2 mai 2013 - 00:00
Carte postale de Maxime Desroches
L’Inde, pays du chaos organisé
Par: Le Courrier

L’Inde, c’est la pluralité. Pluralité des religions, des cultures et des traditions. Du parapente à la méditation, du désert à la mer, il y a en Inde de quoi perdre tous ses repères.

Maxime Desroches a grandi à Lachute dans les Laurentides. Après avoir complété un baccalauréat en communication à l’Université de Montréal, il est atterri dans la salle de rédaction du COURRIER, où il suivi au quotidien les activités des sportifs de la région maskoutaine pendant deux ans.

Puis, l’appel de l’aventure a sonné et pour son tout premier voyage à l’étranger, Maxime n’a pas fait les choses à moitié : direction l’Inde pour 50 jours et 50 nuits! « On voulait être dépaysés, mes amis et moi. Et on l’a été! », confie-t-il, tout juste de retour de cette grande aventure.Pourtant même aux confins de l’Asie, son travail de journaliste sportif ne l’a pas quitté. « Si on veut parler de sport avec les Indiens, on parle de cricket et de hockey… sur gazon! Mais surtout de cricket, legs des Britanniques. Ils sont complètement fous de ce sport. C’est une religion. Par contre, c’est un sport assez compliqué. J’avoue que certains détails m’échappent encore. »De son passage dans le deuxième pays le plus peuplé du monde, Maxime retient les contrastes d’un bout à l’autre du pays – mais aussi d’un côté à l’autre d’une même rue – et ce sentiment de vivre dans un désordre organisé. « Je retiens qu’à travers le chaos, tout fonctionne quand même. Par exemple, nous avons surtout voyagé en train pour passer d’un état à un autre. C’est bondé de monde et complètement chaotique à l’intérieur, mais le train part et arrive à l’heure. C’est la même chose partout. Ils ont trouvé le moyen de faire fonctionner le chaos. » Les Indiens, eux, sont décontractés et accueillants. « Ils sont très relax. Au Québec, ça créerait un malaise de commencer à jaser avec une personne qu’on ne connaît pas du tout, mais en Inde, tout le monde se parle. J’imagine qu’il y a juste tellement de monde que si tu ne parles pas aux étrangers, tu ne parleras jamais à personne. »

Le tour de l’Inde en 50 jours

C’est dans la capitale nationale de Delhi que Maxime et sa bande ont amorcé leur séjour. « C’était complètement dépaysant dans certains quartiers, puis très occidentalisé dans d’autres. Ça ne ressemble pas à une capitale autant qu’à plein de petites villes collées ayant chacune leur propre identité. »

Premier choc, celui du transport dans la foule opaque. « Il ne semble pas y avoir de code de la route. Tout marche avec la règle du klaxon. Coup de klaxon pour signaler qu’on dépasse, coup de klaxon pour signaler qu’on recule. Toute manoeuvre implique nécessairement un coup de klaxon. Et le trafic est infernal. »Pour circuler plus facilement, c’est donc un tuk-tuk qu’il faut héler. La petite voiturette – que l’on démarre en tirant une chaîne comme une vieille tondeuse! – se faufile entre les automobiles, enjambe les trottoirs et fait son chemin dans la foule à toute allure. Une fois acclimatée à sa vie indienne, la bande s’est déplacée vers l’Uttarakhand pour rejoindre la ville de Rishikesh, au pied de l’Himalaya. L’endroit est reconnu pour avoir accueilli les Beatles dans l’un de ses nombreux ashrams, ces lieux de méditation retirés dans la nature. La ville est installée à flanc de montagne de chaque côté du Gange, l’un des fleuves sacrés de l’Inde, qui sillonne le creux de la vallée. « L’eau coule des glaciers de l’Himalaya dans le fleuve. Ça a duré 30 secondes, j’ai grelotté 10 minutes, mais je me suis baigné dans le Gange! », raconte Maxime.Le groupe d’amis a ensuite rejoint l’état du Rajasthan, au nord-ouest, à la frontière avec le Pakistan, pour y visiter Jaipur (la ville rose), Jodhpur (la ville bleue) et Jaisalmer, d’où ils ont mis le cap sur le désert à dos de chameaux.« Chacune des trois villes est surplombée d’une forteresse qui offre un superbe panorama. À Jodhpur, c’est particulièrement beau de voir la ville peinte de bleu. À Jaipur, c’est la brique utilisée dans les constructions qui donne la teinte rosée. »Puis, la bande a fait le détour par la ville d’Agra, dans l’Uttar Pradesh, pour aller à la rencontre du Taj Mahal avant de mettre le cap sur Varanasi, au sud-est. La ville aurait été fondée au VIIe siècle avant J.-C., ce qui en ferait l’un des plus vieux centres habités de toute l’Histoire. Elle est aussi la ville sacrée de l’hindouisme. « C’est une ville dont je ne sais toujours pas quoi penser. On a assisté là-bas à un rituel très important pour les hindous. C’est à cet endroit que les morts sont brûlés sur un bûcher avant que leurs cendres ne soient lancées dans le Gange. » L’eau du fleuve sacrée est réputée purifier de tous les péchés si bien que la ville entière est bordée d’imposants escaliers de pierres qui permettent aux gens de descendre vers l’eau. Hélas, les eaux du Gange sont si polluées à Varanasi qu’elles atteignent l’insalubrité, ce qui ne décourage pas ceux qui ont la foi de s’y submerger… à quelques pas du bûcher. Puis, le groupe a rejoint Calcutta – rebaptisée Kolkata en 2001 – tout à fait à l’est de l’Inde. La ville coloniale a conservé tout son héritage britannique, de l’architecture aux taxis. Ensuite, retour vers la pointe sud-ouest où la bande d’amis a pu profiter des plages de Varkala au bord de la mer d’Arabie. « Au sud, il faisait plus de 40°C en mars, plus l’humidex, alors il n’y a rien d’autre à faire que de profiter de la mer et de se régaler de poissons et de fruits de mer frais au souper. »Le voyage s’est finalement terminé à Mumbai, plus au nord sur la côte ouest. La ville à elle seule compte 32 millions d’habitants, soit un peu moins que la population canadienne tout entière. Capitale financière du pays, la métropole multiplie les gratte-ciel et les tours de bureaux. « En Inde, les riches sont plus riches et les pauvres sont plus pauvres. En plein centre-ville de Mumbai se trouve la maison la plus chère du monde – qui fait 27 étages et qui est évaluée à 1 milliard de dollars -. Son stationnement souterrain peut contenir 500 voitures et il faut 500 employés pour l’entretenir et répondre aux besoins de la famille… de cinq! Et pourtant, quelques rues à côté, il y a encore des gens qui se promènent en carriole avec leur âne. »

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