1 septembre 2011 - 00:00
Saint-Valérien-de-Milton
Les Machineries Tenco en difficultés
Par: Jean-Luc Lorry

Spécialisée dans la fabrication d'équipements de déneigement et de déglaçage, Machineries Tenco traverse des moments difficiles. Les problèmes ont fait boule de neige ces derniers mois, au point de mettre en péril sa survie.

L’entreprise de Saint-Valérien-de-Milton a un peu plus d’un mois devant elle pour trouver un investisseur ou un acquéreur capable de soutenir ses activités.

Le hic, c’est qu’elle est confrontée à une avalanche de créances et de dettes, ce qui l’a contrainte à se placer sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité à la fin juillet en raison d’un manque de liquidités.Le rapport établi par le syndic Raymond Chabot, dont LE COURRIER a obtenu copie, indique que les ventes de Machineries Tenco ont été affectées par la réduction des budgets gouvernementaux dédiés à l’achat d’équipements, par la crise économique aux États-Unis ainsi que par la force du dollar canadien.La chute des commandes a eu pour impact de nombreuses mises à pied. Selon le quotidien La Voix de L’Est, le nombre d’employés de l’usine de Saint-Valérien est passé de 250 avant la débâcle américaine à 82 aujourd’hui.

Des créances de 27 M$

Selon l’avis et déclaration du séquestre Raymond Chabot, les dettes de Machineries Tenco se chiffraient à 27,9 M$ au 27 juillet dernier.

Les créanciers garantis affichaient des créances de 13,4 M$. C’est la Banque Nationale du Canada qui venait en tête de liste avec un montant de 8,2 M$, suivie de la Banque de développement du Canada avec une créance garantie de 2,5 M$.La liste des créanciers non garantis a de quoi donner le vertige. Elle totalise à elle seule 14,5 M$. Il faut cependant savoir que de ce nombre, un montant de 11,6 M$ est dû à des entreprises liées à Tenco. En conséquence, le manque à gagner nécessaire pour satisfaire quelque 375 fournisseurs externes se chiffre à un peu moins de 3 M$.

Des fournisseurs croisent les doigts

Dans la région, plusieurs fournisseurs de Tenco espèrent vivement que l’entreprise réussira à traverser cette mauvaise passe.

Automation LM, un atelier d’usinage de Sainte-Cécile-de-Milton spécialisé dans la fabrication de produits mécaniques, attend un paiement de 196 000 $, selon la liste des créanciers non garantis produite par Tenco. « Nous ne pouvons pas faire grand-chose pour le moment. Nous allons attendre la suite des événements », a mentionné au COURRIER Alexandre Pigeon, président de l’entreprise.Voisin des Machineries Tenco, l’entreprise Normandin, également spécialisée dans l’usinage de pièces industrielles, croise les doigts pour que son client trouve rapidement des investisseurs. Normandin attend un versement de 135 000 $. Toujours à Saint-Valérien, Tenco doit un montant de 33 000 $ à D.M. Supports.Pour permettre à Tenco de sortir de ce bourbier, le Tribunal lui a octroyé la semaine dernière un délai supplémentaire de 45 jours pour soumettre une proposition viable à ses créanciers non garantis. Dans sa recherche d’un investisseur ou d’un acquéreur qui pourrait entre autres permettre de renflouer le fonds de roulement, un appel d’offres a été effectué par le syndic. L’ouverture des soumissions a eu lieu le 19 août, mais les offres reçues sont toujours sous analyse. Dans l’intervalle, la mise en place de contrôles serrés de la production et de la main-d’oeuvre a été effectuée afin d’assurer le maintien des opérations jusqu’à ce qu’une transaction intervienne.

Le CLD veille

Au CLD Les Maskoutains, on dit travailler sur ce dossier en étroite collaboration avec la direction de Machineries Tenco.

Le directeur général du CLD, Mario De Tilly, mentionne que deux personnes de son équipe suivent l’évolution de la situation. « À part Tenco, les choses se passent plutôt bien dans la région malgré un contexte de crise économique », souligne-t-il. D’après M. De Tilly, « la qualité exceptionnelle de l’entrepreneuriat maskoutain » permet aux entreprises de traverser ces périodes difficiles sans trop d’embûches. Fondée en 1976, Les Machineries Tenco dispose d’un réseau de points de vente de pièces situés à Chicoutimi, Québec et Montréal. Lauréate du Gala des affaires 2007 de la Chambre de commerce et de l’industrie Les Maskoutains dans la catégorie Gestion des ressources humaines, l’entreprise possède également deux filiales spécialisées dans la fabrication et la vente d’équipements situées dans les états de New York et du Vermont. La direction des Machineries Tenco n’a pas retourné nos appels.

image