21 juin 2018 - 00:00
Rapport du Vérificateur général
Les baux à Bibeau
Par: Martin Bourassa

Beaucoup de bruit pour rien. C’est le titre du classique de William Shakespeare qui nous revient en tête après la lecture du plus récent rapport du Vérificateur général du Québec sur les liens commerciaux du gouvernement avec les entreprises de Marc Bibeau, ex-grand argentier du Parti libéral du Québec, et de Georges Gantcheff.


La Coalition Avenir Québec (CAQ) avait pourtant de grandes attentes avant le dépôt du rapport. C’est à l’initiative de ce parti politique que l’Assemblée nationale du Québec a demandé en 2016 au bureau du Vérificateur général de s’intéresser à ce dossier, question de savoir s’il n’y aurait pas eu des irrégularités lors des octrois de contrats publics impliquant au premier chef Marc Bibeau.

En tout et partout, on attribue à M. Bibeau 15 baux d’une valeur annuelle de 30,7 M$ avec la Société québécoise des infrastructures (SQI) et 13 baux avec des entités publiques hors SQI (5,3 M$), dont une majorité à Saint-Hyacinthe.
Bilan de l’investigation? Rien pour embarrasser M. Bibeau.

« Les travaux d’audit ont permis de constater que la SQI n’a pas toujours l’assurance qu’elle obtient les meilleures conditions pour les baux qu’elles signent avec les propriétaires du secteur privé. Elle ne fait pas suffisamment appel à la concurrence pour maximiser son pouvoir de négociation. De plus, elle n’évalue pas toujours bien les options pour loger les différents ministères et organismes. Nous avons aussi observé une situation semblable en ce qui concerne les organismes qui ne sont pas assujettis à la SQI et qui négocient eux-mêmes leurs baux », résume la Vérificateur général au soutien de son rapport.

Les reproches du Vérificateur général s’adressent d’abord et avant tout à la SQI à titre de bras immobilier du gouvernement du Québec. Il recommande à Québec d’exercer un contrôle plus serré de sa gestion immobilière en s’ouvrant davantage à la concurrence. Bref, il a observé un gros et parfois coûteux manque de rigueur ainsi que des lacunes à corriger du côté de la SQI.

Et s’il est vrai que Marc Bibeau a pu tirer un avantage financier du laxisme de la SQI dans la gestion des beaux, la même logique s’applique aussi pour toutes les autres entreprises qui ont pu faire affaire avec la SQI par le passé. On retiendra donc que Marc Bibeau n’a bénéficié d’aucun traitement de faveur particulier. Aucune trace ni preuve de favoritisme dans le rapport final. Rien.

La CAQ et le PQ ont bien tenté de déchirer leur chemise à l’Assemblée nationale la semaine dernière pour la forme, mais l’exercice a été peu convaincant.

Le mot de la fin est revenu à Marc Bibeau dans un communiqué de presse où il répète qu’il a toujours suivi les pratiques imposées par les entités publiques et qu’il continuera de le faire. Si ces pratiques ont des failles et des lacunes, ce n’est pas la faute de M. Bibeau et ce n’est sûrement pas lui qui va s’en plaindre si elles tournent à son avantage. 

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