26 janvier 2017 - 00:00
Cinéma 
L’énigme Nelly
Par: Sarah Daoust Braun
Les Films Séville

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C’est une femme aux mille facettes, entichée, vive, écorchée, dont la mort laisse toujours planer une grande aura de mystère. Faire le portrait de Nelly Arcan, l’écrivaine adulée percée par la douleur, est une tâche fastidieuse. Avec Nelly, Anne Émond s’en acquitte avec justesse en évitant de tomber dans le piège facile du drame biographique.


Tantôt, elle s’emmure chez elle, écrivant puis se questionnant sans cesse sur son premier roman à paraître, Putain, qui connaîtra par la suite un succès phénoménal. Tantôt, elle s’éprend avec passion d’un homme avec qui elle entretiendra une relation autodestructrice. Tantôt, elle se la joue starlette, courant les soirées mondaines et les conférences de presse. Tantôt, elle se glisse dans la peau d’une prostituée désirée et appréciée par ses nombreux clients. Et puis tantôt, elle retourne en enfance, où se dessine déjà une blessure sur son cœur. 

C’est l’approche qu’emprunte Anne Émond (Nuit #1, Les êtres chers), celle de l’œuvre à quatre volets, pour réussir à mieux cerner Nelly Arcan, née Isabelle Fortier, qui se suicidera en 2009. Il y a donc l’écrivaine, l’amoureuse, la star et la putain qui s’entremêlent au fil du récit et tentent de définir en partie un très complexe personnage. Parce que de son vivant, tout comme dans cette œuvre cinématographique, on n’en sait au final que très peu sur l’auteure derrière Folle et À ciel ouvert. Difficile de déterminer la part de réalité biographique lorsque celle-ci se confond sans cesse avec la fiction. Mais c’est ce qui fait sa signature, et la cinéaste a su respecter cet aspect dans son scénario en fragments bien ficelé et original. 

Elle place aussi sa protagoniste au centre de tout, interagissant avec très peu de personnages, sauf celui de la solitude, sorte d’ombre qui plane de façon permanente. Une Nelly perdue dans ses pensées, angoissée, névrosée presque, magnifiée par la caméra qui illustre avec précision son isolement et ses tourments.

Celle qui incarne cette importante figure de la littérature québécoise contemporaine se nomme Mylène MacKay (Endorphine, Embrasse-moi comme tu m’aimes). Au-delà de la ressemblance physique, cette dernière incarne Nelly Arcan avec intensité, le cœur au ventre. Elle porte sur ses épaules le poids d’un film, mais aussi celui d’une femme de lettres qui a marqué la sphère publique ici et ailleurs. 

Avec Nelly, on découvre une parcelle de la vie de l’écrivaine, qui demeurera toutefois pour toujours une énigme.

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