15 novembre 2018 - 00:00
Fromagerie Agropur de Saint-Damase
L’investissement prévu de 7 M$ redirigé vers Beauceville
Par: Jean-Luc Lorry
Robert Coallier, chef de la direction de la coopérative laitière Agropur. Photo Agropur

Robert Coallier, chef de la direction de la coopérative laitière Agropur. Photo Agropur

Robert Coallier, chef de la direction de la coopérative laitière Agropur. Photo Agropur

Robert Coallier, chef de la direction de la coopérative laitière Agropur. Photo Agropur

La fermeture en avril 2019 de la fromagerie de Saint-Damase, propriété de la coopérative Agropur, profitera largement à une autre usine du géant de l’agroalimentaire québécois situé à Beauceville.


En plus d’augmenter sa production en intégrant les activités de conversion fromagère de l’usine de Saint-Damase, l’usine Agropur de Beauceville bénéficiera de l’investissement de 7 M$ qui était initialement prévu pour la fromagerie de Saint-Damase.

« Un montant de 7 M$ était destiné à l’acquisition de nouvelles technologies pour rendre l’usine de Saint-Damase encore plus polyvalente. On voulait s’assurer que nous pouvions l’opérer à très long terme », indique en entrevue au COURRIER Robert Coallier, chef de la direction d’Agropur.

« Malheureusement, devant l’impossibilité de conclure une entente à long terme [nouveau contrat de travail] avec les employés et afin de respecter les échéanciers avec nos clients, nous avons dû réorienter nos investissements vers d’autres usines », poursuit-il.

L’usine de Beauceville est spécialisée dans la conversion de fromage ainsi que dans la fabrication de beurre.

À la suite de l’annonce le 21 septembre de la fermeture de la fromagerie de Saint-Damase, les 110 salariés (dont 100 travailleurs syndiqués) ont reçu de l’employeur un avis de licenciement collectif.

« Nous sommes conscients de l’impact sur les familles et nous en sommes fort désolés. Présentement, notre but premier est de faire une transition en douceur en respectant tous nos employés », souligne Robert Coallier.

Celui-ci encourage les travailleurs qui seront licenciés à profiter du programme de relocalisation offert par la coopérative laitière. « Les employés pourront postuler dans nos autres usines. Ce n’est jamais des situations que l’on apprécie. »

La haute direction d’Agropur n’a pas encore décidé si elle allait ou non se départir de son usine.

La fabrication des fromages à pâte molle qui se faisait à la fromagerie de Saint-Damase sera transférée à l’usine Agropur de Saint-Hyacinthe.

M. Coallier précise que l’entreprise a investi plus de 25 M$ dans l’expansion et la modernisation de ce centre de production. « Agropur a démontré son engagement très fort dans votre région. »

Lait de chèvre

Alors que les contrats d’approvisionnement en lait de chèvre ont été renouvelés récemment par Saputo et Liberté, la situation est plus complexe chez Agropur en raison de la fermeture planifiée de l’usine de Saint-Damase.

Cette fromagerie transforme environ 1/5 du marché du lait de chèvre produit au Québec.

« Il ne s’agit pas chez nous de s’approvisionner ailleurs puisque nous fermons une usine. Dans notre cas, il faut trouver une autre façon de faire. À ce stade-ci, nous n’avons pas de solution concrète à proposer. Nous sommes encore en phase d’analyse », mentionne Robert Coallier.

Aucun lait diafiltré

Lors de cet entretien accordé au COURRIER, le dirigeant a souhaité corriger le tir à la suite de la publication dans nos pages d’une lettre ouverte de citoyens en réaction à cette fermeture.

Dans cette correspondance adressée à Robert Coallier, les signataires laissaient entendre que les fromages et yogourts d’Agropur étaient fabriqués en grande partie à base de lait diafiltré provenant de l’Ontario ou des États-Unis.

« C’est inexact. Nous n’utilisons pas de lait diafiltré. Nous avons été les premiers à annoncer que l’on fabriquerait nos produits avec du lait 100 % canadien. Nous sommes les seuls qui apposons le logo des PLC (Producteurs Laitiers du Canada) sur nos produits », précise M. Coallier.

En 2017, Agropur a réalisé un chiffre d’affaires de 6,4 milliards de dollars. La coopérative emploie 8 300 employés au Canada et aux États-Unis. 

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