12 septembre 2013 - 00:00
Maisons érigées de biais avec les chemins à Sainte-Rosalie
Par: Le Courrier
Carte de la Paroisse de Sainte-Rosalie datant de 1955

Carte de la Paroisse de Sainte-Rosalie datant de 1955

Carte de la Paroisse de Sainte-Rosalie datant de 1955

Carte de la Paroisse de Sainte-Rosalie datant de 1955

Découpage du territoire sous le régime français

Une question souvent posée : pourquoi les maisons sont-elles érigées de biais avec les chemins dans la Paroisse et au Village de Sainte-Rosalie?

Découpage du territoire sous le régime français

Le territoire initial de la Nouvelle-France était morcelé sous forme de seigneuries dont les dimensions étaient exprimées en lieues. À titre d’exemple, la seigneurie concédée aux Jésuites, le 10 mars 1626, mesurait une lieue de largeur sur quatre de longueur. La seigneurie de Saint-Hyacinthe concédée le 23 novembre 1748 sous le nom de Seigneurie de Maska à Pierre-François Rigaud, seigneur de Vaudreuil, mesurait six lieues de front sur six lieues de longueur, dont trois lieues de chaque côté de la rivière Yamaska. Une lieue, mesure française, équivaut à 3.052 milles anglais.

L’orientation des limites latérales des premières seigneuries était à peu près perpendiculaire au Fleuve Saint-Laurent. Cette orientation a été confirmée par un règlement du Conseil Souverain de la Nouvelle-France du 29 janvier 1674 pour l’enregistrement des boussoles des arpenteurs comme suit : « Le Conseil a ordonné et ordonne que les Arpenteurs mettront dans la quinzaine leurs Boussolles et Instruments d’arpentage entre les mains de Martin Boutet, professeur en Mathématiques, pour être par lui égalées, et ce fait, que les dits Arpenteurs poseront quatre bornes sur le rumb du vent nord-est et sud-ouest, et les deux autres sur celui du sud-est et au nord-ouest, dont ils dresseront procès-verbal, duquel ils mettront une expédition au Greffe de la Cour, pour éviter les changements qui pourraient arriver à l’avenir par la variation de l’aimant, lesquels alignements seront continués d’être suivis pour les concessions qui seront conditionnées au nom de Roi sans toutefois ôter la liberté aux Seigneurs particuliers de donner tels alignements qu’ils désireront faire faire sur les terres de leurs fiefs ». Une carte du Québec illustrant les quelque 220 seigneuries concédées sous le régime français nous permet de constater que l’ordonnance de 1674 a été largement observée pour ce qui a trait à l’orientation de leurs limites latérales.

Le découpage du territoire sous le régime anglais

Après la conquête, les autorités anglaises ont délaissé le morcellement du territoire sous forme de seigneuries pour adopter la forme de cantons orientés nord-sud et est-ouest : les cantons de Milton, d’Upton, d’Acton, de Roxton ont été tracés selon cette nouvelle orientation. Les lots à l’intérieur de ces cantons et les chemins ont été orientés parallèlement aux lignes cantonales, soit perpendiculairement les uns aux autres. Par la même occasion, un nouveau système de mesure a été adopté pour établir le contenu des nouveaux lots : c’était le pied anglais et l’âcre au lieu du pied français et l’arpent qui avaient cours dans les seigneuries.

De l’orientation des bâtiments à Sainte-Rosalie

En examinant la carte cadastrale de la Paroisse de Sainte-Rosalie, on peut constater que la limite nord-est du territoire correspond à la limite nord-est de la seigneurie de Saint-Hyacinthe dont l’orientation nord-ouest et sud-est est conforme à celle indiquée dans l’ordonnance du Conseil Souverain de 1674. Quant aux chemins, ils ont été établis selon l’orientation générale de la rivière Yamaska, en respectant une profondeur de trente arpents pour les rangs entre chacun d’eux. L’angle mesuré entre les chemins et les lignes latérales des lots est d’environ 66 degrés.

La coutume d’ériger les bâtiments parallèlement aux latérales de lots, plutôt que perpendiculairement aux chemins comme dans les cantons, peut être observée sur l’ensemble des immeubles de la Paroisse et du Village de Sainte-Rosalie. Sur les fermes, l’ensemble des bâtiments était érigé le long d’un fossé, souvent le fossé du milieu, ce qui favorisait l’égouttement du terrain adjacent, et un alignement régulier des cultures en dehors de l’espace occupé par les bâtiments. Quant aux terrains du Village orientés suivant les limites des fermes dont ils avaient été détachés, leurs faibles dimensions exigeaient que les maisons soient orientées parallèlement aux limites latérales afin de conserver l’espace nécessaire pour l’aménagement des bâtiments secondaires, d’un potager, d’un parterre et autres commodités. En somme, l’érection des maisons de biais avec les chemins à Sainte-Rosalie est le résultat de l’aménagement le plus commode qui pouvait être effectué sur un territoire découpé fidèlement suivant l’orientation ordonnée par Conseil Souverain de la Nouvelle-France en 1674.

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