7 juin 2018 - 00:00
Bars de danseuses
Le ménage municipal
Par: Martin Bourassa

Lentement, mais sûrement, la Ville de Saint-Hyacinthe est en voie de perdre son titre de capitale québécoise des bars à danseuses. Ce titre peu enviable ne lui a jamais été officiellement délivré, mais avec cinq établissements de danses et spectacles avec nudité pour une population de moins de 60 000 personnes, elle était certainement dans une classe à part. Cela faisait pas mal d’effeuilleuses par tête de pipe comme on dit par chez nous. En 2010, on retrouvait pas moins de cinq bars de danseuses sur le territoire maskoutain, dont quatre au centre-ville.


Ces dernières années, trois ont fermé leurs portes et un nouveau n’a jamais eu l’occasion d’ouvrir les siennes, court-circuité qu’il a été par des tactiques douteuses, mais ô combien efficaces, de la Ville de Saint-Hyacinthe. Les trois établissements qui ont mis la clé sous la porte et les tabourets dans le grenier n’ont pas plié bagage d’eux-mêmes. Ils ont fermé boutique sur les encouragements ($$$) de la Ville de Saint-Hyacinthe. C’est elle qui a négocié et payé leur fermeture. Ici, il faut reconnaître les mérites de l’administration municipale. Contrairement à une ville comme Granby qui avait jadis misé sur l’expropriation pour forcer la fermeture d’un bar de danseuses de la rue Principale, Saint-Hyacinthe a usé de patience. Elle a tendu des perches, et de l’argent, aux propriétaires des immeubles abritant ces bars indésirables. Le bar Les belles de Nuit a été le premier à disparaître en 2010, puis ce fut au tour du Bar Jack en janvier 2011. Tout récemment, le bar L’Entre-Nous s’est aussi éteint pour de bon. Ces trois fermetures ont entraîné des déboursés importants pour la Ville. Mais ces dépenses doivent être vues comme des investissements justifiés et justifiables, selon nous.

Combien vient-on de dépenser pour racheter le permis délaissé par L’Entre-Nous? C’est curieusement un grand mystère. La Ville confirme qu’elle a bien versé une compensation, mais elle refuse de la chiffrer.Elle justifie cette absence de transparence par une question stratégique, même si l’administration Bernier n’a jamais caché aux Maskoutains les montants versés par le passé pour racheter les permis des Belles de nuit et du Bar Jack.On croit savoir que l’administration Corbeil ne détesterait pas convaincre le dernier bar de danseuses du centre-ville, le chic Cabaret Flamingo pour ne pas le nommer, d’aller faire danser ses vedettes ailleurs, même si le seul « ailleurs » maskoutain autorisé pour de tels établissements est le secteur où se trouve Le Zipper, à Saint-Joseph.

Selon nos archives, la Villea dû défrayer un montant de 225 000 $ pour mettre la main sur la bâtisse déglinguée et le permis des Belles de nuit et 120 000 $ pour le permis du Bar Jack. Et c’est sans compter la somme investie dans la décontamination du terrain des Belles de Nuit. On se demande d’ailleurs comment il se fait que ce site n’ait pas été remis en vente depuis afin d’éponger les dépenses. Les autorités municipales n’ont peut-être pas trouvé d’acheteurs intéressés. 

Ne dit-on pas qu’il faut être deux pour danser le tango?

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