26 mai 2011 - 00:00
Maisons de la rue Girouard (20) : Résidences de commerçants
Par: Le Courrier
Maison Thomas E. Fee

Maison Thomas E. Fee

Maison Thomas E. Fee

Maison Thomas E. Fee

Maison Thomas E. Fee

Maison Thomas E. Fee

Cette résidence située au 2610-2620 Girouard Ouest, soit à l’angle des rues Girouard et Désaulniers, fut érigée à la fin du XIXe siècle pour un marchand de bois du nom de Thomas E. Fee.

En effet, le 16 juin 1897, M. Fee achète du forgeron Louis Palardy un terrain « comprenant quatre-vingt-dix pieds de largeur sur cent quarante-deux pieds de profondeur dans la ligne Ouest et cent cinquante-deux pieds dans la ligne Est… connu et désigné comme étant le lot numéro 362 du cadastre officiel de la paroisse de Saint-Hyacinthe, avec une grange dessus construite. » Il y avait également une boutique de forge sur le terrain puisqu’une clause au contrat indique que le vendeur s’était réservé « le droit d’enlever sa boutique de forge d’ici au 15 juillet prochain et d’y travailler d’ici à son enlèvement. » La maison de deux étages et demi en bois est assurément bâtie en 1899 puisque M. Fee contracte une hypothèque de sept mille dollars de la « Confederation Life Association of Canada » le 27 juillet 1899, et met en garantie l’emplacement « with the two and a half storey wooden house, stable and barns thereon erected. »Une photographie ancienne provenant des archives du Centre d’histoire nous donne une idée de l’apparence de la résidence à l’époque. On y reconnaît facilement le corps de bâtiment principal dont le toit était supporté de consoles, et la tourelle d’angle montant de fond aux murs ornés de bois ouvragé. L’entrée principale était accessible via un perron aux poteaux tournés dont l’auvent ceinturait la maison, faisant office de galerie à l’étage supérieur et sous laquelle prenait place une entrée latérale accessible par une longue volée de marches en diagonale donnant sur la rue Désaulniers. La maison ainsi bâtie, témoignait du courant Queen Anne en vogue à la fin du 19e siècle.Puisqu’il vit dorénavant à Montréal, Thomas E. Fee vend la résidence maskoutaine en 1912 à Joseph Alexandre Ostiguy, marchand de Chambly. Après une vingtaine d’années, soit en 1939, M. Ostiguy la cède à son tour à l’industriel Raoul Lassonde. Ce dernier fera exécuter plusieurs travaux qui modifieront considérablement l’apparence de la maison et en altéreront définitivement l’authenticité.En effet, plusieurs permis de construction sont émis par la municipalité dans les années 1940. En 1940, un premier agrandissement de deux étages de hauteur est construit à l’arrière de la résidence, pour l’aménagement d’une cuisine d’une part, et afin de convertir la maison en trois logements d’autre part, soit un logement au premier étage et deux logements au deuxième. En 1945, il y a ajout d’un solarium et c’est en 1948 que M. Lassonde mandate l’architecte Joseph-Zéphirin Gauthier pour l’aménagement d’un nouveau perron en façade.Cette véranda se compose d’un auvent orné d’un petit fronton surmontant l’entrée principale et supporté de colonnes de pierre massives reliées entre elles par une base de pierres taillées autour d’une ouverture semi-circulaire et d’une balustrade de fer forgé. En 1949, ce même architecte fait les plans pour un agrandissement d’un étage à l’arrière. Au cours de cette décennie, la résidence a sûrement été lambrissée de stucco aux étages supérieurs et ornée de pierre au rez-de-chaussée, matériau de revêtement identique à celui utilisé pour les agrandissements. M. Lassonde sera propriétaire de cette maison jusqu’à son décès en 1987. Il est un industriel maskoutain ayant oeuvré dans le domaine du métal. On trace, en page 113 de « l’Album souvenir Saint-Hyacinthe 1748-1948 », un portrait de son entreprise :« Seul propriétaire de la Tôle Gaufrée Idéale Enrg., M. Lassonde est aujourd’hui le 3e plus important manufacturier de coutellerie au pays. Son industrie date de 1929 et fabrique des coutelleries (Feuille d’Erable), des clous, des ponceaux métalliques, des matériaux de couverture (Coq Gaulois). Le personnel de cet (sic) usine se chiffre à 50 employés. Né à Saint-Hyacinthe le 7 mai 1901, M. Raoul Lassonde fit ses études au Séminaire de Saint-Hyacinthe et à l’École Lalime. Il fut échevin de la cité de Saint-Hyacinthe de 1943 à 1945. »M. Lassonde se présente aussi comme candidat libéral aux élections partielles tenues le 6 juillet 1955 en raison du décès du député Ernest-Joseph Chartier de l’Union Nationale, mais c’est le candidat Pierre-Jacques-François Bousquet de l’Union Nationale qui remporte les élections. Son épouse Juliette, née Lafond, journaliste gastronomique, publia des recettes dans divers médias et livres. Le Centre des arts Juliette-Lassonde de Saint-Hyacinthe porte son nom.

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