25 janvier 2018 - 00:00
Fermeture du Divan Orange et du Cercle
Le Zaricot « survit très bien »
Par: Maxime Prévost Durand
« C’est certain que, si on avait juste des spectacles, le Zaricot ne pourrait pas fonctionner du tout », estime Joëlle Turcotte, l’une des cinq copropriétaires de la salle qui est aussi un bar.  Photo François Larivière | Le Courrier ©

« C’est certain que, si on avait juste des spectacles, le Zaricot ne pourrait pas fonctionner du tout », estime Joëlle Turcotte, l’une des cinq copropriétaires de la salle qui est aussi un bar. Photo François Larivière | Le Courrier ©

« C’est certain que, si on avait juste des spectacles, le Zaricot ne pourrait pas fonctionner du tout », estime Joëlle Turcotte, l’une des cinq copropriétaires de la salle qui est aussi un bar.  Photo François Larivière | Le Courrier ©

« C’est certain que, si on avait juste des spectacles, le Zaricot ne pourrait pas fonctionner du tout », estime Joëlle Turcotte, l’une des cinq copropriétaires de la salle qui est aussi un bar. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le milieu culturel émergent a été fortement ébranlé à la fin de l’année 2017 avec l’annonce de la fermeture de deux salles de spectacle. Le Divan Orange, à Montréal, a fait savoir qu’il fermera ses portes au printemps, puis le Cercle, à Québec, a déclaré faillite, menant à une fermeture immédiate. Oeuvrant au sein du même créneau que ces deux salles, le Zaricot de Saint-Hyacinthe « survit très bien », assure l’une des copropriétaires, Joëlle Turcotte.


La salle rustique de la rue des Cascades, qui est aussi un bar, se trouve en bonne santé financière alors qu’elle entame les célébrations entourant ses 15 ans d’existence. « On a certaines opportunités et chances que d’autres lieux comme le nôtre n’ont pas nécessairement, notamment le fait qu’on ne soit pas seulement une salle, soutient Mme Turcotte. C’est certain que, si on avait juste des spectacles, le Zaricot ne pourrait pas fonctionner. Billet pour billet, ce n’est pas du tout rentable. Il faut vraiment vendre de la bière pour pouvoir faire des spectacles. »
Bien que son double statut de salle de spectacle et de bar soit positif pour sa rentabilité, il l’empêche toutefois de toucher à des subventions, contrairement à une salle comme le Centre des arts Juliette-Lassonde. Il ne lui permet pas non plus d’y accueillir des mineurs pour les spectacles. « C’est un des gros problèmes reliés au statut ambigu des salles comme nous », soutient-elle.
Même si le Zarciot ne se trouve pas en situation précaire, il ne roule pas sur l’or non plus. « On est à un endroit confortable, on est financièrement viable, ajoute Joëlle Turcotte. Ça fait 15 ans que ça existe et on est fier des spectacles qu’on présente, mais si on voulait une reconnaissance encore plus grande, il faudrait se payer une bannière sur le bord de l’autoroute 20 ou de la publicité dans LE COURRIER chaque semaine et ça, on n’en a pas les moyens. C’est à ce niveau-là que s’arrête notre aisance financière. »
Sans support financier, le Zaricot compte malgré tout sur l’appui de différents organismes de la ville. « On a du soutien de la SDC, de Tourisme Saint-Hyacinthe et de Saint-Hyacinthe Technopole, énumère la copropriétaire de la salle maskoutaine. Mais ce n’est pas une aide qui se chiffre. »
Un signal d’alarme et un regroupement
Pour les propriétaires de petites salles de spectacles, l’annonce de la fermeture du Divan Orange et du Cercle a créé une véritable onde de choc et lancé du même coup un signal d’alarme que d’autres salles du genre ne sont pas à l’abri de fermer, bien au contraire.
Cette prise de conscience mène présentement à la formation d’un mouvement, né d’une initiative de Jon Weisz, d’Indie Montréal. « Avec plusieurs autres salles, on est en train d’essayer de former un regroupement qui serait un OBNL (organisme à but non lucratif) de diffuseurs indépendants et qui s’appelle le SMAC. Ensuite, on va demander des subventions à RIDEAU et à la SODEC, qui pourraient aider le Zaricot et les autres salles qui lui ressemblent à pouvoir lancer de nouveaux projets et professionnaliser leur offre », soutient Joëlle Turcotte.
Le Zaricot avait lui-même connu certaines difficultés en 2014, alors qu’il avait de la difficulté à remplir sa salle. « Il y avait eu un creux immense. Des spectacles que j’aurais gagé 100 $ que ça allait être plein, il y avait à peine la moitié de la salle remplie, raconte la copropriétaire. Ce n’était pas un danger de vie ou de mort, mais il y a vraiment eu une baisse d’achalandage. À la place de se demander comment ne pas perdre de sous, on s’est demandé quoi faire pour rendre nos spectacles plus visibles, pour qu’il y ait plus de gens. »
Plutôt que d’afficher ses spectacles au fur et à mesure comme il le faisait avant, le Zaricot a depuis mis en place un lancement de sa programmation deux fois par année afin de dévoiler les spectacles à venir durant la saison. Cette formule a ramené un achalandage plus important qui permet aujourd’hui à la salle d’être en santé.
Si le Zaricot a traversé cet épisode et est toujours bien en vie, Saint-Hyacinthe n’a pas été épargnée par les fermetures, alors que l’Anti (anciennement le Trash) a dû fermer ses portes l’an dernier. Le bar, qui avait pignon sur la rue Mondor, accueillait principalement des spectacles de métal, de punk et de rock, un créneau qui n’est désormais plus desservi en sol maskoutain.
Selon Joëlle Turcotte, les fermetures de ces différentes salles de spectacle ne sont qu’une partie du grand bouleversement que connaît le milieu culturel. « C’est un problème global. Les librairies ont de la difficulté à se battre contre les géants comme Amazon, la même chose pour les disquaires contre Spotify. On est chanceux parce qu’un spectacle ne peut pas se vivre en numérique encore », conclut-elle.

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