7 mars 2013 - 00:00
Le Collège Antoine-Girouard met fin à ses activités
Les écoles privées sous le choc
Par: Le Courrier

L’annonce de la fermeture du Collège Antoine-Girouard, un pilier historique des écoles privées au Québec, a semé la stupéfaction dans les enceintes du Collège Saint-Maurice et de l’École secondaire Saint-Joseph.

Bien sûr, les écoles privées sont en compétition lorsque vient le temps des inscriptions, mais elles sont par dessous tout membre du réseau des écoles privées et partenaires dans plusieurs projets.

« C’est une triste nouvelle pour le réseau des écoles privées auquel nous appartenons, mais aussi pour la communauté maskoutaine, se désole le directeur du Collège Saint-Maurice, Jean-Pierre Jeannotte. Le Collège Antoine-Girouard a formé des Maskoutains de génération en génération depuis 200 ans. C’est un pan de l’histoire qui se termine pour Saint-Hyacinthe, mais aussi pour tout le Québec, puisque c’était l’une des plus vieilles institutions scolaires. » « C’est une perte immense. Tout le monde dans le milieu de l’enseignement privé est abasourdi, a renchéri la directrice de l’École secondaire Saint-Joseph, Simone Leblanc. Le Collège Antoine-Girouard, c’est une institution prestigieuse. » Tant au Collège Saint-Maurice qu’à l’École secondaire Saint-Joseph, on assure que la santé financière est bonne et que l’avenir ne suscite pas d’inquiétudes. « Toutes les écoles ont eu à vivre une période plus difficile avec la baisse démographique de la clientèle, qui tend maintenant à se résorber. Et puis, à Saint-Hyacinthe, la compétition est grande avec trois établissements privés et trois établissements publics. Il y a six bonnes écoles secondaires », a noté Mme Leblanc.

L’autonomie financière

Le Collège Saint-Maurice (CSM) et l’École secondaire Saint-Joseph (ÉSSJ) le soulignent : elles sont autonomes financièrement. C’est davantage dans leur mission éducative qu’elles demeurent étroitement liées aux communautés religieuses qui les ont fondées.

Au Collège Saint-Maurice, l’apport financier des Soeurs de la Présentation de Marie se fait par le biais d’un coût de location réduit des installations scolaires. « La communauté ne nous charge pas le coût réel d’un loyer qui serait établi par une firme d’évaluateur. La différence entre le coût réel et le prix que l’on paie est considérée comme un don des Soeurs de la Présentation de Marie au Collège Saint-Maurice », explique M. Jeannotte. La communauté religieuse soutient aussi financièrement le CSM à l’occasion de projets ciblés en lien avec la mission pédagogique de l’école, comme ce fut le cas lors de la transformation de l’ancien pensionnat en un nouveau pavillon moderne, qui répondait aux besoins des quelque 700 élèves. Par ailleurs, quatre religieuses siègent au conseil d’administration de l’école. « Notre situation financière est saine et notre mission est claire : c’est une école de filles et ça va le rester. C’est dans notre mandat. Je crois que les filles sont heureuses de fréquenter une école qui se distingue de cette façon », note le directeur. L’École secondaire Saint-Joseph est pour sa part entièrement autonome sur le plan financier. Au tournant des années 2000, l’école s’est portée acquéreur du pavillon Bourdages, qu’elle a bonifié de deux pavillons pour accueillir aujourd’hui quelque 1 350 élèves. L’ÉSSJ est donc propriétaire de ses locaux. Trois religieuses siègent toujours au conseil d’administration, veillant à l’intégrité de la mission éducative de l’école. « Notre projet éducatif s’adresse à plusieurs types de clientèles. Nous accueillons des élèves qui ont des difficultés d’apprentissage et d’autres au programme d’éducation international, ou dans les programmes de sports et d’arts. Nous ratissons large, mais nous ne devons jamais perdre de vue notre mandat », remarque Mme Leblanc. D’ailleurs, si les Soeurs Saint-Joseph devaient disparaître, leur oeuvre éducative leur survivrait, assure-t-elle. « C’est une mission magnifique qu’elles nous ont confiée et nous la menons tous les jours dans le plus grand respect de leurs valeurs. » Si la communauté religieuse n’est pas engagée financièrement auprès de l’ÉSSJ, les religieuses sont de toutes les activités de financement au profit de la Fondation de l’école. Cette fondation soutient notamment des projets de développement pédagogique ciblés. « Les religieuses participent à ces activités au même titre que d’autres personnes à qui l’école et la Fondation tiennent à coeur », note Mme Leblanc. Au Collège Saint-Maurice comme à l’École secondaire Saint-Joseph, on se dit fin prêt à accueillir des élèves du Collège Antoine-Girouard qui seraient à la recherche d’une nouvelle école privée, selon la disponibilité des parcours qui répondent à leurs besoins. « La fin d’une école, c’est un deuil, conclut Mme Leblanc. C’est un deuil pour les élèves et pour les enseignants. Il faut s’assurer que tous ces gens se retrouvent en septembre dans un environnement où ils se sentiront bien. »

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