8 février 2018 - 00:00
Biométhanisation
Le maquillage
Par: Martin Bourassa

La grossesse et l’accouchement n’ont pas été de tout repos. Mais le bébé se porte bien et les heureux parents sont aux anges. Voilà qui résume assez bien le long processus qui a conduit récemment à l’inauguration officielle de l’usine de biométhanisation de la Ville de Saint-Hyacinthe, le tout dernier né de l’ingéniosité maskoutaine. 


Il fait quand même bon de lire et d’entendre que, grâce à cette usine et à l’expertise pointue qui en découle, on nous considère comme des champions dans le domaine, des pionniers et des modèles à suivre. C’est bon pour l’égo!
Cette usine est effectivement un objet de fierté. Elle fait déjà l’envie de bien d’autres municipalités qui pour l’instant se contentent de fantasmer sur une usine de ce genre vu les coûts considérables que commandent ces installations.
À titre d’exemple, la Ville de Laval a inscrit un tel équipement à son programme triennal d’immobilisations 2018-2020 avec des investissements anticipés de 200 M$ pour le traitement annuel de 145 000 tonnes de matières organiques et de boues d’épuration.
Saint-Hyacinthe aura eu le mérite de rêver la première et de convaincre les gouvernements supérieurs de l’aider à concrétiser son rêve avec de juteuses subventions qui totalisent 53,6 M$ et un investissement global de 80 M$. Tout cela pour une usine capable de transformer 200 000 tonnes de résidus annuellement. C’est ÉNORME pour reprendre l’expression si chère à notre campagne sur l’image de marque. Et c’est bien là la mesure du travail qui reste à accomplir.
Notre beau rejeton, il faudra le nourrir afin d’assurer sa croissance. Actuellement, un peu plus de 80 000 tonnes d’intrants sont confirmées, il reste donc 120 000 tonnes à trouver auprès de petits et de gros joueurs de l’industrie agroalimentaire comme les Saputo et Agropur de ce monde. On nous assure que les dénicher ne sera qu’une simple formalité et que l’usine produira au maximum de sa capacité d’ici les prochains mois. Tant mieux, car une usine qui fonctionnerait à plein régime permettrait d’envisager le remboursement complet de notre investissement sur un horizon de huit ans.
La bonne nouvelle, c’est que notre gaz a la qualité d’être renouvelable, car il est produit avec des matières organiques. Cette étiquette permet donc à la Ville de vendre son gaz plus cher à Énergir puisque certains de ses clients sont disposés à payer plus cher plus pouvoir se vanter d’utiliser de l’énergie renouvelable. Le hic, c’est que le gaz produit par la Ville de Saint-Hyacinthe est injecté dans le réseau régulier d’Énergir où circule le gaz dit conventionnel. Le biométhane maskoutain s’y retrouve donc dilué à dose homéopathique et tous les clients d’Énergir peuvent donc, en pratique, y avoir accès sans supplément. Sauf que seuls ceux qui, comme le fabricant de cosmétiques L’Oréal, acceptent de payer une prime à l’achat peuvent s’en vanter publiquement.
Bref, c’est purement symbolique et… cosmétique!

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