17 septembre 2015 - 00:00
Marie-Claude Morin en 12 questions
Par: Le Courrier

La carrière politique de la députée ­Marie-Claude Morin tire à sa fin. Celle qui était devenue le 2 mai 2011 la toute première députée du Nouveau Parti démocratique (NPD) à représenter le comté de Saint-Hyacinthe/Bagot aux Communes termine son premier et unique mandat. Il y a déjà un an qu’elle avait annoncé publiquement son intention de ne pas en solliciter un autre. Alors que la campagne ­électorale fait rage en vue des ­élections du 19 octobre, elle prépare tranquillement sa sortie et trace son bilan. Sereine, elle s’est confiée au COURRIER.

Puisque l’annonce de votre ­retrait politique était connue depuis un an déjà, avez-vous ­accueilli le déclenchement des élections comme une délivrance et avec soulagement?

J’ai été plutôt surprise, je dirais. Je trouve ça rapide et je n’éprouve pas de sentiment de délivrance ni de ­soulagement. Au contraire, je trouve que c’est dommage pour mes collègues du Nouveau Parti Démocratique. Je trouve aussi que 11 semaines, c’est beaucoup pour une campagne. C’est une longue procédure. Je suis très ­sereine face à mon retrait, mais je vois ce déclenchement d’élection hâtif ­plutôt avec amertume.

Comment avez-vous vécu cette dernière année? Avez-vous à un moment ou un autre remis en question votre décision?

Non, tout c’est bien passé. C’est la prise de décision qui a été ardue. La ­dernière année a été davantage pour moi une série de dernière fois et d’au revoir. Par exemple lorsque j’ai vécu mon dernier discours en chambre ou encore mon dernier souper spaghetti pour un organisme.

Quel bilan faites-vous au terme de votre mandat?

Il y a plusieurs dossiers que j’aurais aimé régler comme celui du tunnel ­Casavant. Avec le gouvernement en place, disons assez restrictif, c’était ­difficile de faire avancer les dossiers. L’arrivée de nouvelles lois réfrénait ­souvent le processus. Je n’avais pas non plus un bon accueil en chambre.

De quoi êtes-vous le plus fier?

C’est sûr que je suis fière du projet de loi C-400 même s’il n’a pas passé. Je suis fière de mon implication auprès des ­itinérants et aussi de ma participation au comité de la condition féminine. Par contre, je crois que ma plus grande réussite a été de garder mon intégrité tout au long de ces quatre dernières ­années. Je suis fière d’avoir su garder en tête mes principes et de ne pas y avoir dérogé, même si ça n’a pas été facile. J’ai donné tout ce que j’avais et je n’éprouve aucun regret.

Y a-t-il quelque chose qui vous ait déplu ou dont vous ne vous ennuierez pas?

Je ne m’ennuierai pas des votes en chambre qui se prolongeaient ­indéfiniment en soirée. L’administration, la paperasse ne me manquera pas ça c’est sûr! Les tours de garde en chambre ne m’ont pas plu. Passer cinq semaines à Ottawa, je n’aimais pas ça. Je suis une fille de terrain, mon comté c’est Saint-Hyacinthe-Bagot et c’est ici que je me sens bien.

Est-ce que la politique vous a appris quelque chose sur vous-même que vous ne soupçonniez pas?

J’ai dû apprendre à gérer mes ­priorités, en particulier celle qui concerne le temps pour soi et la famille. J’ai dû ­apprendre à vivre avec le fait que je ne suis pas seulement une députée, mais une amie, une conjointe et une fille. Quand on est en politique, on a souvent tendance à faire le vide autour de soi, mais dans la vie ce sont nos proches qui restent. Les citoyens, eux, vont et viennent.

Si c’était à refaire, feriez-vous les choses différemment?

Je le referais, mais, avec un peu moins de candeur et avec des visions plus ­réalistes. J’avais seulement 26 ans lorsque j’ai été élue. J’avais un grand désir d’aider mon prochain au départ. J’étais sur un nuage et j’ai dû en ­descendre rapidement.

Vous avez dû prendre une pause de six mois pour des raisons de santé en cours de mandat, alors comment va la santé aujourd’hui?

Ça va bien! Je suis suivie et je prends ma médication de façon assidue. J’ai vécu cette situation comme un échec, mais ce n’est pas comme ça que je dois le voir. La bipolarité est une maladie comme une autre. J’ai appris à le vivre comme une partie intégrante de ­moi-même. Mon arrêt pour maladie m’a aidée à réfléchir sur le fait que j’ai besoin de stabilité et la politique ne peux pas réellement me l’apporter.

Quels sont vos projets à court et à moyen terme?

J’ai un possible retour à l’école en branle. Je suis ouverte aux nouveaux emplois, mais je ne veux pas accepter n’importe quoi. Je veux également ­laisser le bureau en ordre tel que ­j’aurais voulu qu’il me soit laissé. Je veux prendre le temps de vivre, de me reposer un peu aussi.

Avant de vous lancer en ­politique, vous étiez impliquée activement au sein du milieu communautaire maskoutain? Pourrait-on vous y revoir ou avez-vous envie d’autres défis?

La porte au communautaire n’est pas fermée. Cependant, c’est un milieu qui est exigeant moralement. On doit ­souvent courir pour avoir des ­subventions. Ça prend beaucoup de persévérance. J’ai une admiration sans bornes pour les gens qui oeuvrent dans ce milieu depuis des années.

Si vous aviez un seul conseil à donner à celui ou celle qui vous succèdera le 19 octobre, quel serait-il?

J’ai croisé Brigitte récemment et le conseil que je lui ai donné c’est de ­s’entourer des gens qu’elle aime, au ­travail autant que dans sa vie ­personnelle. Je conseillerais aussi de prendre du temps pour soi et d’être ­présent pour ses proches.

On vous laisse le mot de la fin, alors avez-vous un dernier ­message à l’intention des citoyens du comté?

Je voudrais leur dire que ça a été un honneur de représenter tous les ­citoyens de mon comté. C’est tellement gratifiant. Les gens sont gentils et n’ont cessé de m’encourager. Je me suis ­sentie choyée. Un gros merci!

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