6 septembre 2012 - 00:00
Carte postale de Luc St-Pierre
Les grands esprits se rencontrent à Cambridge
Par: Le Courrier

Il y a eu Isaac Newton et Charles Darwin. Aujourd'hui, il y a Luc St-Pierre. Où ça? À l'Université de Cambridge, là où sont nées des idées qui ont changé le monde.

Luc St-Pierre a grandi à Acton Vale, où il a fréquenté l’école primaire et secondaire avant de poursuivre sa formation collégiale et universitaire à Sherbrooke.

C’est pendant ses études en génie mécanique qu’il a mis le cap pour la première fois vers l’Europe, pour compléter deux années de son programme en France. Puis, après une maîtrise à l’Université McGill, le Valois s’est embarqué une nouvelle fois pour le vieux continent en 2007, direction l’Angleterre. « Je voulais faire mon doctorat en Europe et dans une université reconnue. Cambridge, c’est l’une des meilleures universités dans mon domaine. En fait, c’est l’une des meilleures universités au monde! Je suis heureux de pouvoir vivre cette expérience. »En entrant à l’Université de Cambridge, Luc St-Pierre a plongé dans 800 ans d’histoire et de traditions. Des traditions comme il ne s’en fait plus.

Un peu de magie

La ville de Cambridge est située à environ 80 km au nord-est de Londres, un parcours de moins d’une heure en train.

« La ville de Cambridge, c’est l’université. Tout a été développé autour des édifices qui forment le campus qui occupe tout le centre-ville. C’est difficile d’y trouver quelqu’un qui n’a rien à voir avec l’université. »La visite guidée du prestigieux établissement d’éducation permet un regard sur une vie étudiante toute particulière. C’est qu’à l’origine, l’université n’était pas formée de départements et de facultés, mais plutôt de collèges. « Selon cette formule, les étudiants habitaient de grandes maisons avec des spécialistes de divers champs d’intérêt qui partageaient leur savoir. » Aujourd’hui, les 31 collèges de Cambridge sont toujours partie intégrante de la vie étudiante, bien qu’ils jouent un rôle différent. Ils ont conservé leur vocation de résidence et possèdent chacun un service alimentaire, une bibliothèque, un bar, une chapelle et des équipes d’aviron — un sport qui soulève les passions en Angleterre. Des professeurs sont encore rattachés à chacun des collèges. « On les voit notamment à l’occasion des soupers officiels, qui se tiennent dans les grandes salles à dîners des collèges. Les étudiants doivent alors porter leur toge et les professeurs prennent le repas à une table surélevée sur une estrade. C’est un souper à la chandelle, même si tout le monde a son téléphone intelligent. Ça ressemble un peu à l’univers d’Harry Potter », raconte Luc, à la fois amusé et heureux d’avoir pris part à ce décorum. Certains collèges, forts d’une histoire prospère, créent par leur seule présence des paysages de cartes postales à travers la ville. Sans doute le plus prestigieux, King’s College se situe près de la rivière Cam dans un décor enchanteur. Sa chapelle d’inspiration gothique vaut à elle seule le détour. En chemin, les collèges Trinity et St. John’s sont aussi à signaler. Luc, lui, a fréquenté St Catharine’s College.« La visite guidée de l’université est très intéressante. Même ceux qui ne s’intéressent pas beaucoup aux sciences ou à l’histoire y trouvent leurs repères. Tout le monde a déjà entendu parler de Newton ou Darwin », note Luc. Cambridge offre aussi de quoi occuper durant plusieurs heures les étudiants comme les touristes. Par une journée ensoleillée, Luc propose de se promener sous les ponts de la rivière Cam en punt, une embarcation à mi-chemin entre la barque et la gondole, dirigée à l’aide d’une longue perche. « Il est possible de faire un tour avec un guide ou encore de louer une embarcation. On amène un pique-nique et on s’arrête quelque part pour grignoter. »Depuis la ville, un sentier piétonnier permet de rejoindre en une trentaine de minutes The Orchard, un petit restaurant en plein coeur d’un verger. « Les gens s’y rendent pour prendre le thé. Des tables et des chaises sont installées un peu partout entre les pommiers. C’est magnifique et très différent! »S’il pleut, « et il pleut souvent ! », fait remarquer Luc, deux musées valent particulièrement une visite. Le musée Fitzwilliam s’impose autant par sa grandeur et son architecture que par les trésors dont il regorge. Oeuvres d’art, armes et armures de toutes les époques, poteries : il est un grand livre ouvert — et gratuit! — sur la civilisation. Le musée de la Zoologie permet pour sa part de jeter un oeil à la collection de fossiles, de squelettes et d’animaux dont une grande partie a été rapportée par Darwin lui-même après des expéditions dans les îles Caraïbes et Galapagos. Bien sûr, l’expérience anglaise ne sera pas complète sans un détour dans un pub. « À Cambridge, il y a beaucoup d’étudiants et par conséquent, beaucoup de pubs! Plus d’une centaine au total », précise le docteur en génie civil. Parmi les plus connus, The Eagle a fait sa renommée grâce à deux biologistes qui auraient, dit-on, découvert la structure de l’ADN alors qu’ils y sirotaient une bière. Des pilotes des armées de l’air britannique et américaine y ont aussi gravé leur nom au plafond pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus près de la rivière, The Anchor est lui également un endroit reconnu, notamment parce qu’il a longtemps été fréquenté par Syd Barrett, un membre fondateur de Pink Floyd. Mais pour bien manger et bien boire, Luc recommande plutôt The Free Press, un endroit discret où la viande est on ne peut plus locale. « Les fermiers amènent les bêtes brouter tout l’été dans un parc du centre-ville. À l’automne, elles se retrouvent dans les assiettes. C’est ça Cambridge : les traditions qui survivent dans la modernité. »À ce titre, les exemples ne manquent pas. Les collations des grades sont entièrement célébrées en latin. Les grands bals de fin d’année des collèges durent jusqu’au petit matin. Les plus prestigieux sont courus et très chics. « Je suis privilégié d’avoir pu vivre de telles expériences, comme dans les films. C’est assez spécial de faire partie de la tradition, de quelque chose de plus grand que nous. »

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