25 août 2016 - 00:00
Oh! La belle province!
Le Québec tel un Eldorado touristique
Par: Amilie Chalifoux
David Dorais, Oh! La belle province!, Leméac, 2016, 146 p.

David Dorais, Oh! La belle province!, Leméac, 2016, 146 p.

David Dorais, Oh! La belle province!, Leméac, 2016, 146 p.

David Dorais, Oh! La belle province!, Leméac, 2016, 146 p.

Pour ceux qui veulent prolonger leurs vacances estivales, visiter les campings de la Rive-Sud de Montréal ou encore savourer une patate graisseuse d’une cantine aux abords d’une autoroute, l’Épopée touristique de David Dorais intitulée Oh! La belle province! met la table. Mais attention! Propos et allégeance politique sont également au rendez-vous.

Sous ses aires de légèreté, l’œuvre de l’auteur et professeur de littérature au Cégep de Sorel-Tracy est remplie d’allégorie à la Conquête de 1759, à la Bible et même au célèbre Candide ou l’Optimisme de Voltaire.

L’histoire se situe quelque part dans le temps autour de la vente du mythique restaurant Madrid et le printemps érable. Elle raconte le voyage initiatique de Fleurette, une jeune serveuse d’un restaurant La Belle Province, située sur l’île de Montréal. Cette dernière prend quelques jours de vacances après avoir été ébranlée par un vol à main armée sur son lieu de travail. Séduite par la suggestion que lui fait un client de fêter la St-Jean-Baptiste à Cabano pour participer à un festival de chiens chauds, la candide Montréalaise parcourt la belle province sur le pouce, guidée par son cœur.

Une fois sortie de la Ville, elle découvre de multiples richesses. Buffets gargantuesques, festivals et motels une étoile seront du voyage jusqu’au terme du pèlerinage. Son aventure sera pimentée de diverses rencontres avec de colorés personnages, dont Violante, une camionneuse qui illuminera la portée de chacune des péripéties de la voyageuse avant de la conduire au 7e ciel.

Puis, d’une page à l’autre, le récit s’ouvre sur un univers kitsch parfaitement assumé. Le passage de Fleurette au célèbre Camping Ste-Madeleine, alors qu’elle accompagne une vieille dame au volant d’un campeur, n’y fait pas exception. La description apparaît d’ailleurs comme l’une des forces du roman.

« Le terrain devant chaque maison est fait d’une pelouse synthétique vert émeraude où sont plantés des flamants roses ou des tournesols aux fleurs qui tournent. Quelques paresseux relaxent dans des hamacs […] Une ville idyllique où tout le monde s’entend bien. Les voisins se saluent et jasent sur le pas de leur porte. Les monsieurs remplissent leurs hibachis de briquettes, partagent une bière et se racontent des blagues. Les madames arrangent leurs boîtes à fleurs, transfèrent le contenu de leur glacière sur les tables à pique-nique et déposent des épouvantails miniatures dans leur rocaille. »

Sans compter les nombreux arrêts sur la route motivés par l’envie de casser la croûte. Chiens chauds, hambourgeois, patates frites et pogos empruntent des airs de fine gastronomie hautement convoités, tandis que la poutine devient un met à saveur politique. Même le célèbre François Galarneau, le roi du chien chaud et personnage du roman Salut Galarneau! de Jacques Godbout mérite un passage dans le livre.

Il va sans dire, tout ce qui défile sous les yeux de la jeune héroïne se dévoile sous son plus beau jour. Rien, pas même les plus désolants incidents ne viendront saper l’optimisme de Fleurette partie à la conquête de son Eldorado.

David Dorais est l’auteur du roman écrit avec Marie-Ève Mathieu, Plus loin, paru en 2008 chez Boréal. Il est également l’auteur de recueils de nouvelles et de nombreux articles et essais critiques.

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