8 janvier 2015 - 00:00
Les privil��ges des DG
Par: Martin Bourassa

Permettez que nous vous donnions l’heure juste afin de débuter l’année du bon pied. Le Courrier n’est en guerre contre personne, ni aucune organisation. Mais votre journal met un point d’honneur à mettre le nez où bon lui semble, au gré de nos intuitions et parfois d’informations privilégiées.

Rien ni personne n’est à l’abri des questions directes et souvent indiscrètes de nos journalistes, surtout quand ils traitent avec des municipalités, des sociétés paramunicipales ou encore des organismes publics. Nous revendiquons et défendons le droit du public à une information juste et complète.

C’est pour cette raison que nous talonnons ces organisations, questionnons leurs pratiques, leurs décisions, leurs processus de reddition de comptes et leur gouvernance. Certains critiquent notre acharnement, d’autres le louangent.

Le meilleur juge reste toutefois le lecteur. Tout cela pour dire que ces derniers temps, nous avons cru bon revisiter un terreau autrefois fertile en bonnes histoires de gouvernance douteuse, celui du Cégep de Saint-Hyacinthe.

Nos fidèles lecteurs n’auront certes pas oublié les frasques de l’ancienne administration dirigée par Jean Barbeau, de 2004 jusqu’à février 2007 : comptes de dépenses juteux, cartes de crédit en quantité, coûteuse prospection internationale, recrutement d’étudiants étrangers logés et nourris sur le bras du Cégep, etc.

Sept ans plus tard, nous avons voulu vérifier si les bonnes résolutions qui avaient accompagné la sortie de M. Barbeau et surtout la nomination de son successeur, Roger Sylvestre, étaient toujours appliquées avec rigueur.

Nous avons donc obtenu ses contrats d’embauche, ses comptes de dépenses et les notes de frais dans les restaurants où il profite d’un compte ouvert. Pas pour faire de Roger Sylvestre le Mario de Tilly de 2015, rassurez-vous. Simplement pour faire la mise à jour d’une histoire qui, il n’y a pas si longtemps, a fait couler beaucoup d’encre.

Résultat? Il n’y a pas de grand scandale dans les comptes ou le traitement actuel de M. Sylvestre. Et nous écrivons cela sans déception aucune, au contraire.

Nous avons toutefois constaté des faits particuliers et nous en avons fait état à la mi-décembre en soulevant le fait qu’il avait le privilège de profiter aux frais du cégep d’un examen médical annuel en cabinet privé et qu’il mangeait avec assiduité (!) dans les restaurants maskoutains, sous prétexte de réunions de travail ou de représentation.

Il y a certes lieu de s’interroger sur le bien-fondé d’offrir à un dirigeant de collège public des soins de santé au privé, et sur la pertinence de lui donner accès à des comptes ouverts dans quatre ou cinq restaurants. Éthiquement parlant, défrayer l’examen annuel du DG est discutable dans une organisation publique. Autant au Cégep de Saint-Hyacinthe qu’à Loto-Québec. Roger Sylvestre devrait y renoncer de lui-même et aussi prendre la simple habitude d’inclure tous ses repas d’affaires sur ses comptes de dépenses, au vu et au su du président du CA qui doit les approuver.

En 2014 ou 2015, comme l’a fait remarquer avec justesse un ancien président du cégep maskoutain, les privilèges et pratiques d’hier n’ont peut-être plus leur place.

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