20 octobre 2016 - 00:00
Documentaire tourné à Saint-Hyacinthe
Le manoir Gaulin voyage dans le monde
Par: Olivier Dénommée
Les deux réalisateurs, Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe, sont revenus récemment du Festival international des films de Saint-Petersbourg où Manoir était en compétition.  Photo Robert Gosselin | Le Courrier

Les deux réalisateurs, Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe, sont revenus récemment du Festival international des films de Saint-Petersbourg où Manoir était en compétition. Photo Robert Gosselin | Le Courrier

Les deux réalisateurs, Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe, sont revenus récemment du Festival international des films de Saint-Petersbourg où Manoir était en compétition.  Photo Robert Gosselin | Le Courrier

Les deux réalisateurs, Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe, sont revenus récemment du Festival international des films de Saint-Petersbourg où Manoir était en compétition. Photo Robert Gosselin | Le Courrier

Il ne reste aujourd’hui plus rien de l’ancien manoir Gaulin de Saint-Hyacinthe, ce centre qui accueillait plus d’une trentaine de personnes, généralement aux prises avec des troubles de santé mentale ou de toxicomanie : il a fermé ses portes le 1er décembre 2012 avant d’être démoli par le promoteur qui en a pris possession.


Alors que certains Maskoutains voyaient l’endroit comme un motel délabré, les cinéastes Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe y voyaient un sujet parfait pour un documentaire très humain sur la vie de certains de ses résidents. Ce documentaire, simplement appeléManoir, a été diffusé à quelques endroits dans le monde dans la dernière année.

Après avoir présenté le documentaire de 70 minutes à Montréal et à Québec, mais aussi en Belgique, en Pologne et tout récemment à Saint-Petersbourg en Russie, le tandem de réalisateurs projettera Manoir le 27 octobre à Saint-Hyacinthe, ville qui a vu naître le projet il y a 12 ans. « Avant d’être réalisateur, j’étais intervenant social, explique le Maskoutain Martin Fournier. Dans mon travail, je me suis lié d’amitié avec un résident du manoir et j’ai commencé à y aller de plus en plus souvent pour m’occuper de lui. » C’est là que le déclic s’est fait et qu’il a décidé de réorienter sa carrière vers le documentaire, raconte cet ancien participant de la Course Destination Monde en 1998. Il s’est alors intéressé à la vie des autres résidents du manoir Gaulin, filmant leur quotidien, mais ne sachant pas trop ce qu’il allait en faire. C’était en 2004. 

« En 2009, j’ai rencontré Pier-Luc Latulippe qui m’a dit qu’il avait aimé un autre documentaire que j’avais réalisé, et il m’a proposé de l’aide pour mes prochains projets… le lendemain, il était sur le projet avec moi! », se remémore Martin Fournier. Un troisième équipier, Olivier Tétreault à la direction photo, s’est greffé au duo en 2011.

Avec l’arrivée de Pier-Luc Latulippe, Manoir est devenu un vrai travail d’équipe et a pris la direction qu’on lui connaît. « C’est important pour un film qui se tient d’avoir une histoire et des personnages forts », affirme Pier-Luc Latulippe, qui précise que tout a été filmé « à hauteur d’homme ». Sur les 34 résidents du manoir, une dizaine ont été filmés. Dans le documentaire, on en a gardé six. Le tournage a été un travail de longue haleine, cumulant environ 70 heures d’enregistrements sur une période de huit ans. « On suivait le rythme du quotidien de nos personnages. Parfois on filmait peu, parce qu’il ne se passait pas grand-chose, ou parfois les personnages étaient fatigués ou n’avaient pas trop envie de se faire filmer. D’autres journées, on filmait beaucoup », explique Martin Fournier. Cette façon de faire apporte beaucoup à la dimension humaine du documentaire.

Regard touchant

Les conditions au manoir Gaulin étaient loin d’être roses : « Parfois, à côté de nous, il y avait des gens qui criaient ou qui se battaient. Le milieu était insalubre et il y avait des punaises partout. Ça puait et ça sentait fort », reconnaît Martin Fournier. « Mais notre but était d’essayer de trouver une lumière, et de montrer autre chose de ces gens qui en arrachent. » 

Jusqu’à présent, la réponse du public est très positive et bien des spectateurs ont été touchés par ce qu’ils ont vu. « On nous dit que ce n’est pas un documentaire sur la maladie, mais sur les êtres humains qu’on ne voit pas, à qui on ne donne jamais la parole », résume Martin Fournier. « Certains pleurent en voyant le documentaire et réalisent des choses sur leur propre vie », ajoute son collègue. Le film frappe encore plus à l’étranger, alors que personne ne s’imagine qu’une telle réalité est possible dans un pays comme le Canada.

Les cinéastes ont eux aussi beaucoup appris en tournant Manoir. Pier-Luc Latulippe s’est avoué très surpris de voir à quel point les résidents du manoir Gaulin arrivaient à s’entraider, comme dans une microsociété. « C’est presque comme un camp de vacances », illustre-t-il.

La collaboration entre Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe est loin d’être finie puisque le duo prépare en ce moment un nouveau documentaire, portant sur le quotidien au cœur de l’hiver d’un couple de sans-abri d’origines autochtones à Montréal. Ils espèrent de nouveau réussir à mettre un peu de lumière dans cette réalité sombre et lourde.

La grande première maskoutaine du documentaire Manoir sera présentée gratuitement au Cinéma Saint-Hyacinthe le jeudi 27 octobre à 19 h, avec une capacité maximale de 180 personnes. Les réalisateurs et deux des sujets du documentaire seront présents pour répondre aux questions après le visionnement.

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