2 février 2017 - 00:00
Fusillade de Québec
Les musulmans maskoutains éprouvés par la tragédie
Par: Rémi Léonard
Les musulmans maskoutains éprouvés par la tragédie

Les musulmans maskoutains éprouvés par la tragédie

Les musulmans maskoutains éprouvés par la tragédie

Les musulmans maskoutains éprouvés par la tragédie

Lors du passage du COURRIER, lundi, une autopatrouille était postée aux abords du Centre

Lors du passage du COURRIER, lundi, une autopatrouille était postée aux abords du Centre

L’attentat terroriste perpétré le 30 janvier à la mosquée de Sainte-Foy a secoué tout le Québec, y compris Saint-Hyacinthe, où la communauté musulmane tentait encore cette semaine d’assimiler les événements.


Ce soir-là, six personnes sont tombées sous les balles d’Alexandre Bissonnette, 27 ans, étudiant à l’Université Laval et décrit au cours des derniers jours dans les médias comme un jeune homme introverti aux idées bien campées à droite. L’attaque a aussi fait une vingtaine de blessés.

Au lendemain du drame, l’ambiance était très calme au Centre islamique maskoutain (CIM), où une poignée de fidèles étaient venus se recueillir en milieu de journée. L’un d’eux a raconté avoir appris la nouvelle le matin même de sa femme qui lui téléphonait d’Algérie. Troublé, il s’expliquait mal comment quelqu’un pouvait entretenir une telle haine envers les musulmans. « En Algérie, il y a des minorités chrétiennes et on n’a pas ce problème de discrimination », a-t-il évoqué, même si l’attentat de Québec reste pour lui un geste isolé.

L’administration du CIM a pour sa part réagi mercredi en se disant « attristée et sous le choc », mais aussi inquiète des récents événements. Les locaux de Saint-Hyacinthe ont déjà été la cible de vandalisme il y a moins de deux ans. « La communauté musulmane traverse en ce moment une crise sans précédent et se sent menacée par la violence », a témoigné l’organisme.

En contrepartie, le CIM a été touché par tous ceux qui ont exprimé leur solidarité dans les derniers jours. « En ces temps difficiles, ces messages sont grandement appréciés et nous démontrent que ce genre d’actes n’a pas sa place dans notre société », a remercié le CIM.

De son côté, la Maison de la famille des Maskoutains a rencontré mardi les réfugiés syriens arrivés au cours de la dernière année, dont certains depuis à peine plus d’un mois, afin de les rassurer.

Partis d’un pays en guerre pour trouver la paix au Québec, certains ont ressenti une certaine frustration devant ce genre de violence et disent craindre une plus grande discrimination envers les musulmans, a constaté la nouvelle directrice générale de l’organisme, Lizette Flores. « En même temps, voir la réaction positive de la société a fait beaucoup de bien », a-t-elle ajouté, en référence à la mobilisation des Québécois lors de plusieurs vigiles de solidarité et aux déclarations des élus.

Une vigile se tiendra d’ailleurs Saint-Hyacinthe ce samedi à 11 h au parc Casimir-Dessaulles. Il s’agit d’une initiative citoyenne. Une célébration eucharistique spéciale a également eu lieu ce mercredi à la cathédrale de Saint-Hyacinthe en solidarité avec les victimes. 

« L’important, c’est de démontrer notre solidarité et de rejeter la discrimination. Dire que ce n’est pas ça le Québec », a lancé Lizette Flores. Pour la Maison de la famille, qui a le mandat de l’intégration des nouveaux arrivants, le défi sera d’éviter que des actes d’intolérance causent un réflexe de repli chez la communauté musulmane.

Le Centre islamique maskoutain a aussi fait appel aux Maskoutains pour « résister aux amalgames, dénoncer les propos haineux et participer à créer des liens entre nous ». Le centre ouvrira d’ailleurs ses portes à tous ce samedi, entre 16 h et 17 h, en souvenir des victimes de la tragédie. 

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