18 octobre 2018 - 00:00
Crise des médias
Le plaidoyer d’une éternelle optimiste
Par: Maxime Prévost Durand
La Maskoutaine Marie-Ève Martel, journaliste au quotidien La Voix de l’Est, a fait paraître son premier livre intitulé Extinction de voix, son plaidoyer pour la sauvegarde de l’information régionale. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La Maskoutaine Marie-Ève Martel, journaliste au quotidien La Voix de l’Est, a fait paraître son premier livre intitulé Extinction de voix, son plaidoyer pour la sauvegarde de l’information régionale. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La Maskoutaine Marie-Ève Martel, journaliste au quotidien La Voix de l’Est, a fait paraître son premier livre intitulé Extinction de voix, son plaidoyer pour la sauvegarde de l’information régionale. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La Maskoutaine Marie-Ève Martel, journaliste au quotidien La Voix de l’Est, a fait paraître son premier livre intitulé Extinction de voix, son plaidoyer pour la sauvegarde de l’information régionale. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Ce n’est un secret pour personne, les médias traversent depuis quelques années une tempête qui a grandement changé le portrait de l’information régionale. La journaliste maskoutaine Marie-Ève Martel, qui travaille pour le compte du quotidien La Voix de l’Est à Granby, a été elle-même au cœur du bouleversement. Afin de sensibiliser le plus grand nombre de personnes à l’importance de l’information en région, elle documente la crise et livre un vibrant plaidoyer rempli d’optimisme dans son premier essai, intitulé Extinction de voix.


« Le but en écrivant ce livre, c’était de secouer le cocotier avant qu’il ne soit trop tard. J’ai en tête l’image d’un feu et il ne faut pas attendre d’être devant un tas de cendres pour se rendre compte que ce qui est en train de brûler est important et a de la valeur », lance d’entrée de jeu l’auteure.

Forte de son expérience comme journaliste et comme administratrice à la FPJQ (Fédération professionnelle des journalistes du Québec), Marie-Ève Martel jette un regard sur cette crise, retraçant les nombreuses fermetures de journaux avec des statistiques dont l’ampleur a de quoi surprendre. « Quand on prend tous les exemples et qu’on en fait un tout, on voit que le problème est systémique à la grandeur du Québec », soutient-elle.

Même si le portrait qu’elle dresse est alarmiste, la Maskoutaine n’est pas pour autant pessimiste dans ce livre. « Je suis une éternelle optimiste et une idéaliste, soutient-elle. Si on prend conscience de ce qu’on est à risque de perdre, il n’est peut-être pas trop tard. »

Les pistes de solution sont nombreuses et, bien qu’aucune ne soit miraculeuse, elle en explore quelques-unes au fil des pages de l’ouvrage. Elle appelle dans un premier temps le gouvernement fédéral à amener l’équité fiscale avec les géants Netflix, Google et Facebook, puis supporte l’intention provinciale d’appliquer la TVQ à l’ensemble des fournisseurs de biens et services en ligne. Au niveau municipal, elle souhaite sensibiliser les élus à l’impact du retrait des avis publics dans les journaux, tel que cela est permis depuis l’adoption de la loi 122. « Les gens peuvent aussi montrer qu’ils sont derrière leur média en achetant ou en s’abonnant au journal s’il est payant », ajoute-t-elle.

Bien entendu, les revenus publicitaires en constante baisse doivent être comblés d’une certaine façon pour qu’un contenu de qualité puisse continuer d’être diffusé, poursuit Marie-Ève Martel. « Les annonceurs doivent revenir au bercail, plaide-t-elle. Les commerçants disent toujours de ne pas acheter sur Amazon, d’acheter local, mais il doivent eux aussi acheter de la publicité dans leur journal local, qui est une entreprise au même titre que la leur. La seule différence, c’est que le journal ne vend pas du chocolat ou des robes, il vend des nouvelles. »

Au-delà du contexte économique, la tempête s’étend également à la compréhension du rôle des médias dans la communauté et à son apport à la démocratie. C’est d’ailleurs un incident qu’elle a vécu avec le maire de Granby, Pascal Bonin, qui l’a incitée à écrire ce livre. Celui-ci avait expulsé les journalistes d’une rencontre publique tenue à l’hôtel de ville. Pour la petite histoire, leur relation professionnelle s’est grandement améliorée depuis cet épisode.

« Il faut revoir la Loi sur les cités et villes pour empêcher les entraves au travail des journalistes, comme des expulsions de conseils et des interdictions de filmer, afin de s’assurer que les exceptions ne soient pas la règle comme c’est le cas en ce moment. »

Paru il y a quelques semaines aux Éditions Somme Toute, le livre Extinction de voix jouit déjà d’une belle réception, selon son auteure. « La réponse est vraiment plus forte que je ne l’aurais pensé. Les gens sont vraiment intéressés et pas juste les journalistes, les citoyens aussi. Plusieurs personnes me disent qu’ils tiennent à leur information, mais qu’ils ne savent pas comment faire pour aider à la sauvegarder. Ça donne un bel échange d’idées. »

Le livre de Marie-Ève Martel est disponible en librairie.

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