7 février 2013 - 00:00
Les hypocrites
Par: Martin Bourassa

La Chambre de commerce et de l’industrie Les Maskoutains n’a plus de directrice générale depuis vendredi dernier.

Selon le communiqué officiel, Nicole Laverrière et le conseil d’administration ont convenu que leur chemin devait se séparer à la suite d’une réflexion sur les orientations futures de l’organisme. C’est poli.Pour votre information, je signale que cette réflexion dure depuis plusieurs mois, du moins en ce qui concerne le conseil d’administration. Pas certain cependant que la principale intéressée se savait depuis si longtemps sur la corde raide. Mais en coulisse, il y a belle lurette que ça grenouillait, croyez-moi. Mme Laverrière n’avait pas beaucoup d’appuis au sein de son conseil et du milieu économique maskoutain et vivait sans doute sans le savoir sur du temps emprunté. Si son départ n’a pas le moindrement surpris les bien branchés d’entre nous, le moment de ce divorce à l’amiable étonne davantage, lui qui arrive au cours d’une saison mouvementée à la Chambre et à quelques semaines avant le grand gala de la Chambre.Il faut croire que le successeur de Nicole Laverrière n’est pas très loin.Et pour ceux qui se demandent pourquoi Mme Laverrière n’était plus la femme de la situation, disons que la cause de son malheur semble multiple. Je ne peux malheureusement pas porter de jugement sur son travail de tous les jours à l’interne et sur ses aptitudes de gestionnaire, d’organisatrice et de visionnaire. Sur le terrain cependant, elle était assez effacée, pas très à l’aise au niveau des relations publiques. Mais on ne se sépare habituellement pas d’une bonne personne pour cela.Et le conseil ne peut guère lui reprocher le fait de demeurer à l’extérieur de la région puisqu’elle y était déjà au moment de son embauche, sans qu’on en fasse de cas.Il faut sans doute chercher ailleurs les raisons qui ont précipité son départ.Et braquer les projecteurs sur l’organisation elle-même.Dans les faits, notre Chambre de commerce et de l’Industrie n’est pas une organisation nécessairement facile à diriger. Elle rassemble un paquet de gens qui sont de féroces compétiteurs au quotidien et qui ont des intérêts divers, voire divergents. Des gens d’affaires, des professionnels, des commerçants, des industriels, des agriculteurs, des gens du nord, du centre-ville, de la région. C’est un nid de guêpes. Qui plus est, il faut aussi apprendre à composer avec les intérêts et l’influence du CLD Les Maskoutains. Selon ce qu’on raconte, c’est encore plus vrai depuis la venue de Claude Corbeil, employé du CLD, à la présidence de la Chambre. Il en menait large, laissant peu de marge de manoeuvre à sa directrice générale.Pour survivre longtemps dans un tel environnement, à travers toutes ces cliques, il faut soit être fait très fort, ou au contraire être d’une mollesse de tous les instants.Nicole Laverrière a survécu pendant près de quatre ans. C’est un exploit.Personnellement, je lui donnais six mois lors de sa nomination.Un mot ou deux en terminant sur le traitement qu’on vient de lui réserver. Elle ne méritait pas ça. Pour sauver les apparences sans doute, on lui avait demandé d’animer jeudi dernier, la veille de son départ, la conférence donnée par l’Université de Montréal devant les membres de la Chambre. Dans le contexte et le malaise entourant son départ, on aurait dû s’abstenir, et elle la première. À son retour au micro à la toute fin de la conférence, pour les salutations d’usage, elle a même eu droit à une ovation debout.Parmi les gens qui se sont spontanément levés, certains ont directement contribué à sa perte et travaillé depuis des mois à orchestrer son départ. Encore heureux que l’hypocrisie ne tue pas, car il y aurait eu des morts.

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