20 juin 2013 - 00:00
Le Séminaire fait face à des obligations « épouvantables »
Par: Le Courrier
Malgré ses placements à long terme s'élevant à 27 M$ et un actif atteignant 33 M$, la situation financière du Séminaire de Saint-Hyacinthe n'est pas rose, affirme le supérieur de la maison. Les dépenses nécessaires pour maintenir l'édifice centenaire de la rue Girouard serait d'une « importance insoupçonnée ».

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« De tout temps, les gens ont cru que l’Église était riche et centralisée. On en présente un portrait global, alors que chaque entité dépend d’elle-même. On ne présente que ce qu’on a, alors que pour dresser un portrait clair d’une situation financière, il faut aussi montrer ce qu’on n’a pas et ce que l’on doit », explique le Chanoine Jean Corbeil d’entrée de jeu.

« Présentement, c’est comme si le Séminaire était propriétaire d’une maison de 200 000 $ avec seulement 1 000 $ en banque. Comment va-t-on entretenir notre maison? C’est la même chose, mais à une autre échelle. » La situation financière du Séminaire de Saint-Hyacinthe repose sur l’Oeuvre Antoine-Girouard, qui verse chaque année les sommes nécessaires au fonctionnement de la Corporation du Séminaire. Cette dernière est entièrement dépendante de l’Oeuvre, puisqu’elle ne génère pas de revenus.Début mai, le journal Les Affaires plaçait l’Oeuvre Antoine-Girouard au 22 e rang des plus importantes oeuvres de bienfaisance au Québec. « C’est certain que 27 M$, c’est impressionnant, mais juste le fait d’entretenir et de chauffer la bâtisse, c’est un fardeau immense. À tout bout de champ, quelque chose brise et les factures arrivent à coup de dizaines de milliers de dollars. Pour faire tout le travail nécessaire, il faudrait mettre des millions. C’est épouvantable. »Au cours des dernières années, le Séminaire a notamment payé 600 000 $ pour faire refaire sa colonade avant. Dans un avenir rapproché, il dépensera 60 000 $ pour de nouvelles toilettes, 100 000 $ pour refaire une partie du toit, 90 000 $ pour défrayer quelques nouvelles fenêtres seulement pour la Chapelle – un projet dans lequel la Fondation du Patrimoine religieux investit d’ailleurs 200 000 $. Le Séminaire devra aussi adresser de sérieux problèmes de toiture, de fenestration, de l’enveloppe en pierres de l’édifice, de fondations et d’infiltration d’eau. « Ce ne sont que quelques exemples. Juste pour la Chapelle, il faudrait investir 1,2 M$ pour assurer toutes les réparations, mais nous n’en avons pas les moyens. Nous avons un budget de 200 000 $ pour des dépenses extraordinaires de réparation de l’édifice et il en faudrait au moins 500 000 $. Et là, on ne parle que des dépenses non-prévues. Cet édifice est si vieux que presque tout est à refaire. »Sur le budget annuel de 3 M$, l’un des principaux postes de dépenses demeure celui du service de Santé et des salaires qui y sont associés. Les trois sections de l’édifice, construites en 1911, 1927 et 1963, coûte par ailleurs 250 000 $ en chauffage et en éclairage chaque année.

L’avenir

L’an dernier, le Séminaire a mis sur pied le Comité de l’avenir, chargé de rescenser l’ensemble des avoirs et des obligations du Séminaire afin de mener un exercice de priorisation qui pourra guider – et non dicter – les décisions des conseils d’administration de l’Oeuvre Antoine-Girouard et de la Corporation du Séminaire.

Le Comité a toutefois suspendu ses activités jusqu’à l’automne, le temps de laisser retomber les tensions qui sont nées à la suite du refus de l’Oeuvre de venir en aide au Collège Antoine-Girouard, qui ferme ses portes. « Le Comité de l’avenir a dit que oui, l’Oeuvre avait l’argent pour aider le Collège. Mais la Corporation et l’Oeuvre ont dit non. On pense qu’on avait assez donné et notre situation financière demande qu’on pense à l’avenir », dit le supérieur, qui siège à toutes les tables. De fait, les revenus versés à la Corporation du Séminaire reposent essentiellement sur la vente de terrains au Groupe Robin, qui bénéficient d’une entente d’exclusivité avec l’Oeuvre Antoine-Girouard. « La vente de terrains comble le déficit parce que les revenus ordinaires de l’Oeuvre ne suffisent pas. On ne peut pas vivre des intérêts sur nos placements. Depuis 2004, l’évêque a demandé qu’on cesse d’acheter des terrains, alors je me demande bien ce qu’on va faire quand on les aura tous vendus. »Mais le supérieur refuse, tout comme l’évêque, de gérer la décroissance. Il croit que devant les problèmes émergent les meilleures solutions. « Un prophète a surgi en 1811 en Messire Antoine Girouard et d’autres prophètes surgiront encore, c’est-à-dire des personnes qui seront capables de prendre la relève pour poursuivre la mission de l’Oeuvre d’une autre façon. Le Séminaire a traversé d’autres épreuves avant. Son Oeuvre est trop importante pour disparaître. »

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