29 avril 2021 - 07:00
Bilan économique régional
L’économie maskoutaine résiste, mais l’emploi recule en 2020
Par: Rémi Léonard
L’année 2020 ne restera évidemment pas dans les mémoires comme une année faste au chapitre de l’économie, mais la région a su résister au choc, selon Saint-Hyacinthe Technopole. Photothèque | Le Courrier ©

L’année 2020 ne restera évidemment pas dans les mémoires comme une année faste au chapitre de l’économie, mais la région a su résister au choc, selon Saint-Hyacinthe Technopole. Photothèque | Le Courrier ©

Le bilan économique de la dernière année, livré cette semaine par Saint-Hyacinthe Technopole, était marqué en grande partie par la pandémie de COVID-19 et le ralentissement économique qu’elle a entraîné. Selon les intervenants économiques régionaux, l’économie maskoutaine a néanmoins su résister à la crise.

La présence marquée du secteur agroalimentaire chez nous ainsi que « la créativité et l’ingéniosité » de nos entrepreneurs ont été les facteurs clés de cette résilience, a par exemple évoqué le président de Saint-Hyacinthe Technopole, Bernard Forget, qui observe avec le recul que le choc économique n’a « pas été aussi brutal qu’anticipé » au plus fort de la pandémie.

C’est surtout au chapitre de l’emploi que les indicateurs ont fléchi, particulièrement en dehors de Saint-Hyacinthe. Dans les 16 municipalités rurales de la MRC, il s’est perdu 456 emplois alors que 44 nouveaux ont été créés, pour un bilan net de 412 emplois en moins pour l’année 2020. Dans la ville-centre, la situation est plus encourageante puisque la création de 389 nouveaux emplois est venue compenser une perte de 521, pour un bilan net de 132 emplois en moins.

Le tout survient, paradoxalement, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. Cet enjeu, qui s’imposait bien avant l’arrivée de la COVID-19, demeure le principal défi à relever pour les entreprises dans un contexte de relance, a analysé André Barnabé, directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole.

Les investissements se maintiennent

Il demeure que le secteur manufacturier a été un « véritable moteur » pour l’économie maskoutaine en cette période de ralentissement, a rappelé M. Barnabé. Cette situation se mesure par exemple au chapitre des investissements réalisés par les entreprises en 2020. Malgré le contexte pandémique, cet indicateur s’est en effet maintenu à un niveau respectable avec 134 M$ pour Saint-Hyacinthe seulement, même si c’est légèrement sous la moyenne des dernières années (150 M$).

Ailleurs dans la MRC, Saint-Pie se démarque avec environ la moitié des investissements réalisés hors de la ville-centre. Suivent dans l’ordre Saint-Valérien-de-Milton, Saint-Dominique, Saint-Hugues et Saint-Damase, qui se partagent les millions restants, pour un total de 49 M$ investis dans la grande région. Encore là, c’est légèrement sous la moyenne des dix dernières années, mais le recul reste modéré étant donné que plusieurs projets d’investissements ont été reportés en 2020, ont fait remarquer différents intervenants.

À Saint-Hyacinthe, comme ailleurs dans la MRC, le secteur agroalimentaire occupe évidemment une place de choix, mais les industries du meuble et de la métallurgie tirent également leur épingle du jeu, a souligné Luc Messier, du service de développement économique de la MRC, appelé à fusionner sous peu avec Saint-Hyacinthe Technopole.

Dans la Cité de la biotechnologie spécifiquement, les investissements rapportés en 2020 atteignent 40 M$, ce qui est même légèrement au-dessus de la moyenne des dix dernières années, a souligné André Barnabé. Le prolongement réalisé sur l’avenue José-Maria-Rosell est par ailleurs venu ajouter des espaces vacants pour de nouveaux projets dans ce parc technologique. Même si on apprenait récemment que le ministère de l’Agriculture n’est pas disposé à rendre disponible le reste du territoire de la Cité (plus de 50 hectares) à des fins industrielles, M. Barnabé a indiqué qu’il reste encore un million de pieds carrés (9,3 hectares) à développer pour son organisme, ce qui constitue tout de même une banque de terrains intéressante à Saint-Hyacinthe, où les autres parcs industriels sont pratiquement à pleine capacité, a-t-il fait remarquer.

Les commerces tiennent bon

En 2020, les entreprises opérant dans le commerce de détail et la restauration ont dû faire preuve d’ingéniosité pour s’adapter tant bien que mal au contexte pandémique, mais le secteur demeure « fragilisé », a décrit Bernard Forget. Cette année particulière a néanmoins vu la naissance de 32 nouvelles entreprises commerciales à Saint-Hyacinthe, contre 21 fermetures, selon Saint-Hyacinthe Technopole. Les investissements commerciaux dans la ville-centre atteignent par ailleurs 15,3 M$, soit 1 M$ de plus que l’an passé, mais tout de même loin des années fastes qui ont suivi l’ouverture du centre de congrès.

Le taux d’occupation commercial se situe quant à lui à 90,11 % en moyenne, avec une pointe à 94,1 % dans le secteur sud (Saint-Joseph-La Providence) et une baisse à 84,1 % au centre-ville, dont la revitalisation demeure un défi à relever. L’un des outils mis sur pied dans cette optique, le programme d’aide à l’implantation de commerces au centre-ville, a ainsi soutenu l’arrivée de 14 nouveaux commerces dans le secteur à sa première année. Tous secteurs confondus, c’est 379 interventions en entreprises qui ont été réalisées en 2020 par Saint-Hyacinthe Technopole, indique aussi le bilan de l’organisme.

En attente d’une relance

Sans surprise, il n’y a que dans le secteur du tourisme que le plongeon est véritablement marqué. Avec 31 événements d’importance (40 nuitées et plus) annulés et, lueur d’espoir, 71 autres reportés, la locomotive que représentait en 2018 et en 2019 le centre de congrès municipal est bel et bien en panne, doit-on constater, ce qui se répercute par un taux d’occupation décevant de 24 % dans nos hôtels.

Néanmoins, Saint-Hyacinthe demeure « bien positionnée » pour profiter de la relance post-COVID, a souligné Bernard Forget, qui assure même qu’une partie du terrain perdu pendant la crise a déjà été repris en cours d’année. De fait, « très peu d’entrepreneurs se montrent pessimistes » quant aux perspectives de relance, a aussi fait remarquer Luc Messier en se basant sur le sondage réalisé par son organisme auprès des chefs d’entreprises.

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