie des élus quant à la revitalisation du secteur, stratégie qui tardait à se faire connaître. « On était dû pour des annonces », a reconnu Claude Corbeil.

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